correspondance - Retrouvailles franco-québécoises - à Poitiers et La Rochelle

Paris – de Mirèse AKAR Premières du genre, des «Rencontres franco-québécoises sur les lieux de mémoire communs» auront lieu du 26 au 30 septembre prochain à Poitiers et La Rochelle, et l’ordre du jour annoncé permet déjà d’augurer qu’elles seront passionnantes. Français et ressortissants de la Belle Province sont à parité dans la commission qui les organise et qui s’occupe déjà de rameuter des participants, mais on peut gager que ce sont plutôt les seconds qui ont pris l’initiative de ces studieuses retrouvailles. Car ils ont l’obsession de leurs origines chevillées au cœur et, en matière de défense du français, leur patrimoine culturel de toujours, font preuve d’une vigilance propre à servir d’exemple – ou même, devrait-on dire, de leçon ! – aux locuteurs hexagonaux qui, quant à eux, opteraient plutôt pour le laisser-aller. «L’immigrant migrant » Plus de vingt communications d’universitaires et d’historiens, deux tables rondes, cinq ateliers : le programme sera copieux et bien des thèmes choisis promettent d’apporter des informations pointues. Ainsi, à La Rochelle, «port canadien», sera-t-il questions, entre autres, de l’émigration au 17e siècle des habitants de l’île de Ré et de la reproduction de leurs modèles sociaux dans ce qu’en appelait alors la Nouvelle-France. Mais aussi de l’introduction et de la diffusion là-bas du cartésianisme, parmi d’autres mouvements d’idées, du poids de la présence huguenote aux 17e et 18e siècles, ou des chemins empruntés pour s’enraciner dans son pays d’adoption par celui qui est subtilement défini comme «l’immigrant migrant». Une place sera également faite au mythique coureur des bois ou plutôt, s’il s’agit de le dire avec l’accent, à ce «coureux d’bois» du pays qui a donné en français le terme de foresterie. Ne seront évidemment pas négligés les «patois et français régionaux en Nouvelle-France» où la langue fut en effet enrichie et fécondée par les parlers locaux de colons venus, pour la plupart d’entre eux, de Normandie et du Poitou. Ce thème fournira sans doute un prétexte pour reparler d’un gros ouvrage illustré qui est une véritable somme : Le français au Québec, quatre cents ans d’histoire et de vie, paru cette année (éditions Fides et Publications du Québec). Pas moins de quatre-vingts spécialistes y évoquent, dans une fresque où se côtoient, parmi d’autres disciplines, histoire, sociologie, littérature, politique, droit et démographie, la prodigieuse épopée de cette langue dans un pays où elle est devenue le fondement de l’identité collective.