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Actualités - CHRONOLOGIES

Social - Deuxième journée de sit-in hier - La tension demeure vive à la MEA

La tension est demeurée vive hier au siège central de la MEA, où le sit-in s’est poursuivi durant toute la matinée. Une réunion syndicale, qui a englobé cette fois les représentants de la CGTL, a débouché sur une éventuelle extension de la grève à tous les secteurs. Encore plus nombreux que la veille, les protestaires se sont succédé au micro des médias pour dénoncer, encore plus violemment, le licenciement collectif annoncé il y a deux jours par le conseil d’administration de la compagnie. Quant au PDG, Mohammed el-Hout, tout comme la veille, il est arrivé tôt le matin avant de s’esquiver dans l’après-midi sous une escorte vigilante des hommes de sécurité… et une pluie de bouteilles d’eau en plastique. Le trafic aérien n’a toujours pas été affecté durant la journée d’hier – «en tous les cas, pas encore», comme l’a noté un reponsable syndical qui reste conscient que cette mesure impopulaire constitue la dernière «arme» à utiliser en cas de refus des autorités de se plier aux revendications syndicales. Le sit-in qui s’est poursuivi hier a réussi à mobiliser la majorité des secteurs administratifs de la compagnie. Le fait marquant de la journée a été la réunion qui a regroupé les trois syndicats de la MEA (le syndicat des pilotes libanais, le syndicat des ouvriers et employés et le syndicat des stewards et des hôtesses), l’Union du transport aérien ainsi que la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL) qui s’est solidarisée avec le mouvement de protestation en apportant son soutien total aux grévistes. À l’issue d’une réunion tenue à huis clos entre les différents responsables syndicaux, la poursuite du sit-in a été décidée, avec la possibilité de recourir à une escalade d’ici au milieu de la semaine prochaine. «Si nous n’obtenons pas de réponses à nos revendications, nous allons être obligés de passer à une action globale», a affirmé le président du syndicat des ouvriers et des employés de la MEA, Hussein Abbas. Il a précisé que la CGTL allait se réunir au début de la semaine prochaine pour envisager d’appeler à une grève générale. «Nous avons accordé un délai de quelques jours aux autorités. Passée cette date, la grève pourrait s’étendre à tous les secteurs», a-t-il souligné. « Une crise politisée » La grève pourrait-elle perturber le trafic aérien ? «S’il y a besoin, elle s’étendra à l’aéroport de Beyrouth. Pour l’instant, nous ne voulons pas user de ce moyen, qui ne nous arrange pas non plus», a dit M. Abbas. À ce sujet, le vice-président de la CGTL, Bassam Tleiss, a affirmé que les syndicats ont pour l’instant suspendu toute décision en ce sens, «afin qu’une négociation réelle puisse être entamée avec l’administration, pour parvenir au meilleur moyen de sauver la compagnie». «Le syndicat des pilotes de la MEA aurait pu inciter les employés à organiser un sit-in. Il aurait ainsi exaucé le vœu de ceux qui veulent obtenir une suspension des activités à l’aéroport et une annulation des vols. C’est ce que nous ne voulons pas», a-t-il dit. M. Tleiss fait ainsi allusion aux accusations de «complot» un terme souvent repris par les protestataires, qui restent convaincus que toute cette crise «est politisée» et que son objectif lointain ne vise en réalité qu’«à faire couler la compagnie». «C’est un dossier politique, bien plus qu’économique, affirme Riad Hariri, le vice-président du syndicat des pilotes. Il y a un projet pour mettre la main sur la MEA. Sous le prétexte de réformer l’administration de la compagnie et de réduire ses dépenses, on provoque délibérément une crise à partir de rien». À l’instar de nombre de ses collègues, M. Hariri accuse le PDG d’incompétence. «Cela fait partie d’une conjuration contre la société. Car lorsque l’on place un conseil d’administration qui n’a aucune expérience dans le domaine de l’aviation, il est clair que la compagnie va subir des faillites. Des plans de sauvetage ont été présentés à plusieurs reprises par des spécialistes. Ils auraient pu servir, au lieu de recourir à des mesures arbitraires comme celles-ci. Ils n’ont jamais été pris en compte», a-t-il dit. Autre mesure prise hier matin, celle d’interdire au PDG Mohammed el-Hout de se rendre lundi matin à son bureau, «quels que soient le prix et les conséquences qui pourraient découler d’une telle mesure», affirme le pilote Ali Sabah, qui s’exprimait au nom des syndicats de la MEA. Les employés étaient venus nombreux, hier matin, mais «un quart d’heure seulement après l’arrivée du PDG, qui, comme hier, s’est à nouveau barricadé dans son bureau», raconte un employé. Devant le bâtiment, les discours des responsables syndicaux se sont succédé, qui réitéraient leur refus de la décision du plan de licenciement et réclamaient une fois de plus la démission de cet «homme impopulaire, auprès d’au moins 90 % des employés». «Comment voulez-vous que nous puissions coopérer avec celui qui est aujourd’hui exécré par ses subalternes ? Le personnel n’est plus du tout motivé», nous confie un syndicaliste, qui dénonce l’arbitaire avec lequel il a procédé au choix des personnes à licencier. Vers 14h30, la foule s’agite, le ton monte et les manifestants se mettent à huer Mohammed el-Hout qui sort de son bureau escorté par une escouade de FSI. Une pluie de bouteilles d’eau en plastique s’abattent autour de lui. Des slogans dénonçant sa gestion et critiquant «ses magouilles» fusent de partout. Le chauffeur démarre en trombe et écrase sur son passage le pied d’un cameraman de la MTV, qui est alors transporté à l’intérieur du bâtiment pour recevoir les premiers soins d’un médecin qui se trouvait sur place. On apprenait aussi qu’une femme enceinte avait été bousculée par un garde du corps de M. Hout. Une maquette représentant un tombeau a été confectionnée pour l’occasion. Il y est inscrit : «Mohammed el-Hout a enterré la compagnie».
La tension est demeurée vive hier au siège central de la MEA, où le sit-in s’est poursuivi durant toute la matinée. Une réunion syndicale, qui a englobé cette fois les représentants de la CGTL, a débouché sur une éventuelle extension de la grève à tous les secteurs. Encore plus nombreux que la veille, les protestaires se sont succédé au micro des médias pour...