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Actualités - CHRONOLOGIES

France - Préparatifs fébriles à la veille de la visite du jeune président - Assad expliquera à Chirac la portée du redéploiement syrien au Liban

À quarante-huit heures de l’arrivée en visite d’État à Paris du président Bachar el-Assad, la tension que provoquait dans certains milieux la venue du leader syrien a cédé la place à une certaine fébrilité, notamment au niveau des préparatifs, tant dans les cercles gouvernementaux français qu’au sein de la communauté syrienne de Paris. Cette détente résulte, non seulement de l’entretien diffusé jeudi soir par M. Assad sur France 2, dans lequel il s’est défendu d’avoir tenu des propos contre les juifs, éliminant de ce fait le principal grief retenu contre lui par la communauté israélite de France, mais aussi par la publication du programme de la visite d’État, qui a mis un terme définitif aux spéculations sur l’annulation de certaines manifestations, notamment la réception de l’Hôtel de Ville et la remontée des Champs-Élysées en cortège motorisé. La délégation présidentielle syrienne comprendra le vice-président Abdel-Halim Khaddam, le ministre des Affaires étrangères Farouk el-Chareh, le ministre de l’Enseignement supérieur Hassan Richeh, le ministre de l’Économie Mohammed el-Imadi, le ministre des Transports Makram Obeid et l’ambassadeur de Syrie en France Élias Nehmé. Dans le sillage de la délégation officielle, une «équipe technique» du ministère syrien des Affaires étrangères conduite par Mme Siba Nasser, vice-ministre des AE (ancienne directrice de la section Europe occidentale à ce même ministère et ex-ambassadrice auprès de l’Union européenne), est attendue ainsi qu’une importante mission d’hommes d’affaires et le président du conseil municipal de Damas, M. Ghassan Laham. Une absence remarquée dans la suite du président syrien, celle du ministre (francophone) du Plan, M. Issam el-Zaïm, qui pourtant gère les principaux dossiers économiques, notamment celui du partenariat avec l’Europe. Les dossiers figurant à l’ordre du jour des entretiens franco-syriens de lundi et mardi correspondent en fait aux attributions et fonctions des principaux membres des délégations invitées. Ainsi, le projet d’ouverture à Damas d’une section de la célèbre HEC française pourrait connaître un début de concrétisation lors des rencontres du ministre de l’Enseignement supérieur Hassan Richeh avec son homologue français, alors que des projets de partenariat pourraient être étudiés au cours de la réunion que tiendra la délégation d’hommes d’affaires syriens avec le président et les dirigeants du Medef. Enfin, le président du conseil municipal de Damas pourrait examiner avec les autorités françaises compétentes le projet de construction d’un métro dans la capitale syrienne. Les dossiers politiques Pour ce qui est des dossiers politiques, ils s’articuleront, selon des milieux diplomatiques arabes bien informés, autour de trois thèmes principaux, à savoir la position syrienne dans le conflit israélo-arabe, la situation dans les zones autonomes palestiniennes et en Cisjordanie en général et la présence syrienne au Liban. Et si, sur le premier et le deuxième point, le président Assad n’aura rien de réellement nouveau à dire et se contentera de rappeler des positions et de développer des arguments que MM. Chirac, Jospin et Védrine connaissent déjà, le troisième thème, c’est-à-dire celui du Liban, pourrait faire l’objet d’une étude approfondie et les dirigeants français ne manqueront pas de s’enquérir de la suite des événements. Ils pourraient même, laissent entendre les milieux diplomatiques susmentionnés, prodiguer des conseils pour une poursuite qualitative et quantitative du retrait syrien des grandes villes libanaises. À cet égard, le récent redéploiement des troupes syriennes au Liban sera perçu à Paris et expliqué par M. Assad au président Chirac non seulement comme étant un simple geste de bonne volonté, mais aussi comme un véritable tournant dans la politique syrienne au Liban, politique visant à rétablir un indispensable climat de confiance entre Damas et tous les courants politiques libanais. Sur les questions de fond, le président Assad insistera sur la détermination de la Syrie de continuer à œuvrer pour une paix juste et durable dans la région ainsi que sa volonté de s’opposer à la politique israélienne telle que pratiquée par Ariel Sharon. Il évoquera également au cours de ses entretiens officiels le rôle de la Syrie en tant que terre de coexistence entre les diverses communautés religieuses, rôle qui s’est réaffirmé lors de la récente visite du pape en terre syrienne. Sur le terrain, le Rassemblement pour le Liban (aouniste) prépare une série de manifestations qui, contrairement à celles qui avaient ponctué la récente visite du président Lahoud en France, se traduiront par de paisibles rassemblements en certains points de la capitale française ou des interventions de parlementaires français au cours de la séance de travail que tiendra le chef de l’État syrien mardi après-midi à l’Assemblée nationale. D’autre part, des associations juives de France ne manqueront pas de perturber la visite du président syrien par des rassemblements et des campagnes de presse qui ont déjà commencé avec le rappel de son discours à Damas lors de la visite du pape et dont certains passages sont encore qualifiés d’antisémites par ces associations, malgré les éclaircissements apportés jeudi soir par le principal intéressé à la télévision française. Certains journaux parisiens jouent une autre carte antisyrienne et soulèvent l’affaire de la brève détention du journaliste Nizar Nayyouf pour laquelle se mobilisent, depuis quelques jours seulement, des associations militant pour les droits de l’homme et les libertés individuelles. Dès hier vendredi, des dizaines de journalistes syriens et libanais affluent vers Paris pour couvrir la visite du président syrien, et le Quai d’Orsay a établi une procédure spéciale d’accréditation. Le président Assad sera d’ailleurs accompagné par une importante délégation de représentants de médias écrits et audiovisuels et un avion spécial en provenance de Beyrouth emmènera sur les rives de la Seine des journalistes libanais qui pourraient être plus nombreux que nos confrères syriens. Enfin, dans le cadre de son programme spécial, Mme Bachar el-Assad, qui s’intéresse au monde de la finance puisqu’elle a eu des activités dans ce secteur, se rendra à la Banque de France où elle sera accueillie par le gouverneur Jean-Claude Trichet.
À quarante-huit heures de l’arrivée en visite d’État à Paris du président Bachar el-Assad, la tension que provoquait dans certains milieux la venue du leader syrien a cédé la place à une certaine fébrilité, notamment au niveau des préparatifs, tant dans les cercles gouvernementaux français qu’au sein de la communauté syrienne de Paris. Cette détente résulte, non...