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Actualités - CHRONOLOGIES

Les avocats en grève, aujourd’hui encore

Les avocats ont décidé hier, à l’issue d’une journée mouvementée, de poursuivre leur grève aujourd’hui, vendredi, en signe de protestation contre les arrestations de certains membres de l’opposition qu’ils qualifient d’illégales. Le conseil de l’Ordre de Beyrouth – qui a stigmatisé le comportement brutal de «l’armée et des SR» – devrait se réunir aujourd’hui à 11h afin de définir la politique à adopter à la lumière des résolutions du Conseil des ministres qui s’est tenu hier en fin d’après-midi (voir ci-contre). Les représentants de toutes les forces de l’opposition (Rencontre de Kornet Chehwane, Forum démocratique, PNL, BN, CPL, FL et PC) se sont rassemblés hier au siège de l’Ordre des avocats. Ils sont venus affirmer leur soutien aux personnes arrêtées et dénoncer les méthodes employées par les SR de l’armée et les services de sécurité. Parallèlement à ce qui se déroulait à l’intérieur du Palais de justice, les forces de sécurité, l’armée, les services de renseignements avaient bouclé l’entrée du palais ainsi que tous les axes routiers qui y aboutissaient. Ces mesures avaient pour but d’interdire aux étudiants, aux avocats et à tous les défenseurs des libertés de participer au sit-in pacifique organisé au siège du barreau en signe de protestation contre l’arrestation en début de semaine de plus de deux cents partisans du courant aouniste et des Forces libanaises dissoutes. L’Ordre avait lancé un appel à tous les députés, qui sont également avocats, ainsi qu’aux représentants des forces de l’opposition, leur demandant d’assister à la réunion. Vers 11h, M. Pierre Gemayel, député du Metn, est le premier arrivé. Il est suivi du leader du PNL, Dory Chamoun, ainsi que du député de Batroun, Bourtos Harb, reçus par le bâtonnier Michel Lyan. Le chef du Forum démocratique, l’ancien député Habib Sadek, le Amid du Bloc national, Carlos Eddé, les députés Farid el-Khazen, Farès Boueiz, Nehmetallah Abi Nasr et Antoine Ghanem, ainsi que Douraid Yaghi, vice-président du Parti socialiste progressiste, le chef du parti Solidarité, Émile Rahmé, Youssef Saadallah el-Khoury, ancien président du Conseil d’État et membre influent du Courant patriotique libre (CPL, mouvement aouniste), et Me Ibrahim Kanaan sont également là. Dans la salle des conférences de l’Ordre, le bâtonnier Lyan prononce une brève allocution pour rappeler que «l’Ordre des avocats de Beyrouth a depuis toujours été le bastion de la défense des droits de l’homme et des libertés individuelles et publiques». «Notre combat aujourd’hui nous rappelle les heures glorieuses du barreau», ajoute-t-il. «Le rôle du barreau n’est pas d’intervenir dans la politique, indique Me Lyan, en souhaitant l’établissement d’un État de droit, dont les institutions œuvreraient uniquement dans le cadre de leurs prérogatives». Dehors, les brigades antiémeutes des FSI prennent position autour du Palais de justice. M. Boutros Harb se demande si l’Ordre des avocats a demandé l’autorisation d’organiser cette réunion. «Vont-ils nous interrompre et nous arrêter ?», s’interroge-t-il sous les applaudissements. Il considère que le «Liban ne peut survivre sans la démocratie et les libertés publiques et individuelles». Le député de Batroun déclare : «Nous sommes présents aujourd’hui pour faire échouer un complot qui se tisse contre le système démocratique libanais». Il dénonce «le complot qui vise à transformer le système démocratique libanais en un système policier» et condamne l’arrestation des militants du courant aouniste et des FL. «C’est une atteinte grave aux lois en vigueur et à la Constitution», ajoute-t-il, en appelant tous les avocats «à se porter volontaires pour assurer la défense de ces personnes ainsi que celle des libertés». Vers 11h30, au moment où l’ancien député Habib Sadek s’apprête à prononcer son allocution au nom du Forum démocratique, la foule présente dans la salle proteste contre la présence des FSI aux portes de la salle et à l’intérieur du bâtiment de l’Ordre. Les agents avaient réussi à pénétrer dans l’enceinte du siège de l’Ordre et entrepris de contrôler l’identité des personnes qui entraient ou sortaient de la salle. Des avocats se précipitent vers la porte. Ils sont devancés par l’ancien bâtonnier, Chakib Cortbawi, qui parvient à convaincre les agents de quitter les lieux avant qu’un incident n’éclate. M. Sadek réussit à prononcer son allocution. Il affirme que «le combat d’aujourd’hui est pour la préservation d’un Liban démocratique, unifié et laïque». «Nous défendrons jusqu’à la dernière goutte de notre sang les valeurs qui font le Liban : les libertés, la justice et le respect des droits de l’homme», ajoute-t-il. M. Douraid Yaghi, s’exprimant au nom de M. Walid Joumblatt, leader du PSP et député du Chouf, souligne que «la situation que traverse le pays est critique». Il appelle ceux qui ont prêté serment de respecter la Constitution ainsi que tous les responsables à être vigilants. «Si la Constitution et les lois ne sont pas respectées, le Liban ne pourra pas survivre à cette crise», avertit-il. Le mot de la fin sera prononcé par Me Chakib Cortbawi : «Tous les juristes, les magistrats, les députés, ainsi que les ministres sont conscients que les méthodes employées par les services de sécurité sont contraires aux lois en vigueur». Me Cortbawi appele les juges à ne pas se laisser entraîner dans cette affaire politique. «Protégez-vous et n’acceptez pas la violation des lois», lance-t-il à leur intention. Les personnalités présentes se retirent à midi dans le bureau du bâtonnier pour participer à la réunion du conseil de l’Ordre. Les députés MM. Boutros Harb, Nehmetallah Abi Nasr, Georges Najm, Abdallah Farhat, Farès Boueiz, Farid el-Khazen, Pierre Gemayel, Antoine Ghanem et Serge Torsarkissian sont présents ainsi que les anciens bâtonniers Issam Khoury, Issam Karam, Michel Khattar, Chakib Cortbawi et Antoine Klimos. Les participants à la réunion examinent les infractions commises par les SR lors des arrestations ainsi que les développements des deux derniers jours. La réunion du conseil est interrompue à plusieurs reprises par des avocats qui protestaient contre la brutalité employée par les militaires et les membres des SR à l’entrée du Palais de justice. Les participants à la réunion ont pu voir ainsi un avocat, Ziad Assouad, ainsi que plusieurs autres manifestants, agressés par des agents en civil avant d’être embarqués dans des véhicules militaires. Ils ont vu de même des jeunes manifestants, garçons et filles, roués de coups. Ces scènes n’ont pas manqué de susciter nombre de commentaires au cours de la réunion. Des contacts ont même été effectués avec le procureur général de la République, Adnane Addoum, et le ministre de la Défense, Khalil Hraoui, qui devait d’ailleurs intervenir pour retirer les forces de l’ordre du périmètre du Palais de justice. Plusieurs participants à la réunion n’ont pas manqué de relever que ces jeunes manifestaient de façon pacifique pour la libération de leurs camarades et en faveur du respect des libertés. Ils ont été traités comme des ennemis ou des traîtres.
Les avocats ont décidé hier, à l’issue d’une journée mouvementée, de poursuivre leur grève aujourd’hui, vendredi, en signe de protestation contre les arrestations de certains membres de l’opposition qu’ils qualifient d’illégales. Le conseil de l’Ordre de Beyrouth – qui a stigmatisé le comportement brutal de «l’armée et des SR» – devrait se réunir...