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Actualités - ANALYSES

Sécurité - Interrogations sur les chances objectives d’un solide maintien de la stabilité - Un problème récurrent, la prolifération des permis de port d’arme

Une boulimie incroyable de polémiques. La curiosité, l’intérêt, les passions que suscitent les scandales successifs où les thèmes de contestation s’épuisent vite. Qui parle encore de l’électricité ou même de la présence syrienne ? Comme les politiciens détestent le vide, et que le show must go on, ils s’inventent vite de nouveaux sujets de discussions byzantines. Quand ils n’en trouvent pas, ils ressortent les vieux dossiers. Toujours vivaces, en fait, puisque la plupart des affaires sont classées aussitôt qu’ouvertes ou presque. Ainsi, à l’occasion de la fête de l’armée, il a plu hier à verse. Des éloges de circonstance sur la merveilleuse stabilité sécuritaire dont jouit ce doux pays. Contrastant avec ce bénéfique climat d’autosatisfaction, des bruits inquiets ont recommencé à courir les salons spécialisés dans les jeux de société politique. Certaines personnalités bougonnes, et non des moindres, connues pour leur esprit frondeur antimilitariste, ont distillé de pernicieuses interrogations sur les chances objectives d’un solide maintien de la stabilité, à l’ombre de l’effarante prolifération des armes de poing. Toutes, ou presque, couvertes par des permis de port on ne peut plus légaux. Et cela, malgré le quota sévère établi du temps que M. Ghazi Zeayter était ministre de la Défense et M. Michel Murr ministre de l’Intérieur. Ces contempteurs du système, qui ne sont pas bien nombreux faut-il dire, reconnaissent que, grosso modo, il n’y a pas à se plaindre du côté de la sécurité. Et ajoutent volontiers que l’armée et les FSI ont bien du mérite à cet égard. Mais ne peuvent s’empêcher de souligner qu’après tout, cette sécurité reste la fille non pas seulement d’un État libanais fort, qui reste lui-même en gestation, mais d’un mot d’ordre des décideurs. Appuyé, autre condition nécessaire, par les Américains. Autrement dit, et l’allusion est claire, si par malheur il y avait vraiment de l’eau dans le gaz entre ces deux puissantes parties, il n’est pas certain que le pays resterait calme. Un avis que beaucoup, même parmi les opposants, ne partagent pas. Car une évidence saute aux yeux : aucun des joueurs internationaux ou régionaux, estime la majorité des professionnels, n’a intérêt à abroger la décision commune, prise lors de Taëf, de neutraliser sécuritairement la poudrière libanaise. L’un des indices de cette normalisation réside dans le fait qu’au Parlement des députés appellent à l’abrogation de la peine de mort. Dont, pensent-ils, on n’a plus besoin sur le plan dissuasif. Ils affirment ensuite que dans la perspective de Paris II, l’abolition de la peine de mort aura le meilleur effet sur les Occidentaux, friands de droits de l’homme à leur façon. Mais cette tendance dite miséricordieuse est encore fortement combattue. Les adversaires de ce projet font valoir qu’il rouvrirait la voie à la pratique nocive des vendettas, puisque la mentalité tribale encore fort répandue veut que le sang paie le prix du sang. Et si l’État ne veut plus s’en charger, les clans sont disposés à reprendre leurs traditions. Les mêmes sources ajoutent qu’en outre, sur le plan de la criminalité ordinaire, il est prématuré de lâcher la bride aux assassins lorsqu’il y a tant d’armes dans les mains des gens. Sans compter que, comme l’indiquent du reste des rapports de services sécuritaires, le pays reste infesté de cellules activistes toutes prêtes à se lancer dans des actions subversives, sinon terroristes. Comme cela s’est produit à Denniyé. Sans compter également, retour au cas effroyable de Saïda, la nécessité de prévenir les dangers en provenance de ces îlots d’insécurité que sont les camps palestiniens du Sud. Cependant, objectivement, et indépendamment de toute intime conviction personnelle dans un sens ou dans l’autre, on peut se poser cette question simple : à quoi bon maintenir la peine capitale quand elle n’est jamais appliquée ? On sait, en effet, que le président Sélim Hoss, opposé à cette peine, avait refusé de contresigner les décrets d’exécution. Ce qui avait failli provoquer une crise de pouvoir. Dans la même logique, une autre question également simple : ne vaut-il pas mieux commencer par cette prévention élémentaire qui consiste à supprimer les permis de port d’arme, qui sont encore au nombre de 25 000 pour les seuls pistolets ?
Une boulimie incroyable de polémiques. La curiosité, l’intérêt, les passions que suscitent les scandales successifs où les thèmes de contestation s’épuisent vite. Qui parle encore de l’électricité ou même de la présence syrienne ? Comme les politiciens détestent le vide, et que le show must go on, ils s’inventent vite de nouveaux sujets de discussions byzantines....