PALÉOSISMOLOGIE - Une étude scientifique sur les secousses telluriques à travers l’histoire - La faille de Yammouné a déjà provoqué cinq grands tremblements de terre au Liban

Une étude menée par des équipes française et libanaise sur la faille de Yammouné, la première qui revêt un caractère aussi scientifique, a montré que les séismes qui peuvent être provoqués par la mise en mouvement de cette faille seraient de magnitude 7 et plus sur l’échelle de Richter. Il a été également établi que la faille géologique de Yammouné est la plus active au Liban. Ces équipes sont chargées d’étudier de plus près cette faille importante (qui traverse le Liban de l’extrême nord à l’extrême-sud) afin d’être en mesure de prévoir d’éventuels futurs mouvements du site. Le but ultime de cette opération est de promouvoir les mesures de prévention antisismiques (particulièrement dans la construction) et de mettre un terme aux spéculations qui courent au sujet de cette faille principale. La campagne sur le terrain menée par les équipes a duré deux semaines au mois de juin. Un groupe de scientifiques du centre de géophysique, relié au Conseil national de recherche scientifique libanais (CNRSL), s’est associé à l’équipe du Pr Paul Tapponnier de l’Institut de géophysique de Paris, dans l’objectif de mener des recherches dans le village de Yammouné (Békaa). La discipline s’appelle paléosismologie et consiste à remonter le temps pour obtenir, en observant la faille aujourd’hui, des informations sur les séismes historiques. L’étude a réussi à confirmer, jusqu’à présent, que la faille de Yammouné est la plus active au Liban. Elle a en effet déjà causé cinq grands tremblements de terre qui ont laissé des traces très visibles sur le site de l’étude, à des époques étalées sur des milliers d’années. À la lumière de cette découverte, l’équipe libano-française continuera d’effectuer des analyses sur les échantillons prélevés pour déterminer avec plus de précision la date des séismes dont les traces ont été observées et leur magnitude. D’autres fouilles devront être menées ultérieurement. Pourquoi déterminer avec autant d’exactitude la date et la magnitude des séismes passés ? Ces précisions sont indispensables aux scientifiques s’ils veulent prévoir le futur mouvement de la faille et connaître, à l’avenir, l’époque à laquelle la faille sera de nouveau mûre pour un mouvement de grande ampleur. Ces conclusions auxquelles sont arrivées les équipes libanaise et française ont une incidence non négligeable aux niveaux local, régional et même mondial, vu les caractéristiques spéciales dont jouit le site. De telles études n’avaient jusque-là été menées que sur la faille de Saint-Andreas à San Francisco (Californie). Ce projet est exécuté avec l’appui du Programme de coopération scientifique à l’ambassade française, du programme de coopération scientifique libano-français CEDRE et du CNRSL. Le travail sur le terrain a été effectué par l’équipe du Pr Paul Tapponnier en coopération avec le directeur du centre de géophysique du CNRSL, Alexandre Sursock, avec la participation d’Éric Jacques et de Mathieu Daëron de France, et de Ata Élias et Antoine Charbel du Liban. Séismes historiques et récents au Liban Le tableau ci-dessous comporte une récapitulation des principaux séismes dans la région depuis l’an 1350 avant Jésus-Christ jusqu’à tout dernièrement (1992) Localisation Liban côtier Liban côtier Liban côtier Liban côtier Liban côtier Liban côtier Liban côtier Liban côtier Vallée de la Békaa Vallée de la Békaa Levant Vallée de la Békaa Levant Levant Sud de la Békaa Vallée de la Békaa Levant Liban Près de Beyrouth Liban-Nord