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Actualités - ANALYSES

Beyrouth n’attend pas grand-chose de la mission Burns

Exit Dennis Ross, Welcome William Burns. Comme presque toujours (à l’insigne exception de Madeleine Albright), le secrétaire d’État US en place, qui prospecte en personne les autres contrées d’un Moyen-Orient aussi riche en pétrole qu’en problèmes, trouve suffisant d’envoyer un assistant à notre infortuné sous-pays. Il faut donc s’en contenter, avec la maigre consolation, du reste équivoque, que l’intéressé, attendu aujourd’hui à Beyrouth, inscrit également Damas à son tableau de chasse. Ce qui confirme, si besoin était, que pour ce qui se passe au Liban, il faut essentiellement regarder du côté de la Syrie. Toujours est-il qu’en l’état actuel des choses, Beyrouth n’attend pas grand-chose de la démarche diplomatique américaine. Les efforts du général Colin Powell en Cisjordanie ont débouché sur un quasi-fiasco. Et on voit mal comment son adjoint pourrait faire mieux ici. Le jeu est connu d’avance. M. Burns va insister pour que le Liban et la Syrie réfrènent le Hezbollah au maximum. Et il va se voir prier d’exercer d’abord ses pressions sur Israël. Pour que cet État rende à chacun ses droits et cesse accessoirement ses survols, ses raids et ses menaces de guerre. Pour le moment, le blocage persiste. L’émissaire de M. Annan, M. De Mistura, a dû de la sorte déchanter tout de suite. À peine s’était-il réjoui de nous annoncer que les Israéliens lui avaient promis d’arrêter leurs incursions aériennes, qu’il y a eu l’affaire de l’embuscade hezbollahie, suivie d’un échange de bons procédés entre artilleurs, c’est-à-dire de la destruction d’un radar syrien par les Israéliens et d’un radar israélien par les batteries du Hezb. Avec bien évidemment reprise intensive des bangs de la chasse aérienne israélienne au-dessus du Liban profond. Quant au Conseil de sécurité de l’Onu, il se montre singulièrement évasif. Même le délégué chinois qui préside actuellement cette instance, et qui est peu suspect de sympathie sionisante, a évité de condamner l’État hébreu dans le communiqué publié sur la tension au Liban-Sud. En effet, par la voix de son président, le Conseil s’est contenté d’appeler toutes les parties à la retenue, ainsi qu’au strict respect de la ligne bleue. Ce qui est un avertissement à peine voilé au Liban via le Hezbollah, seule partie accusée de transgresser cette ligne. Le texte du palais de verre confirme de la sorte qu’au sujet de Chebaa, l’option de résistance armée adoptée conjointement avec la Syrie (comme l’indique entre les lignes le dernier communiqué conjoint libano-syrien) enfreint la légalité internationale. Car selon l’Onu, comme le déclare le secrétaire général M. Kofi Annan, Chebaa n’est pas libanaise mais syrienne et se trouve soumise aux dispositions de la 242, non de la 425. Pour en revenir à M. Burns, il doit sans doute inviter le Liban à respecter la ligne bleue et à envoyer son armée dans la zone frontalière au Sud. Et il va lui être sûrement répondu que la ligne bleue ne respecte elle-même pas les droits inaliénables du Liban, dont celui de résistance armée... sans envoi de l’armée, qui n’a pas à jouer les agents de sécurité au profit d’Israël. Tous ces arguments, de part et d’autre, sont trop rabâchés pour que l’on puisse espérer des progrès vers une solution diplomatique de fond. Il reste cependant que, comme ni la Syrie ni le Liban ne veulent la guerre, il est possible que les relances américaines débouchent sur une accalmie de terrain. Ou encore sur un cycle de confrontation plafonnée où les protagonistes se contenteraient de taper sur des radars, sans autre escalade.
Exit Dennis Ross, Welcome William Burns. Comme presque toujours (à l’insigne exception de Madeleine Albright), le secrétaire d’État US en place, qui prospecte en personne les autres contrées d’un Moyen-Orient aussi riche en pétrole qu’en problèmes, trouve suffisant d’envoyer un assistant à notre infortuné sous-pays. Il faut donc s’en contenter, avec la maigre...