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Actualités - ANALYSES

Réforme administrative - Le pouvoir s’engage à aller jusqu’au bout - Prochain mouvement de nominations et de permutations, annonce le Sérail

C’est l’heure des dictons : le malheur des uns fait le bonheur des autres, à quelque chose malheur est bon, malheur à celui par qui le scandale arrive... Et rien ne sert de courir, il faut partir à point. L’affaire de l’EDL tombe justement à point nommé pour qu’on se pose des questions sur la réforme administrative globale, vue d’abord sous l’angle de l’assainissement des finances publiques. Ensuite, sous l’angle d’une modernisation indispensable au redressement économique. Enfin, sous celui d’une moralisation raisonnable d’une vie publique trop dissolue pour être encore rentable Ce grand chantier, quand va-t-on se décider à le lancer ? It’s now or never, peut-on fredonner après Elvis Presley. Car si le pouvoir ne met pas à profit la lune de miel estivale dans laquelle baignent les rapports entre les présidents, l’occasion serait perdue à jamais. Pour sa part, le président de la République, M. Émile Lahoud, parlant au nom du gouvernement, ce dont le pays politique ne peut que se féliciter, assure en substance que ce dernier compte «mener à bien la réforme administrative et financière en demandant les comptes qu’il faut, en déployant l’autorité de la loi. En accordant la priorité aux besoins socio-économiques des Libanais. Et en veillant à sauvegarder les droits que l’État peut avoir auprès des gens, tout en défendant les droits que les particuliers ont sur l’État». Sur le plan technique, le président du Conseil, M.Rafic Hariri, indique de son côté qu’il est résolu à pourvoir les postes vacants de la première catégorie dans les meilleurs délais, en base de critères strictement professionnels de compétence et de capacité. Dans le même ordre d’esprit, M. Hariri veut faire procéder à un large mouvement de permutations au top niveau de l’Administration. Il précise que cette fois-ci, miracle des miracles, ni les pressions politiciennes ni les quotas partisans traditionnels ne seront pris en compte. Le choix devant se faire, promet-il, en suivant l’avis des organismes directement concernés ou plus généralement qualifiés, comme le Conseil de la fonction publique. Le chef du gouvernement ajoute que les directoires de conseils ou d’offices qui ont manifestement échoué ou démérité seront balayés à coup sûr. Pour être remplacés par des conseils d’administration truffés de cadres à la hauteur (si on parvient à en trouver, soit dit en passant). En tout cas, M. Hariri se plaît à répéter cette évidence : il n’est pas possible d’assainir les finances publiques, ni a fortiori d’opérer un redressement économique, sans réformer d’abord l’Administration. Pour qu’elle suive désormais les règles de base d’un bon rendement, dont la probité et la transparence, surtout dans les secteurs qui assurent des services à la population. Il convient à ce propos de rappeler le cri d’alarme lancé par le vice-président du Conseil, M. Issam Farès, qui note avec inquiétude la constante régression des prestations du secteur public. Ce qui provoque une vague de plaintes, de protestations, une grogne populaire exprimant un manque de confiance croissant envers l’État. M. Farès appelle donc de ses vœux un vaste mouvement de nominations, de mutations, de permutations, de pourvoi des postes vacants dans les ministères, dans les offices, mais aussi dans des secteurs souvent négligés comme les facultés de l’Université libanaise. Il redit que le crédit de l’État est en jeu. Et invite ce dernier à réagir sans tarder pour élaguer le surplus de fonctionnaires, enrayer le piratage des communications téléphoniques internationales et amorcer le redressement économique du pays. Tout cela est bel et bon. Mais l’enfer, on le sait, est pavé de bonnes intentions. La preuve par quatre en étant que ce même gouvernement, qui promet de lancer la réforme, s’était en réalité engagé sur cette voie dès sa formation. Mais il n’avait pas tardé à faire machine arrière, en cédant aux pressions des partageurs de gâteau, contre lesquels il a d’ailleurs perdu de notables batailles. Nul n’ignore de la sorte que les vetos opposés par certains leaderships, soutenus par les décideurs, ont empêché la généralisation du coup de balai donné dans le secteur de l’information officielle ou à la MEA. Le plan de correction de la trajectoire a buté sur des intérêts de nature purement politicienne, présentés comme étant le reflet d’un consensus d’équilibres indispensable à la coexistence. Au nom d’un prétendu contrat général irrévocable, ces pôles se sont exclamés, suivant la formule consacrée, «Touche pas à mon pote», chaque fois qu’on voulait faire sauter leurs clients fonctionnaires parasites. Et jusque-là leur action prophylactique n’a enregistré que des succès. Peut-on dès lors espérer le changement ? Peut-être, dans la mesure où, ces dernières semaines, un pacte tacite de trêve et de coopération en vue de l’intérêt national bien compris a été conclu entre les dirigeants ainsi qu’entre toutes les composantes du camp éclaté des taëfistes. De plus, un scandale comme celui de l’électricité rend les positions démagogiques plus difficiles à tenir que dans l’affaire de la MEA ou de la culture du haschisch. Quoi qu’il en soit, les prochaines semaines ou les prochains jours, appelés à voir le projet de réforme démarrer ou capoter, apporteront sans doute une réponse à cette question : au Liban, que peut vraiment le pouvoir ?
C’est l’heure des dictons : le malheur des uns fait le bonheur des autres, à quelque chose malheur est bon, malheur à celui par qui le scandale arrive... Et rien ne sert de courir, il faut partir à point. L’affaire de l’EDL tombe justement à point nommé pour qu’on se pose des questions sur la réforme administrative globale, vue d’abord sous l’angle de...