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Actualités - CHRONOLOGIES

Courrier des lecteurs - «Panoramique - Liban»

Ou plutôt, pour être tout à fait précis, courrier d’un seul lecteur. Mais quel lecteur, et quel courrier! La lettre du M. Jean-Pierre Nasr, particulièrement abondante, m’a causé un réel plaisir – même si je m’y retrouve littéralement étrillé, pour ne pas dire férocement attaqué. Après tout, c’est la règle du jeu, mais la satisfaction domine: 1e) parce que le courrier s’était fait rare, ces derniers temps 2e) et, surtout, parce que M. Nasr passe l’actualité locale en revue, ce qui va me permettre d’en faire autant, tout en me défendant, au passage, avec tout ce qui peut me rester d’énergie. M. Nasr commence par reprocher à ma «page du cinéma» d’être incomplète et de mentionner trop de films «non visionnés». Il n’a évidemment aucune idée – et pour cause – du fonctionnement actuel de certains «bureaux» (appellation non contrôlée) des distributeurs de films dits «indépendants». Lorsqu’on nous annonce, en dernière heure, la sortie probable d’un film, sans projection de presse préalable, sans remise de photos ou de la moindre documentation, que voulez-vous qu’on fasse? Sinon rendre l’impolitesse aux distributeurs (si peu) intéressés. Croyez-vous qu’il nous serait difficile d’attribuer à ces films n’importe quelle cotation approximative, laissant ainsi croire que nous les avons vus? Qui pourrait d’ailleurs vérifier? Nous préférons dire les choses comme elles sont, et ne pas tromper nos lecteurs. Un esprit indicatif? Alors là, je ne vois pas très bien. À part le fait que M. Nasr qualifie lui-même notre public de «souvent insupportable», il se trouve que j’écris justement pour ce public libanais, sans avoir à en référer à d’autres publics (français, par exemple). J’ai simplement regretté que Les destinées sentimentales n’ait pas attiré plus de spectateurs à Beyrouth, tout en étant tout à fait d’accord pour le cas du Goût des autres (et toujours ce retard pour sortir les films français!). Au fait, M. Nasr a-t-il appris que le film d’Oliver Assayas a fait 535000 entrées aux États-Unis, alors que Harry, un ami qui vous veut du bien (le film de Dominik Moll enfin sur nos écrans, depuis hier!) en a réalisé 1950000? Pas si mal! Une autre vérité: oui, nombreuses sont les séances annulées faute de public. C’est aisé à vérifier: Just One Ticket ne justifie pas une projection! Si l’on passe au volet suivant de la lettre de M. Nasr, il y a – de nouveau – matière à discussion. Le gros succès d’un film, pas plus que son échec, ne prouve pas grand-chose. Si un mauvais film marche aussi bien à Beyrouth qu’à New York, Paris ou ailleurs, cela le rend-il meilleur? (American Pie, de Paul Weitz, par exemple). Et quand ai-je écrit, ou seulement prétendu, que le mauvais goût était «uniquement» libanais? C’est, hélas! La chose la mieux partagée du monde. Par ailleurs, attention à ne pas rejoindre la position de Jerry Bruckheimer, le producteur – rouleau – compresseur (dernier exploit en date: Pearl Harbor), qui, tout en méprisant les critiques (c’est son droit), affirme que le seul vrai critère de la qualité d’un film c’est le résultat enregistré au box-office. Eh oui... – La dernière partie de la lettre de M. Nasr constitue un véritable manuel-résumé destiné aux distributeurs-exploitants de notre pays. On pourrait l’intituler: «Comment sortir un film français au Liban, et le faire marcher». Les conseils de M. Nasr sont judicieux à tous les niveaux: délai de sortie, périodes favorables, choix du circuit, etc. Malheureusement, il n’y a aucune illusion à se faire: ces messieurs n’en tiendraient aucun compte. Espérons qu’Amélie Poulain ne tardera pas plus tard que septembre... – M. Nasr termine par la formule de rigueur: «Amicalement... et sans rancune». Je ne saurais trouver mieux. J’y ajoute mes remerciements pour m’avoir fourni la matière d’un article. J.-P. G.-P.
Ou plutôt, pour être tout à fait précis, courrier d’un seul lecteur. Mais quel lecteur, et quel courrier! La lettre du M. Jean-Pierre Nasr, particulièrement abondante, m’a causé un réel plaisir – même si je m’y retrouve littéralement étrillé, pour ne pas dire férocement attaqué. Après tout, c’est la règle du jeu, mais la satisfaction domine: 1e) parce que le...