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Actualités - CHRONOLOGIES

SOCIÉTÉ - Répondre aux angoisses, aux besoins des jeunes, tout en leur fixant des limites - Partenariat écoles, parents, Oum el-Nour - pour une prévention réussie contre la toxicomanie

Sensibiliser les parents et les éducateurs à l’importance d’être constamment à l’écoute des jeunes, mais aussi à la nécessité d’apporter des réponses à leurs problèmes, à leurs interrogations, à leur malaise, afin de les aider à faire des choix libres et responsables, tel est aujourd’hui le programme de prévention que le regroupement Oum el-Nour pour la réhabilitation des drogués envisage de créer. Une prévention dont il envisage de faire sa seconde vocation, au même titre que la réhabilitation, pour répondre aux besoins du pays, face à une toxicomanie sans cesse grandissante. Si l’action du regroupement Oum el-Nour s’est concentrée, depuis 1989, sur l’aide aux toxicomanes, afin de les sortir de l’enfer de la drogue, l’association doit répondre, aujourd’hui, aux sollicitations des écoles, universités, paroisses et autres organismes s’occupant de jeunes, qui réclament des interventions de prévention. Ceci dans le but d’éviter ou du moins réduire les graves effets de la toxicomanie sur les plans physique, psychologique et social. «Non seulement la désintoxication et la réhabilitation coûtent cher, mais elles sont difficiles et aléatoires, explique Nadi Sfeir, responsable du bureau de prévention. Car le résultat est incertain, puisque de nombreuses personnes n’arrivent pas à s’en sortir. C’est la raison pour laquelle nous avons préparé ce projet de création d’un programme et d’un centre de prévention». Une prévention qui, par le biais des parents et des éducateurs, serait ciblée sur les jeunes, et tenterait de répondre à leurs angoisses, leur malaise et leurs besoins, tout en leur fixant des limites, pour les aider à faire des choix plus libres et plus responsables. Une prévention qui apprendrait aux jeunes à profiter des petits plaisirs de la vie réelle et à s’épanouir sans avoir recours aux drogues, qui procurent, elles, des plaisirs artificiels. «Car, ajoute Nadi Sfeir, la toxicomanie est une réponse inadéquate à un manque, un désir, une faiblesse ou un besoin que le jeune n’arrive pas à résoudre ou à satisfaire par des moyens sains et constructifs. Et ce n’est pas en sermonnant un adolescent que l’on pourra l’empêcher de se droguer, mais plutôt en lui présentant une alternative à son manque, en lui apprenant à vivre ses problèmes et à les accepter afin de les surmonter». Et de déplorer l’attitude de certains parents qui ont tendance à trop faciliter les choses à leurs enfants, ce qui encourage les adolescents à fuir les épreuves, et à refuser de les confronter, pour éviter de souffrir, dans une recherche constante de la facilité. Et pourtant, insiste le responsable du bureau de prévention, ce n’est qu’en affrontant une épreuve qu’on apprend à la dépasser et à accepter les difficultés de la vie. C’est la raison pour laquelle les campagnes de répression, d’information et de dissuasion, telles qu’elles ont été menées jusqu’à présent, c’est-à-dire sans l’accompagnement des jeunes, n’ont jamais abouti au moindre résultat. Au contraire, selon des études scientifiques entreprises en Belgique, elles auraient même contribué à attirer l’attention des jeunes sur le produit, et à les encourager à transgresser les interdits de la société, précise-t-il. La prévention à trois niveaux Conformément aux normes fixées par l’Organisation mondiale de la santé, le travail de prévention se situe à trois niveaux. En effet, la prévention primaire vise à s’adresser aux jeunes qui n’ont pas été confrontés à la toxicomanie et se déroule généralement dans les écoles et les universités. Le travail auprès de consommateurs occasionnels, qui ne sont pas encore devenus toxicomanes mais qui constituent une population à risque, représente la prévention secondaire. Quant à la prévention tertiaire, qui consiste en une prise en charge thérapeutique des toxicomanes, elle est plutôt curative et englobe le travail de réhabilitation jusque-là réalisé par le regroupement Oum el-Nour. C’est donc aux niveaux primaire et secondaire que le regroupement envisage de centrer son action de prévention. Une action qui se fera en partenariat avec les acteurs directs sur le terrain, en l’occurrence parents et éducateurs, qui sont constamment avec les jeunes. «Nous apporterons notre savoir, mais la prévention viendra de leur action», précise Nadi Sfeir. Hormis la campagne de prévention étalée sur l’année scolaire, le programme inclut la création d’un centre d’information, de formation, de recherche et de documentation qui envisage de devenir un observatoire des drogues et du problème de la toxicomanie au Liban. Un centre qui sera au service des professionnels mais aussi des jeunes et de toute personne désireuse de s’informer de l’ampleur du problème, mais dont la réalisation nécessite un soutien matériel pour la création de l’équipe de travail et pour l’aménagement du local. Si les demandes affluent depuis la création du projet de prévention, les mentalités rétrogrades et le tabou relatif à la drogue représentent autant de freins à l’urgence de centrer la prévention sur la personne et non seulement sur le produit. Car, conclut le directeur du projet, la toxicomanie n’est pas un virus qui s’attrape accidentellement, mais un refuge qui découle non seulement de la rencontre avec la substance, mais de la présence simultanée de nombreux facteurs, autant socioculturels que personnels.
Sensibiliser les parents et les éducateurs à l’importance d’être constamment à l’écoute des jeunes, mais aussi à la nécessité d’apporter des réponses à leurs problèmes, à leurs interrogations, à leur malaise, afin de les aider à faire des choix libres et responsables, tel est aujourd’hui le programme de prévention que le regroupement Oum el-Nour pour la...