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Actualités - CHRONOLOGIES

Au non de la cruche

À la vôtre. La têta chez nous à la maison, bénie soit la vôtre, savait lever le coude à la belle saison. Pour boire l’été à la régalade, et à la gargoulette. Par un bizarre détour d’autodéfense lexique, l’aïeule, douce élève des dames de Nazareth, du temps où les pensionnaires n’étaient qu’un numéro ( «et la révérence, 42 ? ») ne parlait jamais de cruche. Quand la soif la prenait, elle réclamait haut et fort l’alcarazas. Mais oui, l’alcarazas, en bon espagnol mudéjar. Sans rien de poreux dans le ton, en faisant bien rouler le r, pour le rythme, et chanter le z, comme la bise dans la cerisaie. Pourquoi, alcarazas, nous ne l’avons jamais su. Son Alzheimer final non plus. Probablement le reliquat inconscient d’une berceuse de nounou sévillane. Ou alors ce ferment, toujours sous-jacent chez les minorités chrétiennes d’Orient, d’une utopique reconquista.Que cela gêne ou pas la curie vaticane, qui veut nous mettre au pas, ce gène est toujours là. On prétend, diplomatiquement, hypocritement, l’ignorer. Nous commander de faire profil bas, de baiser le pied qui nous broie la nuque. Pour survivre, il faut, paraît-il, savoir avaler toutes les couleuvres, toutes les pilules amères. Se plier au bon vouloir du tuteur, des coopérants, des intégristes, des défenseurs d’une autre culture ou d’intérêts totalitaires. Tant qu’à y faire, boire la coupe jusqu’à la lie, remiser l’alcarazas au grenier. Et au caveau, la grand-mère.
À la vôtre. La têta chez nous à la maison, bénie soit la vôtre, savait lever le coude à la belle saison. Pour boire l’été à la régalade, et à la gargoulette. Par un bizarre détour d’autodéfense lexique, l’aïeule, douce élève des dames de Nazareth, du temps où les pensionnaires n’étaient qu’un numéro ( «et la révérence, 42 ? ») ne parlait jamais de...