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Actualités - REPORTAGES

SANTÉ - Rapport réquisitoire de deux experts européens - Un médecin pour 350 habitants au Liban, - contre un pour 700 en France

Nul n’ignore qu’au Liban, le domaine de la santé est en crise depuis des années. Pour cerner le diagnostic, le ministère de la Santé a fait appel, avec le concours de la Coopération italienne, à deux experts européens. Le Dr Tore Shoersten (Suédois) et le Dr David Banta (Néerlandais) ont enquêté en profondeur sur le terrain. Ils ont rencontré plusieurs acteurs du secteur de la santé, les responsables du ministère concerné, la commission parlementaire pour la santé, la Sécurité sociale, l’Ordre des médecins et le syndicat des hôpitaux. Les têtes de chapitres du rapport des experts sont éloquentes par elles-mêmes : Coût astronomique des soins et refus des médicaments génériques. En matière de traitement et de diagnostic, utilisation «exagérée», «excessive» des technologies, sans donner pour autant des résultats positifs. Les experts estiment que des patients reçoivent des soins cardiaques inappropriés, particulièrement en ce qui concerne les maladies coronaires. On dénombre beaucoup de complications, voire même des décès, suite à des opérations à cœur ouvert qui n’étaient pas nécessaires, ou qui ne répondaient pas aux standards requis. Par ailleurs, dans plusieurs domaines, l’offre dépasse la demande. À titre d’exemple, le Liban a besoin de cinq IRM ? Il en a 20 ! Il a besoin de cinq à six centres cardiaques, et il y en a beaucoup plus. En France, il y a un médecin pour 700 habitants. Au Liban, un médecin pour 350. En Suède, qui compte 9 millions d’habitants dont 30% accusent plus de 60 ans, on dénombre 3 500 opérations à cœur ouvert par année. Au Liban, qui compte trois millions d’habitants et une population jeune, on pratique par an 3 600 opérations à cœur ouvert. Au niveau des médicaments, les médecins s’abstiennent généralement de prescrire ces produits dits génériques qui sont moins chers, tout en ayant les mêmes effets. Alors 25 % de la facture de santé vont aux médicaments alors qu’en France, le taux est de 10 à 15 %. Aussi, pour limiter les dégâts et les dépenses, un «centre d’évaluation des technologies» est-il sur le point d’être créé. Il sera financé par le ministère de la Santé et la Coopération italienne. «Cette démarche est le résultat d’une préoccupation grandissante concernant l’escalade rapide des dépenses de santé et l’absence de standards de qualité», explique un responsable du ministère. Celui-ci a mis l’accent sur la situation chaotique de certaines procédures médicales et la croissance désordonnée des coûts. «Le ministère s’est engagé à revoir cette situation», dit la source, qui ajoute que «4 milliards de LL sont remboursées annuellement aux centres cardiaques ; 220 milliards pour d’autres hospitalisations, alors que le budget du ministère est de 320 milliards». Elle rappelle que M. Sleiman Frangié avait proposé il y a quelques années de limiter les contrats du ministère de la Santé à six centres cardiaques. La décision approuvée en Conseil de ministres a été toutefois annulée à la suite de multiples interventions intéressées. «Aujourd’hui, le ministre pense sérieusement à relancer le projet», souligne la même source. Le Dr Pappagallo Savrio, de la Coopération italienne, a quant à lui souligné «l’excès d’utilisation» des techniques et procédures médicales. «L’étude a prouvé également qu’ aucun contrôle ne s’exerce sur le secteur de la santé au Liban», révèle l’expert italien. Évoquant le traitement de l’apherese (nettoyage du sang de l’excès du cholestérol), il a insisté sur «l’utilisation non rigoureuse» des procédures médicales. «Il faudrait poser des orientations, des mesures, des conditions. En bref, mettre de l’ordre», a-t-il dit . Affaire à suivre.
Nul n’ignore qu’au Liban, le domaine de la santé est en crise depuis des années. Pour cerner le diagnostic, le ministère de la Santé a fait appel, avec le concours de la Coopération italienne, à deux experts européens. Le Dr Tore Shoersten (Suédois) et le Dr David Banta (Néerlandais) ont enquêté en profondeur sur le terrain. Ils ont rencontré plusieurs acteurs du...