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Actualités - CHRONOLOGIES

Pessimisme à Moscou sur un rapprochement entre orthodoxes et catholiques

Les mouvances libérale et dissidente de l’orthodoxie russe se sont félicitées jeudi de la visite controversée de Jean-Paul II en Ukraine tout en se montrant pessimiste sur un rapprochement à court terme entre catholiques et orthodoxes. «Le pape a fait un grand pas vers notre Église. Mais comment imaginer qu’Alexis II (patriarche russe), un ex-collaborateur du KGB, demande pardon aux gréco-catholiques pour leurs prêtres fusillés et leurs églises saccagées au profit de l’orthodoxie sous Staline en 1946 ?», a déclaré le prêtre Gleb Iakounine qui a rompu avec l’Église orthodoxe. Le souverain pontife a demandé pardon aux orthodoxes dès son arrivée en Ukraine, samedi, et a béatifié, le jour de son départ pour Rome mercredi, 25 religieux gréco-catholiques, martyrs de la terreur soviétique. «Notre épiscopat n’a même jamais demandé pardon à ses propres prêtres déportés ou exécutés parce qu’ils refusaient de se soumettre au KGB», s’est encore insurgé le père Iakounine, lui-même déporté au goulag. Figure de proue de la dissidence orthodoxe sous le régime soviétique, Gleb Iakounine avait adressé en 1965 une lettre ouverte au patriarcat de Moscou qui décrivait la situation tragique de l’Église orthodoxe, soumise au diktat de l’État. «L’Église orthodoxe préfère se rapprocher de l’État pour mieux lutter contre les catholiques ou les protestants au lieu de chercher à se rapprocher de ses frères et sœurs dans la foi», a-t-il encore affirmé. Le prêtre Gueorgui Tchistiakov, un intellectuel polyglotte attaché à la petite église des saints Côme et Damien non loin du Kremlin, estime pour sa part que le pape est «venu en Ukraine en messager de la paix» et que le «bilan de sa visite ne peut être que positif». «Il est très difficile pour le patriarche d’amorcer un rapprochement avec les catholiques même s’il le voulait. Il doit tenir compte d’une fraction très importante de son Église qui éprouve des sentiments très négatifs envers les catholiques», affirme le père Tchistiakov. «Ce sentiment anticatholique rejoint cette tendance antioccidentale qui est assez populaire aujourd’hui en Russie, vous n’avez qu’à penser à Soljenitsyne», ajoute-t-il. «Il y a 15 ans, ce pays était encore l’empire du mal – j’insiste sur cette expression qui est tout à fait exacte – et, dans ce contexte, les progrès effectués dans le domaine religieux ou de la société civile sont impressionnants», conclut le père Tchistiakov. Un prêtre orthodoxe libéral, Ioann Sviridov, avait assisté mercredi, à titre personnel, à l’office célébré à Lviv (ouest) par Jean-Paul II, un geste en rupture avec la position officielle de l’Église orthodoxe russe. Le patriarche russe Alexis II avait estimé la veille depuis le Bélarus, où il se trouve en visite, que les «divisions entre gréco-catholiques et orthodoxes ne pouvaient être surmontées par une seule déclaration», en référence à la demande de pardon du souverain pontife aux orthodoxes. Un haut responsable de l’Église orthodoxe russe, Arseni Sokolov, a précisé que le séjour du pape «améliorera les relations entre nos Églises à la seule condition que sa déclaration soit confirmée par des gestes concrets». Le patriarcat de Moscou, qui a juridiction sur l’Église orthodoxe ukrainienne, accuse le Vatican de se livrer au «prosélytisme» sur des terres «canoniquement orthodoxes» et d’avoir soutenu les gréco-catholiques lorsqu’ils se sont réappropriés, entre 1989 et 1991, parfois par la force, des paroisses dans l’ouest de l’Ukraine qui leur avaient été confisquées sous Staline.
Les mouvances libérale et dissidente de l’orthodoxie russe se sont félicitées jeudi de la visite controversée de Jean-Paul II en Ukraine tout en se montrant pessimiste sur un rapprochement à court terme entre catholiques et orthodoxes. «Le pape a fait un grand pas vers notre Église. Mais comment imaginer qu’Alexis II (patriarche russe), un ex-collaborateur du KGB, demande...