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Actualités - REPORTAGES

ÉVASION – Cent mille sites à l’image des civilisations qui se sont succédé en Jordanie - Le Liban, une des cibles du tourisme jordanien

La terre des Nabatéens (ancien peuple sémitique d’Arabie) – la Jordanie – s’est découvert une nouvelle vocation. Depuis 1996, elle s’efforce de promouvoir, aux quatre coins du monde, l’aspect culturel, touristique et religieux du pays. Et pour cause ! Avec ses quelque cent mille sites archéologiques – dont trente-cinq mille inscrits sur la liste du patrimoine – elle emporte le touriste dans le temps et le parachute 1,2 million d’années avant Jésus-Christ dans l’Âge de pierre. Elle le conduit vers l’Empire ottoman, en passant par les époques assyrienne, égyptienne, byzantine et romaine. Elle l’amène sur les pas des prophètes et lui présente une diversité de climat, de paysages, de cultures et de modes de vie. La Jordanie, ce merveilleux amalgame d’antique et de moderne, est un exemple vivant des civilisations qui s’y sont succédé. Après avoir conquis les marchés de l’Europe de l’Est, de l’Amérique du Nord et du Golfe, c’est vers le Liban que la Jordanie se tourne. «Bien que nous soyons voisins, nous avons remarqué que les Libanais ignorent tout de notre pays», déplore M. Marwan Khoury, directeur général de l’Association jordanienne du tourisme (le Jordan Tourism Board – JTB), qui a invité un groupe de journalistes libanais à effectuer un voyage de six jours dans son pays. «Malheureusement, c’est notre faute car, à l’instar des autres pays, nous avons commencé par attirer les étrangers, oubliant même l’existence de nos voisins», reconnaît-il. L’intérêt que porte la Jordanie au Liban n’est toutefois pas soudain ou nouveau, puisque «nous participons depuis plusieurs années déjà aux événements internationaux organisés au Liban, notamment le Salon arabe du tourisme et des tours opérateurs “Awtte”», affirme M. Khoury. «L’aube du nouveau millénaire», tel est le slogan adopté par le JTB dans la campagne qu’il a lancée voici cinq ans déjà pour faire connaître au monde le vrai visage de la Jordanie. Un pays qui fascine par ses contrastes et ses diversités climatiques : le nord du pays est recouvert de verdure et d’arbres, alors qu’au sud les déserts se prolongent jusqu’à l’infini. Un pays où le passage d’une zone majestueuse et séduisante à une autre pauvre et modeste se fait en quelques minutes, où les sites religieux chrétiens et islamiques sont en totale harmonie et où l’hospitalité ne peut être comparée qu’à celle du peuple libanais. Douze et demi pour cent du PIB «En 1996, les secteurs public et privé ont élaboré une stratégie complète visant à encourager et à développer le tourisme dans notre pays, explique M. Khoury. Cela a nécessité la création, en 1998, d’un bureau commun aux deux secteurs (le JTB), dont la mission principale est d’établir des plans de marketing et d’étudier les marchés étrangers afin de mieux promouvoir notre produit». Ce bureau bénéficie d’une autonomie et d’une grande marge de manœuvre sur le plan administratif, bien que son financement soit assuré à 75 % par le gouvernement. «La Jordanie est un grand musée, poursuit le directeur général du JTB. Malheureusement, sa géopolitique continue d’inquiéter l’opinion publique à cause des frontières avec Israël et la Palestine. Relater la vérité représente un défi que nous relevons au quotidien. Nous ne sommes pas au cœur de ce qui se passe dans la région, mais nous n’en sommes pas moins un État indépendant et sûr qui n’a rien à voir avec les problèmes israélo-palestiniens. Depuis la proclamation du royaume en 1949, aucun touriste n’a été agressé». Conscients de l’importance que revêt le tourisme pour l’économie du pays – le secteur du tourisme assure actuellement 12,5 % du PIB (l’équivalent de 52 millions de dollars par an), occupant ainsi la deuxième place après les industries chimiques lourdes, telles que le phosphate et le ciment – les responsables de l’Association jordanienne du tourisme n’ont pas hésité à ouvrir des bureaux à l’étranger. «Il ne suffit pas de participer aux expositions ou d’organiser des fêtes pour se faire connaître, souligne M. Khoury. Nous devons être présents dans les pays que nous essayons d’attirer». Dans cette optique, sept bureaux relevant du JTB ont été créés en Europe de l’Ouest, un bureau en Amérique du Nord et plusieurs autres dans les pays du Golfe. «De plus, nous organisons des tours à l’intention des journalistes des différents pays (plus de cinq cents journalistes ont déjà été invités en Jordanie depuis le déclenchement de l’Intifada, en septembre 2000), ainsi que des sessions de formation à l’intention des employés des agences de voyages et des tours opérateurs». Des projets de coopération Quelle place occupe le Liban dans cette stratégie d’expansion touristique ? «Le Liban est au cœur de nos préoccupations, répond M. Khoury. Nous avons déjà initié, l’an dernier, une campagne publicitaire dans les différents médias de votre pays et nous espérons pouvoir y fonder un bureau permanent. En attendant, nous continuerons à participer au Salon du tourisme. Nous comptons, par ailleurs, organiser, vers la fin de l’année en cours, une semaine jordanienne au Liban». Existe-t-il un projet de coopération entre la Jordanie et le Liban sur le plan touristique ? «Les responsables libanais nous ont demandé de fonder une association similaire. Mais avec tous les changements qui se sont opérés au sein du gouvernement, nous en sommes toujours au stade des négociations», indique-t-il. Et entre le Liban, la Jordanie et la Syrie ? «Le projet de coopération existe uniquement sur le papier, précise M. Khoury. Un tel projet ne peut voir le jour que si les ministres du Tourisme cessent d’intervenir. Nous sommes prêts à coopérer avec les pays voisins en ce qui concerne l’organisation de tours à l’intention des étrangers qui désirent visiter toute la région. Malheureusement, certaines parties semblent réticentes à une telle initiative». Malgré la crise économique et la situation politique dans la région, les chiffres affichés par le secteur touristique pour les six premiers mois de cette année sont de loin supérieurs à ceux de l’an 1999. Toutefois, le tourisme a atteint un seuil en l’an 2000 (il a largement dépassé les 1,7 million de personnes) avec la visite du pape Jean-Paul II. En effet, cette année-là, le nombre des touristes européens a augmenté de 35 %, celui des Américains de 25 % et celui des Arabes de 8 %. L’initiative prise par la Jordanie est considérée comme exemplaire aux yeux de l’Organisation internationale du tourisme (OIT). Une initiative qui, il faut l’espérer, aura un effet boule de neige, notamment dans un pays, le nôtre, qui aspire tant à retrouver sa place sur la carte du tourisme.
La terre des Nabatéens (ancien peuple sémitique d’Arabie) – la Jordanie – s’est découvert une nouvelle vocation. Depuis 1996, elle s’efforce de promouvoir, aux quatre coins du monde, l’aspect culturel, touristique et religieux du pays. Et pour cause ! Avec ses quelque cent mille sites archéologiques – dont trente-cinq mille inscrits sur la liste du patrimoine – elle...