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Actualités - CHRONOLOGIES

EDL - Rien ne va plus entre Beydoun et Moawad - Le Parlement solidaire du gouvernement : - non à la grève au nom de la continuité des services publics

Entre le ministre de l’Énergie et de l’Eau Mohammed Abdel-Hamid Beydoun et le directeur de l’EDL Georges Moawad, rien ne va plus. La réunion de la commission parlementaire de l’Énergie consacrée hier à l’affaire du scandale de l’électricité a montré à quel point le désaccord entre le directeur de l’EDL et l’autorité de tutelle est important. Elle a aussi confirmé la solidarité de l’Exécutif et du Législatif face au mouvement de protestation des employés du secteur de l’Énergie rejeté catégoriquement par la classe politique au nom du principe de la continuité des services publics. La commission présidée par M. Kabbani a décidé de se considérer en session ouverte pour suivre de près et dans ses moindres détails le dossier de l’électricité. Question d’en finir une fois pour toutes avec les anomalies qui l’entachent et surtout, surtout, d’en finir avec le scandale provoqué par la liste des noms des mauvais payeurs qui a éclaboussé la classe politique aujourd’hui mobilisée pour prouver son innocence. Place de l’Étoile, c’est sur cette question – située aussi bien par la Chambre que par le gouvernement dans le cadre des tentatives de ternir l’image des hommes politiques – bien plus que sur les problèmes de gestion de l’EDL, que les délibérations ont essentiellement porté. Rares sont les réunions des commissions qui attirent grand monde au Parlement, qu’elles portent sur le déficit de l’EDL ou sur les caprices chroniques du courant électrique. En raison de l’importance de l’affluence parlementaire, le député Mohammed Kabbani s’est trouvé contraint de tenir la réunion dans l’hémicycle. Celle-ci a eu lieu en présence de MM. Beydoun, Moawad, du PDG de l’EDL Fouad Hamdane et du président de l’Inspection centrale, Fouad Haydamous. De sources parlementaires – et ils étaient nombreux les députés qui se sont fait un plaisir de raconter à la presse ce qui s’est passé dans l’hémicycle – on a indiqué que M. Kabbani s’est empressé de communiquer à l’assistance l’irritation du président de la Chambre Nabih Berry du fait de la distribution de la liste des mauvais payeurs qui le met en cause, réaffirmant que ce sont «des objectifs politiques qui ont motivé sa publication». M. Kabbani, dont le nom figure sur la même liste, a enchaîné en insistant sur le fait qu’il s’est acquitté de la totalité des montants des factures de l’EDL et a vivement reproché à cet établissement de n’avoir pas tenu compte des résolutions précédentes des commissions qui réclamaient l’installation rapide de compteurs et qui encourageaient l’EDL à se faire assister par les forces de l’ordre pour améliorer la perception des quittances. Violents échanges Beydoun-Moawad Mais l’élément marquant de la réunion reste la diatribe de M. Beydoun contre la direction de l’EDL à qui il a fait assumer l’entière responsabilité de «la négligence» considérée comme étant la source de tous les problèmes liés au secteur de l’électricité et la violente réplique, un peu plus tard, de M. Moawad. Pour le ministre, l’affaire dite de la liste est «d’ordre politique». «On essaie d’entraver les mesures prises par le gouvernement et de porter un coup à la classe politique», a-t-il affirmé, selon des sources parlementaires, soulignant que les employés de l’EDL ont rejeté toutes les propositions qui leur ont été faites en contrepartie de l’abolition des privilèges qui leur étaient accordés. De mêmes sources, on a indiqué que le ministre est revenu à la charge à plusieurs reprises contre les protestataires : «Pourquoi n’adresse-t-on pas de mises en demeure aux mauvais payeurs ? Pourquoi ne coupe-t-on pas le courant électrique lorsqu’un abonné ne s’acquitte pas du montant de ses quittances ? Pourquoi ce laisser-aller au niveau de la perception des factures et cette lenteur dans l’installation des compteurs ? Comment se fait-il que tous les mauvais payeurs soient des hommes politiques ? S’agit-il d’enflammer l’opinion publique ? Pourquoi a-t-on choisi ce timing ?». Le ministre a conclu en faisant assumer toute la responsabilité à la direction de l’EDL. Les interventions parlementaires se sont succédé, plus ou moins similaires à celles de M. Beydoun, à l’exception toutefois de M. Ammar Moussaoui, député du Hezbollah, selon des sources parlementaires. «Pour commencer, je dois dire que je suis opposé à toute diffamation et que nous partageons tous la responsabilité de ce qui se passe. Il reste que le résultat auquel nous sommes parvenus est tout à fait normal lorsque le conseil d’administration (de l’EDL) se transforme en ligne de confrontation» en allusion au conflit entre MM. Beydoun et Moawad. «Nous avons dépensé des sommes énormes sur l’électricité sans parvenir au résultat escompté, ce qui prouve l’échec de la gestion de ce secteur, au niveau politique pour commencer», a-t-il poursuivi, cité par ses collègues. 420 percepteurs au lieu de 1 000 De mêmes sources, on a indiqué que le directeur de l’EDL dissimulait mal sa contrariété devant le flot de critiques, de la part notamment des députés Adnane Arakji, Mohsen Dalloul et Walid Eido, mais a répondu le plus calmement possible en tentant d’expliquer que la direction de l’EDL ne peut pas être tenue pour responsable de toutes les lacunes constatées au niveau de la gestion du dossier de l’électricité. Il a ainsi déclaré que conformément aux normes internationales, il faut qu’il y ait un percepteur de factures pour chaque mille appartements. «Au Liban, nous comptons près d’un million d’abonnés qui nécessitent un millier de collecteurs de factures. Or nous n’en avons que 420 dont la majorité a dépassé la cinquantaine et nous sommes dans l’incapacité d’avoir le nombre adéquat, en raison d’une décision du Conseil des ministres interdisant le recrutement de nouveaux fonctionnaires». Et à la question de savoir pourquoi l’EDL n’a pas tenu compte d’une recommandation parlementaire réclamant une accélération de l’installation de compteurs, il a répondu que seules 10 000 demandes en ce sens ont été présentées. Devant l’insistance des députés pour savoir si les listes des noms des mauvais payeurs sont correctes ou pas, M. Moawad a fini par indiquer qu’il existe une liste principale qu’il a remise lundi soir au chef du gouvernement Rafic Hariri. C’en était trop pour le ministre qui l’a interrompu, profondément irrité : «C’est moi le ministre de tutelle et cette liste doit impérativement passer par mon bureau avant d’être transmise au chef du gouvernement». Réponse du directeur de l’EDL : «Je suis en définitive un fonctionnaire et lorsque le chef du gouvernement me demande des informations, je suis censé les lui fournir». La réunion a pris fin sur cette note après l’adoption d’une série de résolutions. M. Moawad a refusé les invitations répétées des députés à s’adresser à la presse, se contentant de déclarer aux journalistes : «Je ne suis pas d’accord avec le ministre et je n’approuve pas ses propos. Tout ce qu’il dit est erroné». Beydoun revient à la charge Entre-temps, M. Beydoun a réitéré grosso modo les idées qu’il avait auparavant développées dans l’hémicycle, après avoir dit à la presse qu’«aucun conflit» ne l’oppose au directeur de l’EDL. «Mais il est des devoirs que la direction de l’EDL doit accomplir», a-t-il renchéri. Dans sa déclaration à la presse, il a fait état d’une tentative d’entraîner le pays sur la voie des grèves et de détourner l’attention de l’opinion publique du problème fondamental vers un autre secondaire qui est celui de la liste «falsifiée» d’hommes politiques qui ne paient pas leurs factures. Il a indiqué que plusieurs personnalités dont le nom a été cité dans la liste ont pris contact avec l’EDL et ont réalisé qu’ils ne lui doivent rien. Soulignons au passage qu’au cours de la réunion, le député Abdel Latif Zein, dont le nom figure parmi ceux des mauvais payeurs, a révélé qu’il a mené sa propre enquête auprès de l’EDL et qu’il lui est apparu que la seule facture non payée était au nom de sa fille pour un chalet qui lui appartient à Faraya et que le montant était de 210 mille livres et non pas de 21 millions de livres comme c’est indiqué dans la liste. Pour M. Beydoun, le problème principal est le bras de fer entre l’État et les employés de l’EDL après l’abolition des privilèges financiers de ces derniers. Il a insisté sur l’«illégalité» de la grève envisagée par les employés en affirmant que des mesures judiciaires seront prises à leur encontre au nom du principe de la continuité des services publics. «Un fonctionnaire ne peut pas paralyser un service public et nuire aux intérêts de la population. Nous sommes prêts au dialogue et nous avons proposé aux employés de l’EDL de solliciter une médiation du ministère du Travail mais nous n’acceptons rien d’illégal», a-t-il dit en estimant que les employés de l’EDL n’ont pas le droit d’agir comme ils le font pour obtenir l’amendement d’une loi. M. Beydoun a minimisé l’importance de la liste des mauvais payeurs en notant que celui qui l’a distribuée «appartient à un courant politique» déterminé. «Et vous savez qui est derrière cette diffamation», a-t-il renchéri sans davantage de précisions en insistant sur le fait que le Parlement est solidaire du gouvernement dans le bras de fer qui l’oppose aux employés de l’EDL. Les résolutions de la commission Cette solidarité est d’ailleurs exprimée dans les recommandations de la commission qui sont au total au nombre de neuf : – Confirmer l’application de l’article 75 du budget, abolissant les privilèges financiers des employés de l’EDL. – Souligner la solidarité (du Parlement) avec le ministre de l’Énergie et de l’Eau et rejeter la menace de grève brandie par les employés au nom de la continuité des services publics. – Se considérer en session ouverte pour suivre l’action de l’EDL. – Réclamer un calendrier rigoureux pour le programme de rationnement électrique. – Demander la poursuite des enquêtes judiciaire et administrative pour préserver les droits du Trésor et la dignité de la population. – Mener une enquête concernant le mécanisme de perception des factures et la part de responsabilité de la direction de l’EDL. – Ouvrir une autre enquête au sujet des mobiles, des raisons, du timing et des responsables de la publication des listes (de mauvais payeurs) qui ont provoqué des remous, sachant que le ministre a assuré qu’elles sont insidieuses et qu’elles sont motivées par des considérations politiques. – Exiger un rapport mensuel de l’EDL sur la perception des factures et sur le programme de rationnement. – Insister sur l’application d’une recommandation de la commission datée du 1er février dernier tout en enquêtant sur les raisons pour lesquelles elle est restée lettre morte et en sanctionnant les responsables de cette négligence. Dans cette recommandation, la commission réclamait l’installation de tous les compteurs avant fin 2001, une perception parfaite des factures électriques, quitte à solliciter pour cela l’aide des forces de l’ordre. Elle demandait aussi à l’EDL d’alerter le Parlement et le ministère de l’Intérieur en cas de laisser-aller de la part des FSI.
Entre le ministre de l’Énergie et de l’Eau Mohammed Abdel-Hamid Beydoun et le directeur de l’EDL Georges Moawad, rien ne va plus. La réunion de la commission parlementaire de l’Énergie consacrée hier à l’affaire du scandale de l’électricité a montré à quel point le désaccord entre le directeur de l’EDL et l’autorité de tutelle est important. Elle a aussi...