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Actualités - REPORTAGES

La guerre du Liban

Après la fondation de l’État d’Israël, en 1948, l’afflux au Liban de plus de trois cent cinquante mille Palestiniens à 90 % musulmans sunnites a déséquilibré le fragile équilibre communautaire de ce pays. S’il est vrai que cet apport de population a doté le Liban, pendant sa période de croissance économique et sociale, d’une main-d’œuvre bon marché, il est également vrai qu’après la défaite arabe de 1967 et les événements sanglants de Jordanie en 1970, les Palestiniens du Liban se radicalisent au contact de leurs frères chassés de Jordanie. Muselés dans tous les pays arabes du Proche et du Moyen-Orient, les Palestiniens du Liban obligent le gouvernement à se plier à leurs exigences face à une communauté chrétienne peu préparée à l’affrontement. Ils réussissent à travailler les éléments musulmans du pays en jouant sur les contradictions et les antagonismes religieux, discréditant l’opposition chrétienne en brandissant des slogans les dénonçant comme traîtres à la cause arabe et partisans d’Israël. La première crise grave entre le gouvernement libanais et la résistance palestinienne éclate en 1969. Ces affrontements conduisent à la signature des accords du Caire, qui accordent aux Palestiniens armés la région frontalière sud jouxtant le nord d’Israël. Ils y créent une sorte de no man’s land ou Fateh land, dans lequel la population locale subit les représailles d’Israël à chaque acte de guérilla des Palestiniens. Ces derniers tentent alors d’atteindre la capitale, jouant de plus en plus sur les antagonismes confessionnels. Ils prennent progressivement possession de la région musulmane de Beyrouth, en avivant les revendications musulmanes. Lassée par les provocations, la communauté chrétienne commence à s’armer, soutenue parfois par les services secrets des puissances étrangères acquises à la cause d’Israël. Le Liban semble condamné à devenir le champ de bataille du conflit israëlo-palestinien. Il suffit d’une étincelle pour faire sauter cette poudrière. Le 13 avril 1975, un autobus rempli de Palestiniens passe en plein cœur de la banlieue chrétienne de Beyrouth et déclenche une fusillade ; les miliciens locaux ripostent. Le lendemain, toute la ville est bouclée, et un climat de terreur règne, qui va se répandre à tout le Liban pendant plus de quinze ans. Si tous les pays arabes directement concernés par le problème israélo-palestinien ont trouvé au début leur compte dans cette guerre en se débarrassant sur le Liban de tous les éléments incontrôlables, la Syrie est le seul pays à intervenir dans le conflit, soufflant le chaud et le froid en maintenant entre les belligérants un savant équilibre qui ne laisse à aucun d’eux la possibilité de prendre un avantage décisif sur l’autre. Cette guerre contrôlée lui permet d’avoir la haute main sur le terrorisme palestinien et de tenir à l’œil les chrétiens, qu’elle aide de temps en temps pour les empêcher de s’allier au camp israélien. Elle peut ainsi négocier avec les États-Unis et l’URSS une solution de son propre conflit avec Israël, jouant à sa manière la carte de la guerre du Liban.
Après la fondation de l’État d’Israël, en 1948, l’afflux au Liban de plus de trois cent cinquante mille Palestiniens à 90 % musulmans sunnites a déséquilibré le fragile équilibre communautaire de ce pays. S’il est vrai que cet apport de population a doté le Liban, pendant sa période de croissance économique et sociale, d’une main-d’œuvre bon marché, il est...