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Actualités - OPINIONS

L’occasion manquée

Pouvait-on éviter la politisation de la tournée du patriarche Nasrallah Sfeir au Chouf et à Jezzine ? C’est la question que l’on pourrait se poser, au vu de tout ce qui se déroule en ce moment. Pouvait-on espérer que cette visite, à dimension nationale, ne dégénère et ne se transforme en une manifestation partisane ? La question mérite d’être posée, d’autant que l’on avait eu un précédent lors du retour du patriarche maronite des États-Unis et de l’impressionnant accueil qui lui avait été réservé. Accueil désintéressé pour certains, intéressé pour d’autres, qui l’avaient exploité pour faire entendre leurs voix. Ce faisant, ils en avaient faussé quelque peu la portée et l’avaient une première fois dégradé. Le patriarche s’était vu obligé de désavouer ceux qui avaient hué le nom du chef de l’État. Ce qui vient de se passer au Chouf ressemble beaucoup à ce qui s’était passé alors. Une tournée à caractère national, que les uns et les autres ont tenté de récupérer, d’utiliser pour appuyer et conforter leurs positions ou leurs thèses politiques. À petites doses, la chose aurait pu passer. Mais la mesure a été dépassée, obligeant le patriarche à sortir de sa réserve et à désavouer publiquement, devant les caméras, la dégradation de l’accueil que lui réservait Kahalé en manifestation antisyrienne. Certes, il était difficile d’éviter la politisation de la tournée en raison de la stature prise par le patriarche, depuis septembre dernier. En effet, depuis le manifeste du Conseil des évêques maronites réclamant la révision des rapports entre le Liban et la Syrie et un redéploiement de l’armée syrienne, Mgr Sfeir n’est plus seulement le chef religieux d’une communauté, mais un défenseur de l’Indépendance s’exprimant au nom de tous les Libanais. Sa tournée au Chouf ne pouvait donc que revêtir une dimension nationale et dépasser le niveau purement «pastoral» qui lui avait été voulu, et qui est légitime en soi. Ce que les rafles et la répression des forces de l’ordre sont en train de faire, c’est étouffer cette dimension nationale, renfermer son discours indépendantiste dans les étroites limites d’une lutte politique interne. En réprimant les Forces libanaises et les militants aounistes, on détourne l’attention du pays de la dynamique de la réconciliation déclenchée, tout en compromettant les chances d’une réconciliation politique de ces fractions avec le processus de Taëf et en les poussant à être encore plus radicales. Alors qu’en faisant preuve de souplesse, on aurait donné une chance à des groupes aux thèses aussi figées que sont invraisemblables les motifs invoqués pour leur arrestation, d’évoluer en direction de la légalité, tout en respectant l’audience nationale du patriarche Sfeir et en mettant sa modération contagieuse au service des institutions. C’est l’occasion manquée par excellence à laquelle nous assistons. C’est le gâchis, la résurgence de la haine et de la radicalisation. C’est l’impardonnable erreur des autorités publiques.
Pouvait-on éviter la politisation de la tournée du patriarche Nasrallah Sfeir au Chouf et à Jezzine ? C’est la question que l’on pourrait se poser, au vu de tout ce qui se déroule en ce moment. Pouvait-on espérer que cette visite, à dimension nationale, ne dégénère et ne se transforme en une manifestation partisane ? La question mérite d’être posée, d’autant que...