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Actualités - ANALYSES

Le projet Berry de front national - Assad aurait donné son aval

Encore une course éperdue après un arbitrage syrien ? Pas du tout, répondent les loyalistes. Si M. Nabih Berry a fait lundi un saut inopiné à Damas, ce n’est pas pour se plaindre de ses deux partenaires au top niveau du pouvoir local. Car le temps est au beau fixe à ce niveau. Mais pour exposer en détail au président Bachar el-Assad son projet de front national. Et en obtenir la bénédiction. Qui lui aurait été généreusement accordée. Ce front, soulignent les proches du président de la Chambre, n’est pas une fin en soi. Mais un instrument. Pour engager le pays politique sur la voie d’un dialogue général. Portant aussi bien sur les choix à faire en matière de danger régional, que sur les problèmes purement intérieurs. Comme le dossier des relations libano-syriennes. Étant entendu que nul ne conteste, ni à Beyrouth ni à Damas, qu’elles sont pour le moins perfectibles. Ce constat étant unanime, il n’a sans doute pas fallu beaucoup d’audace à M. Berry pour s’en ouvrir au jeune chef de l’État syrien. Qui lui-même, dans plusieurs discours majeurs, a toujours souligné la nécessité de corriger les dérives flagrantes de la trajectoire suivie jusqu’à présent. En outre, le traitement relève d’une certaine urgence, étant donné que les deux pays doivent mieux souder leur alliance face aux redoutables visées prêtées. Tout est donc clair. D’autant qu’échaudé par la mésaventure subie l’an dernier après sa sortie de Bkerké, le président de l’Assemblée nationale a pris soin de montrer d’avance, cette fois, patte blanche. Il a en effet d’entrée de jeu précisé les constantes sur lesquelles il fonde son initiative. Dont, principalement, les liens privilégiés avec la Syrie, la lutte contre l’ennemi commun et la poursuite de la résistance active jusqu’à la libération de tous les territoires occupés. Ce qui inclut, bien évidemment, le Golan autant que Chebaa. Ce choix de principes directeurs colle étroitement aux thèmes pérennes de la politique syrienne. Et le fait que M. Berry se propose, à travers son front national, de rallier à ses vues le plus grand nombre possible de forces politiques libanaises lui vaut, à n’en pas douter, toute la sympathie des décideurs. La campagne de promotion du projet se trouve donc maintenant officiellement lancée, après la coupure du ruban inaugural par le président Assad. Dans un premier mouvement, le leader d’Amal, qui veut ratisser large, souligne que le front est ouvert à tous, loyalistes, opposants et même antitaëfistes. À condition, bien entendu, qu’ils souscrivent aux principes de base évoqués plus haut. De ce fait même, cependant, il apparaît évident qu’en pratique l’appel ne s’adresse pas aux partis qui ne souscrivent pas à une telle orientation. On voit mal en effet l’Est politique se mobiliser pour une osmose combattante avec Damas, comme le propose au fond M. Berry. Et on se demande d’ailleurs, avec curiosité, s’il va englober dans ses contacts de formation, des formations comme le PNL, le BN, l’opposition Kataëb, pour ne pas parler des FL ou des aounistes. Il est possible qu’il en inclue certains dans ses concertations, mais pour la forme. Pour qu’on ne lui reproche pas de n’être pas conséquent avec la mission de rassembleur qu’il s’arroge. Mais pour le fond, on doute qu’il aille bien loin sur la voie d’un rapprochement vraiment national. Car l’expérience d’il y a un an lui a appris que certaines exclusions sont encore loin d’être levées. À moins, bien entendu, qu’il y ait secrètement du nouveau de ce côté-là. Et que les centres de décision, qui sont nombreux et fréquemment divergents, se soient accordés pour une grande réconciliation avec le camp dit chrétien. Un tel revirement, au dire de la plupart des observateurs, reste cependant improbable à l’heure où les priorités du péril régional bloquent tout changement de cap. Il n’en reste pas moins qu’en marge de ces considérations, pour majeures qu’elles soient, beaucoup de parlementaires pensent que le pouvoir doit quand même faire un effort d’ordre purement intérieur pour améliorer le climat. Mais assez étrangement, à travers ce refrain en sourdine, c’est un son de discorde qu’on sous-entend. Car ces députés ne cachent pas ensuite qu’à leur avis ce sont plutôt les positions affichées par le régime qui auraient entravé jusque-là le rapprochement avec l’Est. Des critiques voilées, trêve oblige, mais qui entretiennent en coulisses une controverse serrée. Car des ministres proches de Baabda ne manquent pas de répliquer, en soulignant que le chef de l’État ne s’est jamais soucié que de l’intérêt national bien compris. Ce qui nécessite de toute évidence une étroite coopération avec la Syrie, mais n’empêche pas le dialogue avec Bkerké. Ou encore des concertations élargies entreprises à un moment où d’autres affirmaient encore que le dialogue ne pouvait s’inscrire que dans l’enceinte parlementaire. Avant de tourner casaque et de parler de front national. Tout cela montre, si besoin était, qu’en fait de front national on en reste très loin. Même et surtout au sein du même camp. Au pouvoir.
Encore une course éperdue après un arbitrage syrien ? Pas du tout, répondent les loyalistes. Si M. Nabih Berry a fait lundi un saut inopiné à Damas, ce n’est pas pour se plaindre de ses deux partenaires au top niveau du pouvoir local. Car le temps est au beau fixe à ce niveau. Mais pour exposer en détail au président Bachar el-Assad son projet de front national. Et en obtenir...