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Actualités - ANALYSES

Priorité absolue au dossier économique, tranche Baabda

L’indice est de taille, si l’on songe à Chebaa : selon des sources informées, le président Émile Lahoud juge désormais que la situation économique du pays doit seule retenir l’attention, et les efforts, du gouvernement comme des différentes composantes de la scène politique locale. Dans la nouvelle analyse loyaliste, les récents développements à caractère socio-économique prouvent amplement la nécessité d’accorder une priorité absolue à ce problème. Qui risque de provoquer de redoutables secousses, de déstabiliser le pays et de balayer au passage tous les autres dossiers. Dès lors, le régime appuie à fond, sans réserve mentale, le plan de redressement gouvernemental. En espérant qu’il débouchera sur de véritables solutions de fond et non sur de simples palliatifs. Cette détermination met du baume au cœur du président du Conseil. Qui se montre lui-même d’autant plus résolu qu’à l’en croire, la situation économique du Liban n’a rien de désespéré. M. Hariri rejette même le qualificatif de «grave» automatiquement apposé à l’état d’un patient dont le déficit budgétaire et l’endettement battent tous les records. Il veut bien concéder que le problème est sérieux mais se hâte de préciser que les chances de le surmonter lui paraissent considérables. À condition que les Libanais, gouvernement et Parlement compris, unissent leurs efforts pour se tirer ensemble du pétrin. La responsabilité doit donc, ajoute M. Hariri, être largement partagée, le cabinet ne pouvant la porter seul sur ses épaules. Une précision nécessaire sans doute, mais un peu inquiétante. Dans la mesure où l’on ne se défausse généralement d’une responsabilité, ou d’un mérite, que dans la perspective d’un échec. Cependant, on peut comprendre M. Hariri quand il fustige les campagnes de dénigrement acharnées que ses détracteurs continuent à mener sur le plan économique. Une attitude qu’il juge bien plus néfaste à la confiance dont ce pays a besoin qu’à son propre statut de leader politique. Selon le président du Conseil, la hargne de ses contempteurs atteint un tel degré qu’ils n’hésiteraient pas à inonder le marché et les salons politico-économiques de fausses rumeurs aussi tendancieuses qu’alarmistes. Pour lui, c’est un coup de couteau porté dans le dos du pays autant que du pouvoir, enfin uni autour de la nécessité de sauvetage. Ces crocs-en-jambe dont parlent les haririens viseraient en premier lieu le dossier, politiquement brûlant, de la réforme administrative, vue sous l’angle du dégraissage d’abord, des prochaines nominations ensuite. En effet, les services publics, infestés de clientélisme, constituent traditionnellement pour les pôles locaux une assise essentielle d’influence électorale ou socio - politique. Avec, souvent, de juteuses retombées d’ordre matériel, via la corruption ou l’obtention de privilèges, que facilite la présence dans la place d’agents à soi que l’on a fait recruter par l’État. Cependant, en marge de ces turpitudes classiques, nombre de politiciens se demandent si le gouvernement ne se débat pas d’une façon un peu brouillonne dans le marigot économique. Ils pensent que les responsables, qui se veulent pragmatiques, agissent au coup par coup, un peu impulsivement, là où il faudrait un modus operandi rationnel. C’est-à-dire un plan quinquennal ou même décennal en règle. Et qui serait dûment rendu public, longuement expliqué aux Libanais, afin que ces derniers sachent où va le pays et quels sacrifices ils doivent consentir au juste. En d’autres termes, les «mesures pénibles et nécessaires», les ponctions dont on ne cesse de les menacer, ne doivent plus s’égrener comme de mauvaises «surprises du jour», mais être identifiées d’avance. Ce qui du reste, soulignent ces sages, permettrait au gouvernement de ne plus avoir à reculer, de ne plus faire de concessions, comme ce fut le cas pour la MEA, pour l’électricité, pour le haschisch ou pour le mazout, sous l’effet du mécontentement populaire. Pour que le redressement s’effectue à coup sûr, il faut rouler régulièrement, en évitant les cahots. Sans clarté, sans transparence, sans communication, sans vision cohérente, scientifique, du dossier, la détermination n’est qu’un mot creux, disent ces personnalités indépendantes. Qui déplorent, par ailleurs, la surprenante controverse suscitée par le rapport du Fonds monétaire international, présenté par les uns comme un satisfecit et par les autres comme un avertissement au gouvernement en place. Selon ces sources, il ne s’agit ni de l’un ni de l’autre, mais d’un constat objectif. Destiné à encourager le Liban à maîtriser progressivement son déficit budgétaire, en comprimant ses dépenses improductives, en assainissant ses finances et son administration. Sans quoi, d’ailleurs, il ne pourrait pas y avoir de privatisations. Le même rapport du FMI laisse clairement entendre que la stabilité socio-politique, la coopération de tous sont nécessaires. Abondant dans le même sens, le président Nabih Berry fait montre aujourd’hui des meilleures dispositions et il trouve même insuffisant le plan de redressement gouvernemental. Le chef du Législatif est d’autant plus empressé qu’à son avis, le pays est dans une situation financière effectivement «grave». Il précise qu’il ne lance pas le mot pour inquiéter ou pour faire peur, mais parce qu’il faut mettre l’accent sur la nécessité d’agir en profondeur. Soulignant ensuite que du fait de ses difficultés, le Liban connaît un fort mouvement d’émigration, qui affaiblit encore ses défenses.
L’indice est de taille, si l’on songe à Chebaa : selon des sources informées, le président Émile Lahoud juge désormais que la situation économique du pays doit seule retenir l’attention, et les efforts, du gouvernement comme des différentes composantes de la scène politique locale. Dans la nouvelle analyse loyaliste, les récents développements à caractère...