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Actualités - INTERVIEWS

Rencontre - Le plus célèbre DJ « ambianceur » du monde, ce soir à la Marina (Dbayé) - Claude Challe, « éveilleur de conscience »

Il est plus connu que la jet-set qui ne peut plus vivre sans lui. Plus une soirée de milliardaire ne peut raisonnablement être mitonnée sans sa touche personnelle. Ses disques s’arrachent comme des petits pains : Claude Challe est le phénomène du moment et, oh surprise, Beyrouth l’accueille ce soir, pour une nuit dont il a le secret. Rencontre express. Réveillé frais et dispos tard dans l’après-midi, Claude Challe, 56 ans, a une vitalité que même l’humidité ambiante de la capitale n’arrive pas à émousser. Bronzé, habillé en blanc de haut en bas, des cheveux poivre et sel qu’il ne dissimule même pas, un regard laserisé et un sourire de dévoreur de belle vie, il se souvient des quatre grandes dates de sa vie : «D’abord ma naissance, en Tunisie, le 24 décembre 1945», répond-il en riant. «J’ai eu très jeune les rythmes orientaux dans le sang, aidé par mes parents qui adoraient ça». Puis mai 68 : «C’est à cette époque capitale dans mon existence que j’ai vécu dans une communauté hippie, où j’ai appris à délaisser l’apparence pour l’essence». Troisième jalon, la création de la boîte parisienne mythique, les «Bains-Douches» : «C’était un endroit très chargé historiquement», poursuit-il. «En faisant mes recherches, j’ai appris que l’endroit avait été créé par Proust, homosexuel notoire qui matait discrètement, en compagnie de son amant, les maraîchers des halles, de grands costauds, prendre leur bain. Plus tard, l’endroit a servi à une cérémonie religieuse juive : les femmes “goy” qui se convertissaient au judaïsme étaient plongées dans les bassins d’eau par le rabbin, en signe de purification». Enfin, 1996, date de la création du «Buddha Bar», toujours à Paris, et son entrée dans le monde exclusif de la musique, sa musique. Spiritualité Claude Challe est un touche-à-tout à l’intuition toujours juste : avant de devenir l’«ambianceur» intercontinental que l’on connaît, qui mélange avec un art consommé techno, opéra, disco et rythmes indiens ou orientaux, il a travaillé dans la mode où il a recherché, là aussi, le nouveau, «ce que personne n’a encore jamais vu». «On m’a souvent demandé quels sont les 10 disques que j’emporterais avec moi sur une île déserte», ajoute-t-il. «Je réponds toujours la même chose : le dernier album pressé». Mais, évidemment, le «sound designer» – comme l’appellent ses disciples anglo-saxons – ne se saisit pas de n’importe quelle nouveauté : «Depuis que j’ai renoncé, à l’adolescence, au vœu de ma famille qui voulait faire de moi un rabbin, j’ai obstinément repoussé les dogmes et traqué la spiritualité». Claude Challe s’est beaucoup promené à travers le monde dans le seul but de «réveiller sa conscience» et, tant qu’à faire, celle des autres. C’est dans cet esprit que sont nées les compilations «Lover Dose», «Flying Carpet», «Buddha Bar» et «Nirvana Lounge». « BoBo » Et il vit, depuis cinq ans, entre deux avions, répondant aux invitations les plus folles, les plus étonnantes : «Une de mes dernières soirées se déroulait sur une île grecque, dans un amphithéâtre au coucher du soleil, dans lequel les invités étaient tous habillés en blanc», se souvient-il, enthousiasmé. «C’est un décor irréel qui inspire des foules de choses». Et puis, il y a d’autres nuits qui réservent des surprises de taille : «Je devais mixer dans une boîte de nuit pour milliardaire en Italie, qui s’appelait, comble de mauvais goût, «Le Millionnaire», raconte-t-il en riant. «Je ne l’ai su qu’après. En plus, je suis toujours gêné à l’idée de n’avoir devant moi qu’une élite. J’aime que les gens se rencontrent et se mélangent». Claude Challe, un BoBo («bourgeois bohème») ? «Pourquoi pas», répond-il, toujours jovial. «J’ai lu le livre et je me suis bien retrouvé dans le prototype». Et il ajoute : «J’ai constamment été entouré de personnel parce que j’aime lancer mes idées sans prendre de responsabilités. Pour ce genre de choses, je passe la main tout de suite». La mission Dans les mois qui suivent, Claude Challe, qui délaisse définitivement ses activités d’ambianceur globe-trotter, aura sûrement besoin de collaborateurs. Après l’ouverture, aux Halles de son restaurant «Le Centre-ville» et la création de sa propre maison de production, il installe, en décembre 2001, son «Nirvana Lounge» dans les anciens locaux de la «Villa Barclay», la boîte branchée de l’avenue Matignon. «Je me lance aussi dans la production de jeunes artistes dès septembre prochain», poursuit-il. Pour une des rares fois, le Liban tient, dans le genre, un véritable événement musical et pourra être content d’avoir invité Claude Challe dans sa panoplie de super-animateur. «J’arrête parce que je suis arrivé au sommet», confie-t-il. «Et comme je ne le fais pas pour l’argent, je préfère aller m’amuser ailleurs». L’homme, qui ne se déplace pas sans 2000 disques au minimum et qui aime «avoir de l’espace pour travailler» se qualifie aussi d’«éveilleur de conscience» : «Si, avec ma musique, les gens entrent en transe et se rapprochent d’une certaine spiritualité, je ne demande rien d’autre». Eux non plus, Monsieur Challe.
Il est plus connu que la jet-set qui ne peut plus vivre sans lui. Plus une soirée de milliardaire ne peut raisonnablement être mitonnée sans sa touche personnelle. Ses disques s’arrachent comme des petits pains : Claude Challe est le phénomène du moment et, oh surprise, Beyrouth l’accueille ce soir, pour une nuit dont il a le secret. Rencontre express. Réveillé frais et...