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Actualités - CHRONOLOGIES

Enseignement - L’amphithéâtre du campus des sciences humaines de l’USJ dédié à Pierre Y. Abou Khater - Abou : Mobiliser la société civile pour diversifier les sources de financement de l’université

Près d’un millier de professeurs et de membres du personnel administratif de l’Université Saint-Joseph se sont retrouvés dans les vastes jardins du campus des sciences médicales, vendredi soir, pour le traditionnel dîner de fin d’année offert par le recteur de l’USJ, le père Sélim Abou. La rencontre a revêtu cette année un cachet quelque peu particulier dans la mesure où le dîner a été précédé d’une cérémonie dans l’amphithéâtre du campus des sciences humaines, au cours de laquelle une plaque a été placée à l’entrée de cet amphithéâtre, au nom de M. Pierre Youssef Abou Khater, en signe de reconnaissance pour ses dons généreux à l’USJ. Dans le discours qu’il a prononcé à cette occasion, le recteur Abou a évoqué les problèmes financiers auxquels est confrontée l’USJ, université privée non subventionnée par l’État, du fait de la crise économique qui sévit dans le pays, de la difficulté qu’éprouvent beaucoup d’étudiants à régler leurs scolarités, et de la croissance sensible des dépenses, devenue inévitable pour permettre à l’université de financer ses nombreux projets de développement, de moderniser ses équipements, de conduire des recherches de pointe et de se maintenir comme un pôle reconnu d’excellence. C’est dans ce contexte que le recteur a placé la double initiative de M. Abou Khater en faveur de l’USJ et de ses étudiants. Il a précisé que l’Université Saint-Joseph lui est redevable, d’une part, de sa contribution, dans le cadre de l’opération baptisée «125 bourses pour le 125e anniversaire», au fonds destiné à financer le programme de bourses «Good mother to be – Devenir une bonne mère» ; elle lui est, d’autre part, redevable de l’avoir familiarisée, à travers sa contribution à la construction de l’amphithéâtre, avec la pratique du «naming», opération qui consiste à dédier certains bâtiments à un donateur. Dans son mot de remerciements, M. Abou Khater a rappelé que sa contribution au programme des bourses «Good mother to be» traduit son souci de la promotion de la femme, en qui il voit un acteur important du développement de la société, et que sa contribution au financement de l’amphithéâtre traduit son admiration pour l’œuvre accomplie par les jésuites à travers les institutions qu’ils ont fondées. Il a rendu hommage à l’USJ, à ses options fondamentales, à sa vocation humaniste et à sa mission de service sur le double plan éducatif et national. Exprimant son émotion de voir son nom gravé à l’entrée de l’amphithéâtre d’une si prestigieuse institution, il a renouvelé son engagement de solidarité, selon la devise qu’il s’est choisie : «Qui renonce jamais ne gagne ; qui gagne jamais ne renonce». Après avoir remis, en signe de reconnaissance, la médaille de vermeil du 125e anniversaire de l’USJ à M. Abou Khater, le recteur a décerné la médaille d’honneur à neuf professeurs ayant passé l’âge de la retraite et s’étant distingués au cours de leur carrière à l’université, et la médaille du mérite à onze membres du personnel qui ont consacré 30 ans ou davantage de leur vie au service de l’université. L’allocution du père Abou Nous reproduisons ci-dessous des extraits de l’allocution du père Abou : «La déclaration mondiale sur l’enseignement supérieur pour le XXIe siècle : vision et actions, adoptée par la dernière Conférence internationale de l’Unesco, dispose, à l’article 14, que le financement de l’enseignement supérieur requiert des ressources publiques et privées, avant de préciser que le rôle de l’État reste essentiel dans ce financement». «Tel n’est malheureusement pas le cas dans notre pays. À l’instar des autres universités libanaises privées, l’Université Saint-Joseph, qui assure un service public, ne reçoit aucune subvention de l’État et doit compter, pour l’établissement de son budget de fonctionnement et d’investissement, sur ses ressources propres. Les contraintes financières auxquelles sont confrontées les universités non subventionnées par des fonds publics les conduisent forcément à dépendre des contributions de leurs étudiants. Les scolarités perçues constituent environ 90 % de nos recettes. Mais les longues années de guerre et la crise persistante du Moyen-Orient ont sévèrement décapité la classe moyenne au sein de laquelle sont traditionnellement recrutés nos étudiants, dont un nombre croissant éprouve de sérieuses difficultés à régler leurs droits de scolarité. Pour permettre à l’université d’éviter le danger de se transformer en un club élitiste réservé aux seuls riches, des efforts ont été déployés pour la création de fonds destinés à l’octroi de bourses aux plus défavorisés. Pour la célébration du 125e anniversaire de l’université, nous avons organisé, à côté des manifestations culturelles, des actions à caractère social, dont la plus importante fut l’opération “125 bourses pour le 125e anniversaire”». «Des banques, des entreprises, des donateurs anonymes, mais aussi les professeurs et le personnel de l’université se sont mobilisés. M. Pierre Abou Khater s’est associé à cette vaste campagne de solidarité sociale. Il a mis à la disposition de l’université une somme substantielle et lui a proposé un partenariat autour d’un programme de bourses intitulé “Good mother to be – Devenir une bonne mère”. Son initiative traduit son admiration pour l’œuvre accomplie par les pères jésuites et incarne sa volonté, qui est aussi la nôtre, d’offrir à des jeunes filles socialement défavorisées et intellectuellement douées des possibilités d’accomplir des études universitaires de haut niveau. Son souci de la promotion de la femme, considérée comme un acteur important du développement de la société, est un choix stratégique qui rencontre les options prioritaires de l’Université Saint-Joseph. La générosité de M. Abou Khater est d’autant plus touchante et digne de notre admiration que nous ne l’avions pas sollicitée et qu’il en a pris, de lui-même, l’initiative. En lui rendant ce soir cet hommage public, nous voulons, à travers lui, remercier toutes les personnes et tous les organismes qui ont permis à l’opération “125 bourses pour le 125e anniversaire” de réaliser son objectif initial et même de la prolonger. En plaçant les fonds collectés dans une fondation (endownment fund), pour qu’ils produisent des bourses pour les générations à venir, nous avons inscrit son résultat dans la durée». «La diminution des recettes s’est doublée d’une croissance sensible des dépenses, rendue inévitable dans un environnement toujours plus compétitif, et indispensable pour permettre à l’université de financer des projets de développement, de moderniser ses équipements, de conduire des recherches de pointe et de se maintenir comme un pôle reconnu d’excellence». «Cette augmentation des frais de l’éducation exige la diversification des sources de financement par la mobilisation de la société civile. Mais si une telle diversification “traduit l’appui que la société apporte à l’enseignement supérieur et doit donc être renforcée davantage pour assurer le développement de cet enseignement, en accroître l’efficacité et en préserver la qualité et la pertinence”, elle n’en implique pas moins – comme nous le rappelle à juste titre le P. Peter-Hans Kolvenback – une dépendance progressive des aides financières externes, qui peut en arriver à se transformer en une lourde hypothèque sociale. Il peut arriver que les sponsors ou les trustees ne soient pas toujours désintéressés, ni qu’ils s’identifient nécessairement avec les objectifs, la mission et l’orientation de l’université. C’est l’autonomie même de l’université et la liberté d’enseignement et de recherche qui sont en jeu». «Ce risque qui guette toutes nos universités parce qu’elles ne peuvent se soustraire aux lois et aux forces du marché est encore plus menaçant dans un pays où les tentatives d’ingérence des pouvoirs politiques et des pôles financiers dans le secteur de l’enseignement supérieur sont monnaie courante». «Le défi et le dilemme sont majeurs : comment réussir à obtenir les fonds nécessaires tout en sauvegardant à tout prix l’ultime raison d’être de l’université ? Quel est le système susceptible de diversifier et de renforcer le financement de l’enseignement supérieur, tout en offrant et en garantissant les conditions nécessaires à l’exercice des libertés académiques et de l’autonomie institutionnelle ?» «Défi et dilemme d’autant plus importants que, précisément par souci de sauvegarder cette autonomie et cette liberté, nous avons préféré au “Board of trustees” doté de pouvoirs sur la nomination du recteur, des doyens et des directeurs, sur le recrutement et la promotion des enseignements, et plus généralement sur la politique de l’université, un conseil stratégique, organe consultatif d’orientation et d’appui à l’université».
Près d’un millier de professeurs et de membres du personnel administratif de l’Université Saint-Joseph se sont retrouvés dans les vastes jardins du campus des sciences médicales, vendredi soir, pour le traditionnel dîner de fin d’année offert par le recteur de l’USJ, le père Sélim Abou. La rencontre a revêtu cette année un cachet quelque peu particulier dans la mesure...