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Actualités - ANALYSES

Redressement - Les préparatifs de Paris II - Spéculations inquiètes sur les exigences du FMI

Des experts du Fonds monétaire international multiplient actuellement les réunions à Beyrouth avec les cadres de la Banque centrale et du ministère des Finances, pour préparer Paris II. Les autorités locales, mais aussi les cercles économiques ou financiers du secteur privé se posent des questions inquiètes sur les conditions que le FMI va poser pour consentir à aider le Liban. (En lui accordant un prêt privilégié considérable, presque une donation, lui permettant d’éponger une partie importante de sa dette). Il est à craindre en effet que ces exigences, qui devront être détaillées dans le rapport de recommandations des experts internationaux, se révèlent particulièrement sévères. Ce qui placerait le gouvernement devant une pénible alternative : – Se soumettre, au risque de provoquer une forte grogne sociale dans le pays. – Ou renoncer à l’assistance offerte, au prix d’une faillite financière à terme. Car le Trésor resterait ligoté par le surendettement, sans espoir de moratoire. Selon des observateurs avertis, qui ont épluché le questionnaire informel élaboré par l’équipe du FMI, il est tout à fait probable que celle-ci demande l’arrêt de toutes les politiques de soutien à des denrées ou à des services produits localement. On imagine le tollé social que cela provoquerait. Il y aurait des manifestations, des grèves, des troubles, et les démagogues ne manqueraient pas de jeter de l’huile sur le feu. Le pays se trouverait aux bords de l’implosion sociale. Pour y parer, le gouvernement devrait verser des compensations substantielles aux secteurs intéressés, et il n’en a pas les moyens. Ainsi, lorsque le soutien à la betterave sucrière a été aboli, il a fallu verser aux cultivateurs de lourds dédommagements. Un précédent qu’on ne peut généraliser, car il faudrait à cet effet des centaines de millions de dollars. Qu’il faudrait emprunter, alors que l’objectif recherché est de réduire l’endettement ! En revanche, le FMI, de l’avis des mêmes spécialistes locaux, ne semble pas vouloir demander la dévaluation de la livre. Car ce serait un coup d’épée dans l’eau en quelque sorte, dans la mesure où les dépôts bancaires sont dollarisés à plus de 70 %. Pour l’heure, les responsables tentent d’amadouer les experts du FMI, en plaidant les circonstances atténuantes. Ils soulignent volontiers de la sorte la gravité de la situation régionale et les difficultés, politiques ou autres, issues des séquelles de la guerre domestique. Les envoyés du Fonds sont donc invités à se montrer compréhensifs, à ne pas exiger l’impossible. Car le pays irait alors tout droit dans le mur. Étant entendu que le gouvernement s’engage à développer un effort constant, sérieux, pour amorcer le redressement requis. Les officiels ajoutent, à l’adresse de la délégation, que, tout compte fait, les indices statistiques concernant l’état de l’économie, la dette publique ou le déficit budgétaire ne sont pas si alarmants. Et qu’il n’est pas besoin de prendre à l’égard du Liban des mesures aussi sévères que celles qui avaient été adoptées pour d’autres pays demandant secours, comme la Turquie. Il reste une autre source d’inquiétude, qui n’a rien à voir avec le FMI. À savoir qu’on se demande toujours si les différentes parties locales en jeu, la population, les organismes économiques ou sociaux, les politiciens, vont s’accorder pour soutenir ensemble le programme de redressement haririen. Ou se diviser pour faire sauter le plan. Et le gouvernement.
Des experts du Fonds monétaire international multiplient actuellement les réunions à Beyrouth avec les cadres de la Banque centrale et du ministère des Finances, pour préparer Paris II. Les autorités locales, mais aussi les cercles économiques ou financiers du secteur privé se posent des questions inquiètes sur les conditions que le FMI va poser pour consentir à aider le...