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Actualités - CHRONOLOGIES

Social - Des députés du Hezbollah, d’Amal et du PSNS soutiennent les protestataires - Le PDG de la MEA séquestré lors de violentes manifestations -

Des centaines d’employés de la MEA ont déclaré une guerre ouverte hier à leur PDG, Mohammed el-Hout, dès l’annonce par ce dernier d’un plan de licenciements massifs. Les évènements se sont précipités, lorsque, à l’annonce d’un plan de restructuration de la compagnie, ce dernier s’est retrouvé séquestré dans son bureau, assiégé par un grand nombre d’employés en colère, demandant la démission de l’ensemble du conseil d’administration. Les manifestants étaient menés par des députés du Hezbollah, du mouvement Amal et du PSNS. Malgré des négociations intensives en cours de journée, aucune issue n’a été trouvée à cette crise. Les syndicats professionnels semblent en tout cas décidés à poursuivre le mouvement de grève. Protégé par les FSI venues au secours du PDG, qui a finalement été libéré, le siège central de la MEA s’était transformé hier en une arène en folie. Rassemblés autour d’un feu sous un soleil cuisant, les employés de la MEA brûlaient les notifications de licenciement et les formulaires de démission. D’autres détruisaient le document relatif au projet de restructuration de la société, qui doit entrer en vigueur à partir du 1er juillet. La journée avait commencé très tôt dans le périmètre de l’aéroport de Beyrouth, où tout le monde, pratiquement, prévoyait l’explosion d’hier. Mohammed el-Hout d’abord. Arrivé à son bureau plus tôt que d’habitude, «à six heures» selon la version des syndicalistes, «il s’enferme déjà, car il savait ce qui l’attendait, ayant distribué la veille la liste des noms aux directeurs des départements», nous confie un employé. «Les rumeurs se sont propagées hier (mercredi) et le mouvement de grève a été immédiatement décidé. Nous avons été choqués par cette décision, surtout que le président de la Chambre Nabih Berry nous avait promis il y a quelques jours que les licenciements ne seront pas décidés arbitrairement», soutient un autre syndicaliste. Le gouvernement avait annoncé en mai son intention de réduire les frais des secteurs déficitaires et le Premier ministre Rafic Hariri avait fixé au 1er juin la date du début des licenciements à la MEA, sans en préciser le nombre. M. Hout a évoqué la supression de 1 200 emplois. Dans les milieux syndicalistes, on parlait hier de 1 441 postes supprimés. «Cette date étant passée, nous avons pensé qu’il y aurait peut-être une solution. Or nous avons été surpris ce matin par cette décision qui nous est tombée sur la tête comme la foudre», affirme Mohammed. Sur le terrain, le mécontentement s’est fait immédiatement sentir. En apprenant la nouvelle, le choc était énorme pour certains, qui se sont évanouis sur le coup. Trois personnes ont dû être transportées à l’hôpital. On ne saura pas si la raison de leur malaise était due au fait que leur nom figurait parmi ceux qui ont été licenciés, ou à cause de la tension générale qui régnait. Les trois syndicats professionnels (le syndicat des aviateurs libanais, le syndicat des ouvriers et employés de la MEA et le syndicat des stewards) se sont donné le mot pour suspendre le travail, et ont immédiatement réclamé la démission du conseil d’administration. Arrivés à 9h, les députés du Hezbollah, du PSNS et du mouvement Amal, dont Ali Ammar, Ammar Moussawi, Marwan Farés, Ali Hajj Hassan et Ali Khreiss, sont venus rejoindre les rangs des manifestants pour exprimer leur solidarité avec les employés. Ils ont dénoncé les mesures prises par l’administration de la MEA et ont réclamé que des enquêtes soient menées pour faire la lumière sur «certains dossiers» qu’ils estiment «louches», mais «déjà connus du grand public», notamment l’affaire de la transaction avec Singapour. «En réalité, c’est le discours des députés du Hezbollah qui est venu mettre le feu aux poudres», affirme un témoin qui a voulu garder l’anonymat. «Ils sont venus inciter les manifestants à s’élever contre la politique du gouvernement, en affirmant qu’un complot est actuellement fomenté contre la MEA, accusant le Premier ministre d’être le premier responsable de cette crise», affirme cet homme. La scène qui s’ensuivit fut tragi-comique, poursuit ce témoin. Sitôt les députés partis, les manifestants se sont rués vers le bureau du PDG, l’un d’eux brandissant une immense massue. «Si le PDG ne s’était pas enfermé, je pense qu’il aurait certainement était blessé, vu l’état d’excitation dans lequel les syndicalistes se trouvaient», note Moustapha. La colère était réelle et pouvait à peine être contenue par les agents des FSI dépêchés sur les lieux pour protéger le PDG. Les manifestants sont quand même parvenus à la porte de ce dernier et l’ont enfermé une seconde fois en plaçant un autre cadenas de l’extérieur, qu’ils ont retiré aussitôt après. Entre-temps, l’eau, l ’électricité et le téléphone ont été coupés au niveau de l’immeuble où Mohammed el-Hout s’est retrouvé assiégé par les manifestants en furie. «Nous ne sommes pas obligés de payer les pots cassés et de subir les frais de la mauvaise gestion pratiquée par Mohammed el-Hout», nous confie un employé qui dresse l’historique de ce qu’il appelle la politique de «pillage» et de «gaspillage» pratiquée par le PDG et sa «clique». L’un des manifestants le traitera «d’agent sioniste». Ce refrain, nous l’entendrons en versions multiples par plusieurs syndicalistes qui en veulent à mort à Mohammed el-Hout et à son conseil d’administration, ce qui fera même dire au président du syndicat des ouvriers et des employés de la MEA, Hussein Abbas, qu’il compte présenter une information judiciaire au Parquet financier concernant ce dossier. Bref, les syndicalistes étaient déterminés à poursuivre le mouvement de grève. «Il doit quitter la compagnie quelles que soient les circonstances, et le mouvement se poursuivra jusqu’au départ du conseil d’administration et jusqu’à l’obtention de nos droits», avait affirmé Hussein Abbas en cours de journée. «Nous sommes prêts à collaborer au plus haut point avec n’importe quel autre nouveau conseil d’administration. Mais aucune concertation n’est plus possible avec l’actuel». Il signifiait par là que toutes les tentatives de négociations qui avaient eu lieu jusque-là avaient échoué. Avec pour seul moyen de contact avec l’extérieur son mobile, isolé dans son secteur par les agents des FSI qui sont finalement parvenus à interdire l’accès à son immeuble à tout individu, Mohammed el-Hout a déclaré aux agences de presse : «Si les manifestants veulent poursuivre l’escalade qui va mener à l’arrêt des activités de la compagnie, c’est eux qui devront assumer la responsabilité de l’avenir des 4 000 employés restants». Il a également menacé de suspendre le paiement des indemnités de ceux qui ont été licenciés. «Ceux qui protestent aujourd’hui ne comptent pas plus de 250 personnes au grand maximum, a-t-il encore dit. Cette poignée de gens peut-elle décider de l’avenir de la compagnie et de l’aéroport de Beyrouth ?», s’est interrogé le PDG de la MEA. Mohammed el-Hout a finalement été libéré de son bureau vers 17 h, sous bonne garde. Il s’est contenté de lancer un sourire aux employés qui le huaient, en réclamant une fois de plus sa démission. En fin d’après-midi, un communiqué conjoint des syndicats des ouvriers et des employés de la MEA et de celui des stewards a indiqué que la manifestation se poursuivra jusqu’à 20 h, «pour permettre aux responsables (nommément, le chef de l’État, le président de la Chambre, le Premier ministre, les ministres et députés) de trouver une solution et de désigner un conseil de tutelle afin d’étudier ce dossier».
Des centaines d’employés de la MEA ont déclaré une guerre ouverte hier à leur PDG, Mohammed el-Hout, dès l’annonce par ce dernier d’un plan de licenciements massifs. Les évènements se sont précipités, lorsque, à l’annonce d’un plan de restructuration de la compagnie, ce dernier s’est retrouvé séquestré dans son bureau, assiégé par un grand nombre...