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Actualités - INTERVIEWS

Interview - L’ancien député se déchaîne contre la classe politique et réclame - le retrait syrien - Pour Najah Wakim, le dialogue actuel est vicié à la base

Najah Wakim n’a rien perdu de sa verve et de son panache. S’il n’a plus l’occasion de faire des interventions passionnées au Parlement depuis les dernières législatives, l’ancien député de Beyrouth possède toujours son franc-parler, qu’il a mis au service d’un projet, celui du Rassemblement national pour le salut (RNS), variante de Kornet Chehwane (KC) et du Forum démocratique (FD). Variante ? Non. Najah Wakim refuse de parler de «dialogue» en évoquant les documents de KC et du FD. «Ces documents ne comportent rien de nouveau. Ils me rappellent les débats d’antan entre les chefs de communautés au Liban, cheikh Pierre (Gemayel), Saëb Salam, Kamal Joumblatt. Leur dialogue était aussi compris comme étant intercommunautaire. Ils en sont venus aux armes. Qu’est-ce qui me garantit que cela ne va pas se répéter aujourd’hui ?», demande-t-il. Pour Najah Wakim, ce qu’on appelle le dialogue est «un mensonge» derrière lequel se cache le confessionnalisme. Or, du point de vue du RNS, le confessionnalisme «a empêché la formation de la nation libanaise». «Le dialogue doit se faire entre strates sociales, et doit porter sur un nouveau système politique libanais», souligne-t-il. Que pense-t-il dans cette optique des positions du patriarche Sfeir ? «Il a le droit de faire de la politique, mais pas en tant que prélat. Personne ne l’a délégué pour parler au nom des chrétiens». Ne pense-t-il pas pourtant que Mgr Sfeir a exprimé les aspirations d’une communauté en proie à une crise de représentation sur la scène politique ? «La crise touche tout le monde, et pour cause, le confessionnalisme ne produit plus que des trisomiques, des analphabètes, des criminels, des menteurs et des voleurs. C’est eux les responsables de la déchéance du pays». Certes, mais il y a des revendications types côté chrétien - le retour de Michel Aoun, la libération de Geagea, le retrait syrien - que Mgr Sfeir a exprimées, non ? «La base de ces revendications reste confessionnelle, et son résultat pourrait être une guerre civile. Geagea a envoyé quelqu’un pour me tuer avec ma famille. Je n’ai pas porté plainte contre lui, parce que je sais qu’il n’est pas entré en prison pour ses crimes. Sinon, pourquoi Nabih Berry et Walid Joumblatt sont toujours en liberté ? Je ne réclame pas la libération de Geagea, mais l’incarcération de tous les autres». Et Aoun ? «C’est différent. Il n’est ni un criminel de guerre, ni un voleur comme ils le prétendent. C’est eux les voleurs. Il est possible de dialoguer avec lui, mais j’en veux à son courant d’avoir pris une coloration confessionnelle à travers ses alliances». Najah Wakim ne mâche pas ses mots vis-à-vis du Premier ministre Rafic Hariri : «Il a financé les milices durant la guerre, a guidé le pays à la banqueroute et est accusé de multiples vols». Ses rapports avec Amal sont les mêmes qu’avec tout parti confessionnel : «Il n’y a aucun espoir pour le Liban avec Amal», lance-t-il. Il note toutefois qu’avec le Hezbollah, c’est différent, «parce que ce parti ne s’est pas impliqué dans la guerre civile». La Syrie doit se retirer du Liban Et de poursuivre, au sujet de la Syrie : «Je suis témoin des agissements de la politique syrienne qui constituent une atteinte à la souveraineté et à la loi libanaise». Il attaque au passage les propos de Walid Joumblatt sur le redéploiement syrien qu’il perçoit comme de la surenchère : «On oublie que, quand toutes les milices ont remis leurs armes à l’État, il avait déclaré qu’il ne remettrait les armes de son parti qu’à l’armée syrienne». Il dénonce ensuite l’intervention des services de renseignements syriens et libanais dans la vie politique libanaise, qui a eu pour effet «de stabiliser la pire classe politique, un groupe de voleurs, que le Liban ait jamais connue». Il affirme qu’il est pour un retrait de l’armée syrienne au Liban, en rappelant les conditions de la présence de cette armée au Liban, à savoir l’accord de Taëf, un «accord par lequel l’Amérique a loué le Liban à la Syrie». «Le Liban doit sortir de cette équation. Il faut qu’il y ait deux États souverains pour qu’on puisse parler de rééquilibrage, ce qui est impossible avec la classe politique actuelle. Le recouvrement de la souveraineté passe par un renouveau du système politique libanais. Mais la Syrie n’est pas la seule concernée. Les États-Unis décident de la politique monétaire du Liban. Le convoi de l’ambassadeur US n’est-il pas en soi une atteinte à la souveraineté du Liban ?», demande-t-il. Puis Najah Wakim parle de l’avenir. Un avenir noir, digne des grandes tragédies classiques. «Nous avions montré depuis 1992, chiffres à l’appui, que le Liban courait à la banqueroute. C’est fait. La classe politique tente aujourd’hui de transformer la crise socio-économique en conflit confessionnel pour s’en laver les mains», dit-il, en donnant l’exemple de la MEA. «Le taux de chômage va grimper, l’augmentation des impôts de 40 %, tout cela va provoquer une explosion. La dette publique a atteint 30 milliards de dollars, les autres chiffres sont tous faux. La privatisation n’est pas un remède-miracle». Et il continue, chiffres à l’appui, à dresser un constat affligeant. «La solution, c’est de créer un bloc national pour lutter contre cette classe politique et c’est l’objectif du RNS», souligne-t-il. Il n’écarte pas l’option de la désobéissance civile, si la situation continue d’empirer : «Tous les moyens sont protégés par la Constitution, sauf le choix des armes». Le voit-il se profiler à l’horizon ? «La classe politique va essayer de fomenter une guerre pour ne pas assumer la responsabilité de la situation. Des crimes obscurs vont être commis et la discorde va régner. Pour que le peuple ne l’envoie pas en prison, la classe politique va essayer de nous mener au cimetière», conclut-il.
Najah Wakim n’a rien perdu de sa verve et de son panache. S’il n’a plus l’occasion de faire des interventions passionnées au Parlement depuis les dernières législatives, l’ancien député de Beyrouth possède toujours son franc-parler, qu’il a mis au service d’un projet, celui du Rassemblement national pour le salut (RNS), variante de Kornet Chehwane (KC) et du Forum...