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Actualités - CHRONOLOGIES

Les officiels lèvent l’équivoque - L’or, un patrimoine « intangible mais fructifiable »

Le silence est d’or. Ou, si l’on préfère, beaucoup de bruit pour rien. Cette soudaine fièvre du métal jaune qui enflamme les esprits «découle d’un malentendu, indique un responsable. Il ne s’agit pas de brader l’or du Liban. Mais de le faire fructifier, comme tout autre bien domanial meuble ou immeuble. Nous ne devons pas continuer à en faire une belle au bois dormant. La loi frigo de 1986 doit être amendée. Afin que ce capital nous rapporte des intérêts. Par des opérations swap» (échanges à termes). Qui pourraient donner, selon les spécialistes, quelque 350 millions de dollars par an. Mais la brusque éruption aurifère a provoqué de bien fâcheux effets d’annonce. Venant après l’audit du Fonds monétaire international, jugé sévère, elle a semé l’inquiétude au niveau de l’opinion. Et donné du Liban l’image d’un pays financièrement aux abois. « Il est maladroit, juge en conséquence un député membre de la commission des Finances, de laisser un tel sujet affleurer en surface. Certes, la situation économique et financière n’est pas des plus réjouissantes. Mais elle n’est pas désespérée, tant s’en faut, et nous sommes même sur une pente ascendante. C’est nuire gravement au Liban que de faire courir des estimations alarmistes, qui affectent la confiance.» Un point de vue que partage le président du Conseil, M. Rafic Hariri. Qui, même en privé, souligne que le pays connaît une passe difficile, mais qu’il va en sortir, et s’en sortir. Grâce au traitement en cours. Les loyalistes, évoquant l’audit de terrain rendu par la délégation du FMI, affirment que c’est là «une simple étude d’approche. Un constat objectif, qui contient donc des remarques négatives et des observations positives. Il ne faut pas y voir un verdict. C’est en octobre que le Fonds doit établir son rapport officiel». Une réaction un peu tardive : avant la divulgation des grandes lignes de l’audit, le même camp avait laissé entendre qu’il constituait un véritable satisfecit décerné au gouvernement Hariri. Au-delà de cet épisode, plutôt anecdotique, le chef du gouvernement a couru chez le président Chirac, aussitôt terminé le sommet du G8 à Gênes. Pour voir un peu si on avait plus ou moins évoqué le cas libanais. Mais surtout pour une relance pressante au sujet d’un Paris II que l’on dit maintenant compromis. Pour en revenir à la question de l’heure, et de l’or, il convient de souligner la concordance de vues entre le groupe de quinze députés qui comptent réclamer la révision de la loi de 1986 et le gouverneur de la Banque centrale, M. Riad Salamé. Qui n’hésite pas à soutenir que l’or est la propriété de la Banque (qui est la propriété de qui?) et que cette loi de 86 est tout bonnement anticonstitutionnelle ! M. Salamé précise cependant tout de suite que l’or ne sera pas vendu, mais rentabilisé par des gages, des placements. Cette prise de position, alliée donc au projet de motion parlementaire, a provoqué une onde de choc dans les milieux économiques aussi bien que politiques. Dont beaucoup de pôles jugent le moment bien mal choisi, et relèvent que ses retombées sur le plan psychologique peuvent être néfastes. Surtout que la Chambre s’engage dans une séance de deux jours qui peut donner lieu, sur cette question de l’or, à un débat passionné susceptible d’aggraver la confusion. Et l’inquiétude des Libanais, déjà englués dans un été socio-économique pourri. À la tête des pôles qui stigmatisent la démarche du gouverneur de la Banque centrale comme des parlementaires qui parlent d’or (si on peut dire), on trouve aussi bien le président Hussein Husseini que le président Nabih Berry. Le premier souligne le rôle de symbole catalyseur de confiance dévolu à l’or par la loi de 86. Et le deuxième laisse entendre que la Chambre ne devrait pas en discuter cette semaine. Ajoutant que la loi de 86, qui établit l’intangibilité de l’or, est elle-même intouchable. M. Berry ajoute que cette position de principe est commandée par de multiples impératifs et il répète qu’il n’existe pas de tendance au changement. Mais alors, le gouvernement aurait-il commis un impair et le gouverneur de la Banque centrale un faux pas? «Peut-être pas, répond un économiste. La Banque mondiale, le Fonds monétaire international et les Occidentaux posent des conditions déterminées, en vue de Paris II. Ils mettent donc la pression sur le gouvernement libanais. Qui se tourne à son tour vers les milieux locaux concernés, économiques aussi bien que politiques, pour leur faire sentir que la responsabilité doit être partagée. Leur rappeler que des mesures impopulaires doivent être prises et que tous les acteurs sur la scène publique doivent aider le pouvoir. À travers ce ballon d’essai de l’or, l’Exécutif tente d’étaler sur le Législatif comme sur la société civile une partie de la pression qu’il subit». Explication ingénieuse. Mais qui ouvre la voie à cette question toute simple : est-ce que les expériences, peu réussies, de la MEA, de l’EDL et du haschisch n’ont pas convaincu le gouvernement qu’il court à l’émeute populaire s’il devait prendre un surcroît de mesures d’austérité, ou d’augmentation d’impôts ? Et est-ce qu’il ne préfère pas utiliser la carte de l’or? Pour le gager sinon pour le vendre.
Le silence est d’or. Ou, si l’on préfère, beaucoup de bruit pour rien. Cette soudaine fièvre du métal jaune qui enflamme les esprits «découle d’un malentendu, indique un responsable. Il ne s’agit pas de brader l’or du Liban. Mais de le faire fructifier, comme tout autre bien domanial meuble ou immeuble. Nous ne devons pas continuer à en faire une belle au bois dormant....