Baabda - Le Liban informé des préparatifs du prochain sommet arabe de Beyrouth - Amr Moussa : « La situation régionale se complique»

Le chef de l’État, le président Émile Lahoud, a été informé hier des préparatifs du prochain sommet arabe de Beyrouth, qui se tiendra en mars prochain, et a approuvé la volonté de réforme de la Ligue arabe manifestée par son nouveau secrétaire général, M. Amr Moussa, qu’il a reçu au palais de Baabda. Ce dernier a fait part au chef de l’État de ses inquiétudes au sujet de la situation régionale. Devant les journalistes, M. Moussa n’a pas ménagé ses critiques à la Ligue arabe, aux destinées de laquelle il préside depuis le départ d’Esmat Abdel Méguid. «Les choses doivent changer. La Ligue arabe ne peut continuer comme elle le fait», a-t-il dit, dénonçant une Ligue arabe «négligée et négligente», fixée de façon obsessionnelle sur le politique, et oubliant qu’il existe des aspects proprement sociaux de la vie de la nation arabe qui ne sont jamais soulevés, ou encore des questions économiques, ou culturelles, ou proprement sécuritaires. Au sujet de la situation régionale, l’ancien ministre égyptien des Affaires étrangères a eu des mots inquiétants. «Je ne suis pas optimiste», a-t-il déclaré, soulignant en substance que ce n’est pas par des rencontres formelles, des sourires et des photos de Yasser Arafat saluant Shimon Pérès que se mesure le progrès, mais au fait que les sujets fondamentaux sont abordés tels que celui de Jérusalem, des réfugiés, du retrait ou du gel de la colonisation. M. Moussa a critiqué l’approche purement sécuritaire adoptée par les Israéliens et les Palestiniens, sous la direction du chef de la CIA. «Il est clair que la crise se complique, que la tension monte et que l’on ne se dirige pas vers un règlement. J’espère me tromper, mais je ne suis pas tranquille», a-t-il commenté. Les ministres arabes de l’Information Par ailleurs, le chef de l’État a reçu hier les ministres arabes de l’Information qui participent aux travaux de leur conférence annuelle. M. Lahoud a exhorté les responsables à se forger une «vision commune» de leur lutte contre «la désinformation et le dénigrement» des causes arabes justes par les médias et le lobby sionistes. Le congrès s’est achevé hier sur une série de résolutions (Voir par ailleurs). Mardi soir, les ministres arabes, ainsi que M. Amr Moussa, avaient assisté à un dîner offert par M. Issam Farès, qui en avait habilement profité pour rappeler aux représentants des pays arabes les engagements financiers pris par leurs pays à l’égard du Liban. M. Farès avait notamment évoqué le sommet arabe de 1979 (2 milliards de dollars promis dont moins du quart ont été versés), la conférence de Taëf en 1979 qui avait décidé de la création d’un fonds d’aide au Liban, le congrès des amis du Liban de Washington, en 1997 et le congrès des ministres arabes des Affaires étrangères qui s’est tenu au Liban en février 2 000, et dont on attend toujours les décisions concrètes. M. Moussa était allé lui aussi de ses critiques, réclamant des ministres arabes une prise de conscience plus vive des faiblesses de la Ligue arabe, de «son manque de volonté». Hier, les ministres arabes ont effectué le pèlerinage politique du Liban-Sud : Khyam, porte de Fatmé et Cana. Le soir, M. Moussa a rencontré M. Rafic Hariri, au Grand Sérail. Il avait, en début de soirée, reçu la visite de M. Walid Joumblatt à l’hôtel Bristol.