Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

ARTUEL - Clôture ce soir, 22h - Un Salon qui se bonifie

Le quatrième Salon d’art contemporain Artuel, qui se tient depuis mercredi dernier à l’hôtel Phoenicia, fermera ses portes ce soir samedi 28 juillet, à 22h. Une édition réussie, selon l’avis unanime des visiteurs. Des vingt-quatre galeries étrangères, dont c’est un véritable plaisir d’admirer les collections, mais aussi des neuf libanaises qui, toutes, ont relevé le côté «plus sérieux et plus professionnel» de cet événement annuel qui se bonifie avec le temps. Pour cette année en effet, un comité s’est chargé de la sélection des exposants et plusieurs candidats se sont vu refuser les cimaises d’Artuel. On déplore toutefois une chose : les collectionneurs et acheteurs libanais continuent d’acheter d’abord étranger… Les galeries Janine Rubeiz et Épreuve d’artiste se partagent l’espace qui sépare l’espace muséal et l’espace commercial. «Parce qu’à la différence d’autres galeries libanaises qui exposent peu ou pas du tout d’artistes locaux, nous ne représentons que le Liban», indique Nadine Begdache (galerie Janine Rubeiz). «Nous avons reçu beaucoup de visiteurs intéressants», dit-elle. Une réserve : l’installation d’une telle manifestation dans un hôtel. «Il faut faire avec l’architecture des lieux, les marbres de couleurs différentes, les toiles et objets qu’on ne peut pas bouger… Esthétiquement, une salle d’exposition doit être dépouillée», dit-elle. Nadine Begdache a choisi le thème du paysage et montre le travail de peintres de différentes générations. Des toiles qui vont du figuratif à l’abstrait, de 1930 à 2001. Des pièces choisies, de collection, de Aref Rayess, Chafic Abboud, Yvette Achkar, Hanibal Srouji, Saliba Doueyhi, Youssef Hoayek… Toutefois, on est agréablement surpris de découvrir de nouvelles facettes d’artistes connus dont on ne connaissait qu’un seul style. Quant au coin jeunesse, il regroupe les peintures d’une poignée d’artistes de 35-45 ans. Reste le même vieux problème du collectionneur et du client libanais «qui n’est pas éduqué comme les étrangers qui, eux, se concentrent sur un, deux, trois artistes et s’“accrochent” pour qu’un jour leur collection acquière de la valeur», souligne Nadine Begdache. «Les musées américains achètent et stockent des œuvres d’art pendant des années en attendant le succès des artistes. Les Allemands n’achètent qu’allemand ; les Anglais n’achètent qu’anglais, tandis que les Libanais achètent d’abord étranger et ensuite libanais. Il faut combattre cela et résoudre ce problème de complexe. Notre peinture, lorsqu’elle est bien choisie, est connue et reconnue à l’étranger. Elle est sans aucun doute du niveau international, comme l’ont prouvé les dernières ventes de Sotheby’s. Si nous ne soutenons pas nous-mêmes notre peinture – l’État comme le privé –, personne ne la soutiendra jamais», conclut-elle. La propriétaire d’Épreuve d’artiste, Amale Traboulsi, expose quatre générations d’artistes à travers lesquelles on peut voir «la diversité de la peinture libanaise et les différentes influences que la plupart des peintres libanais ont ramenées de l’étranger» : Élie Kanaan, «le doyen», et Nada Saïkali, qui ont fait leurs études en France ; Chawki Chamoun, qui a travaillé aux États-Unis, et Rima Amyuni qui s’est spécialisée à Londres. À ces quatre artistes viennent s’ajouter trois artistes plus contemporains, «de la génération actuelle, de la guerre» : Tania Bakarian, Rafic Majzoub et Youssef Aoun. Amale Traboulsi regrette que le public libanais se précipite vers les galeries étrangères. «Nous y retrouvons des acheteurs que nous n’avons plus revu chez nous depuis longtemps. Cela est peut-être normal parce qu’ils découvrent de nouveaux artistes mais, malheureusement, ce ne sont pas toujours des choses de qualité qu’ils achètent». Lotti Adaïmi (Kulturgalerie) participe à Artuel depuis quatre ans et expose ses créations récentes. «C’est à chaque fois une occasion de découvrir de nouveaux peintres, des galeries, des styles», dit-elle. «C’est aussi pour moi un test. Cela me permet de voir la réaction du public, parce que je suis en train de jumeler de plus en plus profondément l’art moderne occidental avec l’art oriental. J’essaye de tirer de ce dernier, qui est statique et éternel, de nouvelles possibilités. De donner à l’art décoratif une vie moderne et de nouvelles expressions. C’est pour moi un thème infini. Avec mon tempérament spontané, j’introduis une écriture moderne, des brisures, des coupures, des couleurs, bref, une inquiétude moderne». Diversité et qualité La Kulturgalerie offre également des œuvres originales de Yolande Labaki «qui ont une histoire en deux temps». Elles se présentent sous la forme de boîtes où un élément se détache toujours de la toile de fond. Des formes et des couleurs étranges qui attirent le visiteur. En 1991, Yolande Labaki retrouve des diapositives de son voyage de noces, qui lui inspirent une série de toiles abstraites qu’elle peint dans la douleur. Quelques années plus tard, elle redécouvre par hasard «ce passé négatif» qui lui «crache au visage». Elle prend des ciseaux et décide de reconstruire… «Ces œuvres sont et veulent être un message d’espoir», affirme-t-elle. La galerie Aïda Cherfan Fine Art signe aujourd’hui sa première participation à Artuel. Elle présente six artistes italiens, français et libanais. Giampaolo Talani peint surtout des portraits, dans un style figuratif. Ses couleurs sont paisibles et sa peinture très attachante. Giorgio Milani – surnommé le peintre de la mémoire et des souvenirs – fait des assemblages à partir de vieilles lettres d’imprimerie récupérées. Cela donne des œuvres étonnantes de créativité, notamment des hommages à Gutenberg et à Chopin. Georges Mazilu est Francais d’origine roumaine. Sa peinture, au sujet «un peu médiéval», se caractérise par une grande transparence lumineuse. Jean-Pierre Ceytaire est un dessinateur de talent qui a beaucoup d’humour. Les peintures petit format de Jeanne Lorioz rappellent Botéro, «mais dans le thème uniquement, pas dans la technique». Enfin, Hussein Madi, dont on retrouve quelques sculptures et quelques acryliques. Pour Aïda Cherfane, «si les visiteurs apprécient, cela me suffit en ce moment de crise que traverse le pays. Je sais maintenant que les choses se passent à long terme. Les gens achètent rarement aux vernissages. Ils ont besoin de réfléchir, de laisser mûrir l’idée. Puis ils reviennent. C’est un procédé très lent, et il faut du souffle». Et de l’optimisme, dont elle ne manque pas, et qui fait plaisir à voir. Elo Herguelian, de la galerie Noah’s Ark, présente trois artistes de 35-40 ans ; deux peintres et un sculpteur. Le surréaliste Vahram qui n’est plus à présenter au public libanais ; l’orientaliste Madoulian au pinceau et à la vision modernes et le sculpteur libanais Aghassi, spécialisé en Italie, qui travaille «à même le marbre, comme Rodin». «Artuel, cette année, c’est encore mieux que les années précédentes», dit-elle, «à tous les niveaux, même à celui du public, qui est plus averti. Nous pouvons être fiers de notre peinture qui rivalise avec les plus grandes du monde». Claude Andraos, de la galerie Compagnie des arts, relève «l’homogénéité du Salon, qui présente des œuvres de qualité». Pour sa part, elle dévoile le travail du Grec Yannis Kottis. Souvenirs d’enfance (vélos, pompes à eau) ; images d’une Méditerranée belle, ensoleillée, aux paysages typiques et généreux (la mer, un oranger, un olivier, un marin faisant une sieste). La peinture de Kottis, entre rêve et réalité, est chargée d’émotions que l’artiste exprime à travers un jeu de compositions où la matière est tantôt lisse, tantôt épaisse.
Le quatrième Salon d’art contemporain Artuel, qui se tient depuis mercredi dernier à l’hôtel Phoenicia, fermera ses portes ce soir samedi 28 juillet, à 22h. Une édition réussie, selon l’avis unanime des visiteurs. Des vingt-quatre galeries étrangères, dont c’est un véritable plaisir d’admirer les collections, mais aussi des neuf libanaises qui, toutes, ont relevé le...