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Actualités - CHRONOLOGIES

Correspondance - Rétrospective Cy Twombly - Une vision sculpturale blanche, - mais pas toujours rose

Washington-Irène Mosalli Au temps de l’alchimie abstraction – pop – néo-dadaïste de Robert Rauschenberg et de Jasper Johns, un peintre américain nommé Cy Twombly voyait tout en blanc. Un blanc qui n’était pas nécessairement synonyme de visions roses et qui pouvait donc être parfois à l’instar de l’état d’âme du «Cygne» de Mallarmé dont «le col secoua cette blanche agonie... et qui n’avait pu chanter la région où vivre». Twombly, qui admirait le poète français, disait : «Comme la blancheur symbolique de Mallarmé, cette couleur peut être l’état naturel de l’intellect ou aussi l’espace romantique de la mémoire». Cet artiste, qui est né en Virginie en 1928, était à la fois peintre et sculpteur. C’est ce dernier aspect de son talent prodigieux qui est actuellement révélé au public à travers une rétrospective organisée par la National Gallery of Art de Washington. Il y a de l’épure et des réminiscences poétiques et mythologiques dans les œuvres exposées, qui disent aussi un fort attrait pour l’art moderne européen, particulièrement pour les tendances dadaïste et surréaliste telles que cultivées par Kurt Schwitters, Hans Arp et Albert Giacometti. Utilisant des matières rugueuses (notamment du bois recouvert de plâtre), il réussit à rester dans la note éthérée et lumineuse en jouant sur les tonalités du blanc et des lignes simples. La réduction, qui est son fort, demeure éloquente et chargée de messages. À l’aide d’éléments, en principe trouvés (des branches d’arbre, des bouts de bois, des fils de fer, des planches, des morceaux de plâtre, des ficelles, etc.), il bâtit des structures abstraites qui évoquent un passé très lointain. Pour cela, il a beaucoup voyagé : en Italie pour voir les ruines étrusques, en Haute-Égypte et en Afrique du Nord pour y découvrir les ruines romaines. Il a longtemps vécu en Italie où il s’est aussi marié. Il avait un appartement à Rome, une résidence datant de la Renaissance hors de la ville et une maison au bord de l’eau. L’antique passe au filtre de la modernité Il en est revenu avec des idées qu’il a sculptées en deux temps (de 1948 à 1949 et de 1976 à 1988) sous les appellations suivantes : «Passage d’hiver», référence aux tombes égyptiennes qu’il a représentées, transportées sur un bateau funéraire ; «Cycnus», une évocation des «Métamorphoses» d’Ovide par le biais d’une feuille de palmier subtilement travaillée en draperie, formant une aile d’oiseau ; «Anadyomène», traité en blanc bleu pour dire la sortie d’Aphrodite des flots. Un assemblage très inspiré de matériaux disparates ayant en partage la couleur blanche. Twombly appelle cette couleur son «marbre», se référant ainsi à l’architecture et à la sculpture de l’Italie. On a dit que cette palette a toutefois quelque chose d’américain, non seulement à la manière des habitations au bois peint en blanc mais parce qu’elle rappelle la grandeur déchue de l’architecture des régions du Sud, à la veille de la guerre de Sécession. Toujours est-il que son intention première est de distiller la source antique au filtre de la modernité. «Ce que j’ai essayé d’établir, explique-t-il, c’est que l’art moderne ne tient pas de la génération spontanée. Il a ses racines, sa tradition, sa continuité. Pour moi, le passé est la source. Je suis attiré par les primitifs, les rituels et les éléments fétichistes, aussi bien que par la symétrie et l’ordre plastique des choses». La quête d’un univers à la fois minimaliste et merveilleux où tout est grâce et sérénité.
Washington-Irène Mosalli Au temps de l’alchimie abstraction – pop – néo-dadaïste de Robert Rauschenberg et de Jasper Johns, un peintre américain nommé Cy Twombly voyait tout en blanc. Un blanc qui n’était pas nécessairement synonyme de visions roses et qui pouvait donc être parfois à l’instar de l’état d’âme du «Cygne» de Mallarmé dont «le col secoua cette...