Affaire Wazzani : le Liban affirme - qu’il n’a pas de comptes à rendre à Israël

Les sources proches du palais Bustros soulignent que la violente réaction israélienne à l’exploitation des eaux du Wazzani par le Liban s’inscrit dans le sillage d’une véritable opération de harcèlement politico-diplomatique à laquelle se livre l’État hébreu pour «entretenir un climat de tension avec le Liban». Les milieux en question affirment ainsi que l’affaire du pompage du Wazzani soulevée par les responsables israéliens survient après celles des prisonniers libanais détenus en Israël ou de la cassette vidéo filmée par un Casque bleu indien lors de l’enlèvement de trois soldats israéliens par le Hezbollah dans le secteur des fermes de Chebaa, le 7 octobre dernier. L’État hébreu, rappelle-t-on, insiste pour que l’Onu lui livre cette cassette vidéo. Israël a renforcé lundi sa présence armée face au Wazzani, après avoir brandi la menace d’une confrontation en raison de l’augmentation du pompage côté libanais. La réaction israélienne a poussé le représentant personnel du secrétaire général de l’Onu, Staffan de Mistura, à entamer mercredi dernier une enquête sur le débit du cours d’eau du fleuve. M. de Mistura devrait poursuivre son enquête dès son retour d’Europe où il s’est rendu pour ses vacances annuelles. Dans ce contexte, le palais Bustros s’apprête à entreprendre des contacts avec les Nations unies à New York, afin de faire prévaloir le point de vue du Liban dans cette affaire. Il convient d’indiquer à ce propos que le directeur du Conseil du Sud, Kabalan Kabalan, a déclaré mardi que le Liban n’avait pas de comptes à rendre à Israël sur son exploitation des eaux du Wazzani. «Nous allons mettre en place plusieurs projets pour renforcer l’exploitation des eaux du Wazzani et nous n’avons pas de comptes à rendre à Israël», a indiqué à l’AFP M. Kabalan, qui a refusé de donner le volume d’eau exploité par le Liban. «Israël, qui pompe illégalement depuis des années un million et demi de mètres cubes d’eau par an de cette rivière, devrait payer des compensations. C’est sur le vol des eaux libanaises par Israël que l’Onu devrait enquêter», a-t-il dit. Le directeur de la compagnie israélienne des eaux Mekorot, Uri Saguy, s’était alarmé dimanche d’une augmentation du pompage de l’eau du Wazzani, estimant que «de telles pratiques pourraient mener à une confrontation». En dépit des protestations d’Israël, le Liban a obtenu le soutien de l’Onu sur son droit à pomper une partie du Wazzani pour alimenter en eau potable des villages de la région et a commencé ces pompages fin mars. La rivière, qui alimente le Jourdain et le lac de Tibériade, principale réserve en eau douce de l’État hébreu, fournit chaque année près de 100 millions de mètres cubes d’eau.