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Actualités - OPINIONS

IMPRESSIONS - Haschisch et parmentier -

Attention ! Ceci n’est pas un plaidoyer en faveur de la drogue ni d’aucune forme de dépendance. Il s’agit d’une réflexion en faveur d’une légalisation des substances interdites qui permettrait d’en neutraliser le marché noir. Dans les années vingt, au temps de la prohibition en Amérique, les bootleggers, pour augmenter leurs profits, coupaient leurs élixirs d’alcool à brûler. Celui-ci attaquait les yeux, produisant entre autres une espèce devenue mythique : le chanteur de blues aveugle. Tout le monde a envie de devenir un mythe, mais de préférence avec les yeux en face des trous. En vente libre, l’alcool est soumis à une réglementation stricte. La vente et la consommation en sont, en principe, interdits aux mineurs. Chaque bouteille affiche son pourcentage d’alcool. Le public est systématiquement informé du risque en cas d’abus. Tout le monde connaît la marge entre le-verre-ça-va et le-verre-bonjour-les-dégâts, entre s’esbaudir et se péter la gueule. Mais aucune pression extérieure, ni religieuse, ni sociale, ni étatique n’empêchera un alcoolique de boire. Seulement depuis que son alcool est légal, il sait au moins ce qu’il boit et se détruit en connaissance de cause. Ce qui n’est pas le cas du drogué. Si au départ il encourt plus ou moins les mêmes risques de dépendance et de mort que l’alcoolique, sa vie est d’abord mise en danger par son fournisseur. Le drogué ne sait pas ce qu’il s’injecte. Plâtre, amidon, talc, ciment, lait en poudre, détergent, s’il le savait, même par voie orale il n’en voudrait pas. En intraveineuse, c’est la gangrène à la clé. Le fabricant lui-même ne sait pas contrôler ses doses papillotées à la hâte. Combien d’héroïne dans le coffee-mate ? 10, 20, 90% ? De l’abcès par seringue infectée à l’arrêt respiratoire par overdose, c’est à la discrétion de l’ange gardien. On ne tentera pas ici d’élucider les raisons qui induisent un être, le plus souvent jeune, à s’autodétruire en croyant vivre sa vraie vie. La magnifique campagne d’Oum el-Nour s’en acquitte largement. Pour les adolescents en mal de rituels initiatiques qui confirmeraient leur passage à la vie adulte, la société moderne n’offre que le bac. L’alternative – on est volontairement simpliste – c’est de se créer une mini-société d’ados où chacun se la joue, fait le matamore avec la mort, le héros avec l’héroïne , le mur avec la stone. Aux adultes de montrer la voie des vrais défis, des vrais engagements et de la vie en grand. Bien sûr, facile à dire… Mais cela dit, cette petite glose avait pour origine la pression occidentale pour la destruction des champs de haschisch au Liban. Dans l’absolu, et en termes économiques, notre joli «rouge libanais», à l’origine une plante verte sacrément tenace (avez-vous jamais tenté de détruire un plant de haschisch ?), produit à maturité, et en vertu du marché noir, quantité de billets de la même couleur, pas de refus par les temps qui courent. Parallèlement , et une fois de plus, la pomme de terre récoltée en mai s’est révélée pourrie. Incompétence, ignorance, manque de moyens ? Les Libanais ont perdu le tour de main qui faisait de leur production agricole la plus savoureuse de la région. Signe des temps, notre écosystème se refuse à produire des comestibles. Entre le haschisch et la Parmentier, comme souvent, il a encore choisi le vert cette année. Parallèlement, l’Europe s’oriente ostensiblement vers une libéralisation – et donc une réglementation – de l’usage, pourquoi pas thérapeutique, du haschisch, tout aussi «bio» après tout que la Gitane-maïs. Détruisons les champs de haschisch, au risque de louper le coche de la vente libre pour adultes consentants, mais arguons par fanfaronnade que notre société orientale s’accommode mal de l’invasion de nos marchés par les alcools américains, et exigeons en contrepartie la destruction des champs de malt, des usines de colle forte, des fruits convertibles en liqueurs, et que chacun balaye à sa guise devant sa porte.
Attention ! Ceci n’est pas un plaidoyer en faveur de la drogue ni d’aucune forme de dépendance. Il s’agit d’une réflexion en faveur d’une légalisation des substances interdites qui permettrait d’en neutraliser le marché noir. Dans les années vingt, au temps de la prohibition en Amérique, les bootleggers, pour augmenter leurs profits, coupaient leurs élixirs...