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Actualités - CHRONOLOGIES

RÉPRESSION - Une dizaine de blessés et de nombreuses arrestations - Les SR se déchaînent contre les étudiants

Le sit-in pacifique auquel avait appelé mercredi l’opposition, dans toutes ses composantes, devant le Palais de justice, pour protester contre les atteintes aux libertés publiques et l’arrestation des militants du mouvement aouniste et des Forces libanaises (FL), a donné lieu hier à une répression violente des étudiants par l’armée, avec la participation active des services de renseignements libanais et syriens en civil. Les SR n’ont pas hésité à recourir à la manière (extra) forte, distribuant coups de pied et coups de poing aux étudiants même après leur arrestation, à bord des camions de l’armée. Bilan : une dizaine de blessés et une dizaine de nouvelles arrestations. Les manifestants, quelque 300 partisans du Courant patriotique libre (CPL – aouniste), des FL, du Parti national libéral (PNL) et de la «base» Kataëb, proche de l’ancien président Amine Gemayel, s’étaient rassemblés à partir de 11h devant le Palais de justice, brandissant des drapeaux libanais, sous les yeux des gendarmes et des forces spéciales de l’armée, déployés pour l’occasion. Les multiples barrages de l’armée libanaise, dressés en matinée dans l’ensemble du Beyrouth administratif, ont eu pour résultat le blocage des voies d’accès au Palais de justice, empêchant les groupuscules de gauche et le gros de la base des FL de rejoindre le rassemblement constitué de aounistes, kataëb, FL et PNL et des parents des personnes arrêtées. Ces mesures ont par ailleurs provoqué un embouteillage monstre, bloquant tous les axes de circulation jusqu’à Dora et Jal el-Dib. Vers 12h, une rumeur commence à circuler parmi les étudiants : «Une délégation massive du PSP aurait été bloquée à Kahalé». Une rumeur qui sera toutefois démentie à L’Orient-Le Jour par un responsable de la branche estudiantine du PSP. Tranchant avec l’attitude pacifique des étudiants, parmi lesquels certains portaient des drapeaux du parti Kataëb et d’autres des portraits du général Michel Aoun, une altercation se produit dans la foule, suivie d’une salve d’applaudissements. «Les SR se mêlent à la foule et simulent une dispute entre eux pour donner l’impression qu’il existe des dissensions dans les rangs estudiantins, mais ça ne marche pas», confie une jeune manifestante. Le scénario se répète plusieurs fois, mais les manifestants restent pacifiques, demandant à chaque fois aux fauteurs de troubles «de se calmer et de quitter la foule». Puis commencent à fuser les slogans. Les étudiants réclament d’abord «la libération des personnes enlevées», puis, ils durcissent le ton : «Nous ne voulons que l’armée libanaise au Liban», «La Syrie, dehors», «Ni Est ni Ouest, chrétiens et musulmans unis». Puis les éléments des services de renseignements en civil, postés sur le trottoir avec les photographes, de l’autre côté de la rue, en face des manifestants, se retirent brusquement sur leur droite. Surpris, une partie des étudiants les suivent pour comprendre ce qui se passe. Les autres crient à la diversion. «Ils sont en train de les embarquer et de les tabasser sous les yeux des gendarmes et de l’armée», crie un jeune aouniste, en revenant se mêler à la foule. Mais qui «ils» ? «Des civils. Les SR. Ils ont embarqué certains d’entre nous», répond-il. Un autre renchérit : «L’armée a saisi et détruit le matériel des journalistes qui filmaient les passages à tabac». Parmi ceux-là, le correspondant de l’Associated Press, Hussein Manla. Celui-ci est violemment frappé par un agent de l’ordre en civil, ce qui provoque une réaction de colère chez les manifestants. L’agent de l’ordre «aurait alors exhibé sa carte militaire», selon l’agence al-Markaziya. Un responsable aouniste, prévoyant une réaction encore plus musclée des agents de l’ordre, demande alors aux manifestants de rompre les rangs et de quitter par petits groupes. Il est environ 13h. « Vous n’avez pas honte ? » Une bonne partie des étudiants s’exécutent, empruntant la route qui mène au secteur de Badaro. Ils sont témoins à ce moment précis d’une bagarre entre civils qui se produit de l’autre côté de la route, sur leur gauche cette fois. Des aounistes accourent pour tenter de mettre fin à l’empoignade. Certains tentent de les retenir, criant qu’il s’agit d’une «deuxième diversion des SR». Les aounistes viennent à peine de rejoindre les «civils» qu’ils sont roués de coups. Ils tentent de résister, mais ils sont encerclés par les SR, battus, piétinés et emmenés dans les camions de l’armée, sous les yeux des soldats. Le tout tourne à l’affrontement, provoquant une intervention violente des éléments de l’armée. Laquelle charge les aounistes qui sont battus avec les crosses de fusil et embarqués dans les Reo de l’armée, sous la garde des SR. L’avocat Ziad Assouad est traîné par les SR devant l’entrée du Palais de justice et roué de coups. Il est ensuite embarqué dans un Reo et tabassé par l’armée et les SR. L’un des responsables de la section estudiantine du courant aouniste, Fady Jreissati, tente d’intervenir pacifiquement auprès des militaires, en appelant au calme. Il est à son tour bousculé et frappé par les SR, puis par un soldat avec une crosse de fusil. Il est ensuite embarqué dans un Reo. Une de ses proches assiste, impuissante, à son interpellation. Jreissati, souffrant de blessures légères, sera transporté à l’hôpital. Une femme interpelle l’un des soldats : «Vous n’avez pas honte ? Mon mari dort depuis deux jours en prison. Comment pouvez-vous frapper votre peuple et le traiter de cette manière ?». Le même sort sera réservé à plusieurs jeunes, alors que les soldats se lancent à la poursuite des manifestants, lesquels s’enfuient en courant. Outre Assouad et Jreissati, les personnes interpellées sont : Oussama Dayaa, Mansour Fadel, Chahid Abboud, Farid Khairallah, Joseph Wanniss, Paul Hakim, Élie Saber, Roger Haddad, Charbel Abi Nakhoul et Jimmy Yaghi. D’autres jeunes, Marwan Lahoud, Fady Lteif et Joseph Abou Jaoudé, blessés, ont été transférés à l’Hôtel-Dieu. Lorsque le calme revient, quelques instants plus tard, il ne reste plus qu’un nombre très réduit de manifestants – et beaucoup de soldats de l’armée – pour applaudir les députés Pierre Gemayel et Antoine Ghanem…
Le sit-in pacifique auquel avait appelé mercredi l’opposition, dans toutes ses composantes, devant le Palais de justice, pour protester contre les atteintes aux libertés publiques et l’arrestation des militants du mouvement aouniste et des Forces libanaises (FL), a donné lieu hier à une répression violente des étudiants par l’armée, avec la participation active des...