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Actualités - REPORTAGES

HISTOIRE - De la fondation de la Ligue arabe à l’évacuation des troupes étrangères - La consécration internationale après l’accès à l’indépendance -

L’indépendance du Liban avait été reconnue par plusieurs nations qui, depuis la proclamation du 26 novembre 1941, maintenaient des envoyés plénipotentiaires à Beyrouth. À partir du 22 novembre 1943, les États arabes (Égypte, Irak, Arabie séoudite, Yémen) reconnaissent cette indépendance, suivis de l’Union soviétique et de nombreux autres pays de tous les continents. Deux documents diplomatiques interarabes viennent consacrer la solidarité du Liban avec les nations voisines et le respect de celles-ci à l’égard de l’entité libanaise : le Protocole d’Alexandrie (7 octobre 1944), qui prévoit la création de la Ligue des États arabes, et le pacte du Caire (22 mars 1945) qui entérine la fondation de la Ligue. Au cours des discussions qui président à l’élaboration du Protocole d’Alexandrie, le Premier ministre irakien présente un projet d’unité arabe qui prétend supprimer les nationalités existantes et concède un régime particulier aux seuls maronites du Liban. Riad el-Solh menace de se retirer si un tel projet est mis en discussion et rappelle que la présence de la délégation libanaise à la conférence interarabe est le résultat d’un compromis intérieur impliquant l’abandon du protectorat étranger en échange du respect par les Arabes de l’indépendance et de l’intégrité territoriale du Liban. Finalement, dans une annexe au protocole d’Alexandrie, les signataires (Arabie séoudite, Égypte, Irak, Liban, Syrie, Transjordanie, Yémen) s’engagent à respecter l’indépendance du Liban dans ses frontières actuelles. Par ailleurs, au cours des négociations du Caire, le ministre libanais des Affaires étrangères soutient la nécessité de respecter la pleine souveraineté des États appelés à s’associer dans la Ligue. Cette fermeté de la délégation libanaise, soutenue par le Premier ministre égyptien Nokrachi Pacha, n’est pas sans influencer la rédaction finale du pacte de la Ligue : dans son préambule, celui-ci proclame en effet son «respect de l’indépendance et de la souveraineté des États membres», tandis que l’article 7 rend obligatoires aux seuls États qui les acceptent les décisions du conseil de la Ligue et que l’article 8 spécifie que «tout État membre s’engage à respecter le régime établi dans les autres États membres en le considérant comme un droit exclusif de chaque État». Ces dispositions, aussi longtemps qu’elles seront respectées, permettront aux États arabes de collaborer, au sein du nouvel organisme, dans un climat de confiance réciproque et de bonne harmonie. Épilogue Le 18 mai 1945, soit quelques jours après la reddition de l’Allemagne, le dernier délégué général de la France au Liban, le général Beynet, propose au gouvernement d’entreprendre des négociations en vue de la conclusion d’un traité entre les deux pays. Mais ce traité, dont le Liban avait lui-même sollicité la conclusion en 1936 afin de mettre fin au mandat, n’a plus de raison d’être après son rejet par les Chambres françaises et du fait même de l’abolition du mandat et de l’indépendance désormais reconnue du Liban. Dès le 14 octobre 1944, à propos des consultations sur l’unité arabe, le président du Conseil, Riad el-Solh, avait solennellement déclaré à la Chambre des députés que les représentants du Liban se rendaient à la conférence de la Paix «libres de tout lien». En mais 1945, la réponse du gouvernement libanais aux propositions du général Beynet ne fait que confirmer l’attitude de Riad el-Solh. Le 22 mai, le ministre des Affaires étrangères déclare cette proposition «incompatible avec nos engagements envers les puissances qui ont reconnu notre indépendance». Entre-temps, le Liban, la Syrie et les autres États indépendants de la région ont participé à la conférence de San Francisco qui devait donner lieu à la fondation de l’Organisation des Nations unies (Onu). Enfin, le 23 mars 1946, la France s’engage à évacuer ses troupes du Liban au plus tard le 31 août de la même année. Les Britanniques, qui avaient pénétré dans le pays en 1941 par suite des opérations de guerre, se sont pour leur part engagés à se retirer au plus tard le 30 juin. C’est ainsi qu’au dernier jour de l’année 1946, à Nahr el-Kalb, le chef de l’État, Béchara el-Khoury, procède solennellement à la découverte d’une stèle en marbre qui rappelle que «le 31 décembre 1946 s’est achevée l’évacuation complète du Liban par toutes les troupes étrangères». Cette liquidation des dernières séquelles du mandat dissipe, du jour au lendemain et comme par enchantement, le malaise qui pesait depuis quelques années sur les relations franco-libanaises. Une cordialité croissante se fait jour désormais, dont bénéficient les échanges commerciaux et les relations culturelles entre les deux pays. L’amitié retrouvée permet de réaliser rétrospectivement à quel point le mandat, avec toutes ses ambiguïtés, vérifiait la phrase historique du comte de Cavour : «Les questions non résolues sont sans pitié pour le repos des peuples». L’heureux épilogue de la question libanaise prouve aussi, une fois de plus, que les relations internationales fondées sur le respect de la volonté des peuples à disposer d’eux-mêmes et sur une clarté réciproque sont garantes de la tranquillité des nations et de l’amitié entre les États. Sans doute beaucoup de problèmes ont-ils surgi depuis l’indépendance, qui attendent encore leur solution. Tel est le cas notamment du confessionnalisme, qui a souvent entravé le fonctionnement normal des institutions et favorisé, chez de nombreux Libanais, une fâcheuse propension à réagir aux événements, surtout extérieurs, selon un point de vue qui peut différer d’une communauté à l’autre – mettant ainsi à rude épreuve les dons d’«équilibristes» des dirigeants responsables. Aussi l’abolition du régime confessionnel, quoique très difficile à mettre au point, est-elle heureusement réclamée, de plus en plus, de diverses parts. Déjà, dans sa déclaration-pacte du 7 octobre 1943, Riad el-Solh appelait de tous ses vœux le moment où il pourrait être mis fin au confessionnalisme et prenait l’engagement d’en hâter la venue. Sur le plan extérieur, la question de la Palestine n’a pas cessé de troubler l’ordre social, économique et politique des pays arabes, leurs rapports avec l’Occident et les relations interarabes. La présence sur le territoire libanais de très nombreux réfugiés palestiniens est une source de préoccupation constante. Rétrospectivement, la longue histoire du Liban fait apparaître trois périodes phares. Au cours de la première, de 1585 à 1843, les divers éléments de la nation (surtout maronites et druzes) coopérèrent dans la lutte contre la Sublime porte, sous la direction politique d’émirs d’origine arabe indifféremment musulmans ou chrétiens. Dans un deuxième temps, de 1861 à 1915, le Liban, très réduit territorialement, ne conserve de ses territoires que ceux où les chrétiens sont majoritaires, ce dont souffrira son économie et son développement. Enfin, par l’agrandissement de 1920, le Liban retrouve son visage mixte, et la coopération renouvelée lui permet de devenir indépendant et souverain en 1943 et d’assurer sa stabilité et son évolution. Le plus sûr garant de la pérennité du Liban aura donc toujours été, en dépit des nombreux troubles, l’union intérieure, qui offre au monde l’exemple rare et réconfortant d’une féconde collaboration entre des hommes ou des groupes professant des religions diverses mais conscients de leur appartenance à une même patrie. Fort de son système démocratique et libéral, le Liban est devenu après 1946 une oasis de paix et un paradis fiscal, surtout pour les monarchies et les émirats du Golfe. Cette prospérité factice et facile par certains côtés a cependant beaucoup contribué à la déstabilisation du pays : après l’indépendance, les dirigeants ont souvent dû composer en aliénant petit à petit leur liberté de décision à des forces étrangères. Le Liban était devenu en 1975, à la veille de la guerre qui le divisa pendant plus de quinze ans, une machine infernale que la première étincelle allait faire exploser. Depuis 1989, de nouveaux textes régissant la vie communautaire des Libanais de toutes les confessions ont vu enfin le jour. Le Liban se remet lentement de ces années de folie meurtrière. Le canon s’est tu, il est vrai, mais beaucoup de problèmes politiques et sociaux restent sans solutions. Il faut signaler cependant qu’un important effort de reconstruction et de modernisation des infrastructures a été entrepris dès les premières années du mandat d’Élias Hraoui (élu en novembre 1989). Parmi tous les projets mis en chantier par son gouvernement, la restauration de Beyrouth reste le plus important et le plus spectaculaire. À la fin du mandat du président Élias Hraoui en novembre1998, le Parlement, réuni en séance plénière, élit à la première magistrature le général Émile Lahoud, commandant en chef de l’armée libanaise.
L’indépendance du Liban avait été reconnue par plusieurs nations qui, depuis la proclamation du 26 novembre 1941, maintenaient des envoyés plénipotentiaires à Beyrouth. À partir du 22 novembre 1943, les États arabes (Égypte, Irak, Arabie séoudite, Yémen) reconnaissent cette indépendance, suivis de l’Union soviétique et de nombreux autres pays de tous les continents....