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Actualités - CHRONOLOGIES

NOUVEAUTÉ CD - « Coma », de Rabih Aouad and Friends, édité au Liban - Un joli pied de nez à la musique dite commerciale

«Je pourrai chanter l’amour pendant 60 ans, cela ne servira pas à grand-chose». Rabih Aouad est du genre qui se révolte, met le doigt là où le bât blesse, dénonce la torpeur, l’indifférence ambiante. Intitulé «Coma» (Forward productions), le premier opus de ce jeune musicien compositeur autodidacte est une œuvre neurasthénique et mélancolique. Privilégiant les tessitures sonores et les fines mélodies, la musique intimiste et répétitive nous fait songer au jazz oriental de Ziad Rahbani et demande ainsi une écoute attentive et concentrée. Rabih Aouad revendique également des influences telles que : Divine comedy pour le côté classique ; Tom Waits, le «prince de la mélancolie», pour le côté lounge jazz et polka vaudevillesque ; et le jazz pop de Paolo Conte… Réservé, Rabih Awad se révélera au fur et à mesure de l’interview. Une timidité loin d’être maladive, qui démontre que le musicien préfère définitivement la musique aux mots. On ne peut lui en tenir rigueur. Cet album est sur le feu depuis des années. Il n’est pas à ranger dans le bac de l’oriental jazz qu’il apprécie par ailleurs. Rabih Awad n’en fait qu’à sa tête. Et c’est tant mieux. À ses côtés, des musiciens rodés au live, Tom Hornig, Abboud Saadi, Ghazi Abdel Baki… Avec eux, l’adage «l’union fait la force» n’est pas relégué au rang de relique. En «hommage» à l’état comateux dans lequel le pays se morfond, l’album comprend des chansons à messages. Revendications sociales, politiques… «En fait, quand j’ai commencé à m’intéresser à la musique, j’étais autant passionné par la musique que par le son dans sa globalité». À 9 ans, il a acheté une guitare et, à 15 ans, il faisait ses premières gammes sur un piano désaccordé . Il s’est tourné ensuite vers le synthétiseur. Donc ça l’intéressait autant de bidouiller le son que d’apprendre à jouer d’un instrument. Rabih Aouad fait partie de ces musiciens qui ont une appréhension particulière à se limiter aux notes. «Je n’ai jamais pu, ni voulu apprendre les notes de musique». Alors pour composer, il se fie à son inspiration. Il joue les morceaux et Abboud Saadi les traduit noir sur blanc. Non calculée, cette musique instinctive est une bonne création artistique libanaise minimaliste et dépouillée. Certains morceaux ont des boucles qui se répètent dans des ambiances assez sombres. D’autres sont plus axés sur la mélodie, moins lents avec l’intrusion, par moments, de passages chantés assez discrets. «Ce n’est pas une démarche préméditée, c’est plutôt un travail intuitif. Quand on crée un morceau, on l’invente en studio et lorsque l’on est satisfait on le garde». Lui, le commercial, c’est pas son truc. «En fait, on ne s’est jamais considéré comme faisant partie d’une scène expérimentale. Par défaut oui, parce que notre musique, par rapport aux musiques les plus courantes, elle est décalée, donc elle est forcément considérée comme expérimentale, mais on ne recherche pas le truc absolument inédit». Contrairement à la plupart des formations qui jonglent avec la musique électronique, celle de ce CD préfère s’en tenir aux bons vieux des instruments acoustiques traditionnels. Un joli pied de nez à la musique dite commerciale.
«Je pourrai chanter l’amour pendant 60 ans, cela ne servira pas à grand-chose». Rabih Aouad est du genre qui se révolte, met le doigt là où le bât blesse, dénonce la torpeur, l’indifférence ambiante. Intitulé «Coma» (Forward productions), le premier opus de ce jeune musicien compositeur autodidacte est une œuvre neurasthénique et mélancolique. Privilégiant les...