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Actualités - CHRONOLOGIES

REGARD - L’espace muséal d’Artuel 2001 - Purgatoire

Qu’une foire commerciale comme Artuel 2001 se dote d’un double préambule muséal local et international a de quoi surprendre. Pas au Liban où l’indifférence des autorités étatiques et municipales équivaut à une politique délibérée de déni de musée. L’art plastique est le dernier de leurs soucis. Et bien qu’il soit le beau souci d’un nombre croissant d’amateurs et de collectionneurs, ceux-ci n’ont pas encore atteint, semble-t-il, le niveau de conscience et le sentiment d’urgence requis pour former un comité d’amis d’un musée d’art contemporain, à l’instar de leurs aînés auxquels le musée national est redevable de son existence et d’une bonne partie de ses collections. L’espace muséal d’Artuel 2001 est d’abord le reflet d’une absence flagrante, d’un manque scandaleux, envers d’une incurie et d’une inertie qu’aucun appel, aucune démarche, aucune initiative bien intentionnée n’ont réussi à secouer depuis un demi-siècle. En un sens, c’est peut-être une chance : un musée étatique aurait sans doute vite sombré dans la médiocrité, voire le ridicule, à l’exemple de maintes institutions publiques : le principe d’équilibre confessionnel, incontournable jusqu’à nouvel ordre, y aurait primé toute autre considération. Un musée d’art plastique digne de ce nom ne peut, au Liban, qu’être une entreprise privée dirigée par des professionnels intègres, libres de leurs décisions. La vogue et la vague des privatisations aidant, les autorités dites compétentes pourraient renoncer à leur absurde politique de blocage systématique. D’autant plus qu’elle contredit la flatteuse image de «rayonnement culturel» que le Liban se plaît à donner de lui-même. Espace muséal : de quoi faire mine d’oublier la mercantilisation universelle forcenée de la production artistique : une œuvre ne vaut plus aujourd’hui que par les actes d’achat et de vente qu’elle suscite, abstraction faite de sa valeur artistique propre. D’ailleurs, les critères d’appréciation ne sont devenus tellement déliquescents, arbitraires, voire inexistants ou plutôt improvisables à volonté que pour permettre un perpétuel réamorçage de la «pompe à phynances». Personne ne sait plus ce qu’est une œuvre d’art, surtout pas certains conservateurs de musées d’art contemporain qui gaspillent des fortunes pour acquérir et stocker les œuvres de jeunes inconnus, pas illustres du tout, rien que pour pouvoir les ressortir triomphalement au cas, bien hypothétique, où leurs auteurs émergeaient un jour, à la faveur d’une poussée bien ajustée des professionnels du marché, à la surface du bouillon culturel. En attendant, qu’il se morfondent aux enfers, sans espoir d’accéder au paradis des cimaises muséales. L’espace muséal d’Artuel 2001 ne se prend pas pour un paradis : juste un bref purgatoire préliminaire à toute transaction future du visiteur. Joseph TARRAB P. S. Plusieurs lecteurs m’ont contacté pour exprimer leur approbation de la petite parenthèse dans le «Regard» de samedi dernier L’Orient-Le Jour du 21-07-01 sur «l’horripilant vocable francophonie» ? Il semble que beaucoup soient excédés autant par la chose que par le mot et le battage fait autour. «Je me prenais bêtement pour un sujet parlant le français, et voici que je me retrouve au rayon des objets obsolètes, rossignols de la technologie primitive du siècle passé, mégaphones, gramophones et autres téléphones», bougonne un correspondant. Ce dont acte.
Qu’une foire commerciale comme Artuel 2001 se dote d’un double préambule muséal local et international a de quoi surprendre. Pas au Liban où l’indifférence des autorités étatiques et municipales équivaut à une politique délibérée de déni de musée. L’art plastique est le dernier de leurs soucis. Et bien qu’il soit le beau souci d’un nombre croissant d’amateurs...