Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

Débat budgétaire - Bons du Trésor pour deux milliards de dollars, mais sous surveillance parlementaire - Deux clans que tout semble pour l’instant - séparer s’affrontent place de l’Étoile

Questions : Que cachait donc la surprenante animosité de Nabih Berry et son espèce d’acharnement à l’encontre de Rafic Hariri, avant-hier ? Trop appuyés pour être vraiment sincères... Et pourquoi Misbah Ahdab, pourtant très haririen, a-t-il asséné, toujours avant-hier, au gouvernement ses quatre vérités ? Réponses : Elles ont été données hier. Toujours place de l’Étoile. Deux clans que tout semble désormais séparer s’affrontent place de l’Étoile. Et au dehors aussi. Larvées, ou alors grondant en plein hémicycle, les tempêtes étaient hier de mise place de l’Étoile. Et à tous les niveaux. Entre le gouvernement et les députés. Entre les députés eux-mêmes. Au sein du gouvernement... Tout cela mettant ainsi en pleine lumière, et pour une énième fois, la véritable plaie qui n’en finit plus de gangréner la vie politique libanaise : les tiraillements au sein du pouvoir. De la troïka, et de ses «annexes». Sauf que cette fois-là, avec tous les déballages, toutes les insultes, toutes ces tempêtes, auxquels les Libanais ont eu droit depuis déjà neuf séances consacrées au débat budgétaire, il apparaît de plus en plus nettement que cette troïka n’obéit plus vraiment aux règles qui la régissent depuis au moins dix ans. C’est-à-dire que l’heure n’est plus – du moins pour l’instant, parce que cela pourrait changer à n’importe quel moment – à cette constante qui implique une régulière alternance du «deux contre un». Aujourd’hui, l’alternance est bloquée : ce sont les mêmes deux – Nabih Berry et Rafic Hariri – contre le troisième. Un troisième – Émile Lahoud – fortement épaulé par un parti, le Hezbollah, et par un important organisme de «sécurité politique». En ajoutant à tout cela un électron libre, un leader national à l’incontestable envergure : Walid Joumblatt. Électron libre (libre de jouer les intermédiaires, les conciliateurs, voire même les rassembleurs), parce qu’en même temps allié solide du Premier ministre et chantre du dialogue – notamment avec le n°1 de l’État. Plus, évidemment, un important point d’interrogation : la Syrie. Évidemment. Qui peut, et qui continue, au grand dam de tous les vrais Libanais, à (pouvoir) faire pencher la balance en faveur de l’un ou de l’autre des deux camps. Joumblatt-Hezbollah : le clash Cette nouvelle équation au sein du pouvoir a été largement prouvée, mise en pratique, hier, sur le terrain. En plein hémicycle. Avec la suite du débat sur le piratage des communications internationales d’abord – à l’heure où l’on murmure de plus en plus dans les couloirs du Parlement que le Hezbollah en serait l’un des principaux bénéficiaires. Au moment, surtout, où les députés débattaient de l’article 21 de la proposition de budget – qui en comporte 75. Et plus particulièrement de l’amendement concernant les 300 milliards de livres libanaises que le gouvernement a décidé, avant-hier, d’allouer à la région de Baalbeck-Hermel. Le chef du PSP, Walid Joumblatt, a parlé au nom des députés de son bloc, demandant à Nabih Berry de retirer la proposition de voir allouée une aide substantielle à la région d’Aley et du Chouf. Le leader druze a estimé que ces différentes demandes de subventions commençaient à avoir des portées politiques, surtout que tout cela nécessite, à son sens, un plan directeur, «Beyrouth, elle-même, est dans le besoin». Ce qu’il ne souhaite pas, a-t-il dit, c’est d’entendre le Hezbollah dire que «Walid Joumblatt fait de la concurrence à la région de Baalbeck-Hermel» «Il y a des susceptibilités froissées en ce moment... J’ai dû attendre trois jours pour avoir mon visa pour l’Iran. Je n’allais pas dire non à Rafic Hariri qui m’avait invité. C’est un malentendu, encore un, et cela a commencé avec les fermes de Chebaa. Je retire donc cette proposition à cause de ces susceptibilités, à cause aussi de tout cet argent qui a été dépensé par le biais des soucoupes volantes et autres services de renseignement... Et ce que nous avons aussi découvert, ce sont ces ilôts de sécurité, là où l’on vole l’argent des citoyens», a dit, lentement, calmement, Walid Joumblatt. Qui, même s’il lit en plein hémicycle le bottin, serait écouté par toute l’Assemblée. Hussein Husseini a juste eu le temps de remercier «son ami Walid bey» et de demander que soit juste appliqué le plan quinquennal initié par le cabinet Hoss. Parce que le député hezbollahi de Baalbeck-Hermel Ammar Moussawi s’est levé et a hurlé. Que c’est honteux. Que c’est honteux de parler de Chebaa, de soucoupes volantes, de l’argent volé, «nous savons comment l’argent public a été volé. Nous sommes les gens les plus nobles, et nous avons, de notre sang, libéré ce pays. C’est honteux», a-t-il répété, constamment interrompu par Nabih Berry, qui lui intimait, avec le même volume de voix et à plusieurs reprises, de s’asseoir. Qu’il ne lui avait pas donné la parole. Les députés hezbollahi de Baalbeck-Hermel de sortir de l’hémicycle, comme un seul homme, pour y entrer de nouveau un peu plus tard. On dit même que les collègues hezbollahi d’Ammar Moussawi n’auraient pas beaucoup apprécié qu’il ait, ainsi, perdu ses nerfs. Et dans le hall du Parlement, il y a eu une petite explication entre ce dernier et Akram Chehayeb. Et plus tard, Mohammed Fneiche, devant les journalistes, s’est fortement «étonné» de l’intervention du chef du PSP. Il n’empêche, l’article 21 a été suspendu, et ce jusqu’à la fin du débat. Tout cela sans oublier qu’avant-hier, ce sont les députés du Hezbollah qui avaient soutenu les centaines de manifestants qui s’en sont violemment pris au gouvernement et au Premier ministre. Ce qui fait que tout cela commence indiscutablement à ressembler à une guerre larvée. Pour l’instant. L’indispensable vigilance du Parlement Quoi qu’il en soit, les députés ont consacré plus d’une heure et demie – la séance aura duré quatre heures – à l’examen et au débat, souvent ardent, de l’article 5 du budget 2001. Au sujet duquel Nassib Lahoud a exprimé de sérieuses réserves. L’article 5 concerne l’autorisation d’obtention de crédits en bons du Trésor – par le gouvernement cela s’entend – avec un plafond maximal de 2 milliards de dollars. Les députés ont mis en cause la conversion de la dette interne en dette externe. Également mis en cause, une véritable hérésie : «Cet article ôte à la Chambre ses prérogatives constitutionnelles», ils ont estimé que l’endettement ne devrait pas être utilisé pour rééchelonner la dette, ou que la structuration de la dette est chose bien plus dangereuse qu’un 17 mai... Ce qui fait qu’après un éclaircissement de Rafic Hariri et un amendement de Boutros Harb, l’article 5 a donné ceci : le gouvernement pourra contracter des dettes jusqu’à deux milliards de dollars, mais tout devra rester sous la surveillance du Parlement. Et Nabih Berry d’insister sur le fait que la Chambre refusera tout pouvoir exceptionnel que s’arrogerait le gouvernement, affirmant que «si 2 milliards, ce n’est pas suffisant, eh bien le gouvernement pourra demander une “augmentation”. Mais il faudra que rien ne se fasse d’une façon anarchique». La séance s’était d’ailleurs ouverte par un débat autour de la betterave. «Est-ce que le budget compte soutenir la betterave sucrière ?», a demandé l’incontournable Nicolas Fattouche, dont chaque proposition d’amendement a été, hier, rejetée. «Je m’en fous, l’Histoire les retiendra...», se console-t-il, à sa façon. La réponse de Hariri : il faut que l’on se concentre sur la production, en achetant des betteraves et en les transformant en sucre, «sinon, comment en profiterait-on ?» Quant à l’article 18, concernant le dossier des avances du Trésor, et notamment au sujet du Haut comité de secours, il a été assez critiqué par Nassib Lahoud, auquel se sont joints Hussein Husseini et Boutros Harb. Berry à Hariri : «Vous avez toujours tenu à appliquer la loi. Et ce qu’il faudrait, c’est octroyer des avances du Trésor à des entreprises capables de produire ou qui ont la propension à la production. Et en ce qui concerne le HCS, quand vous lui donnerez des avances du Trésor, eh bien le gouvernement viendra au Parlement avec une loi». Et l’article a été approuvé amendé. Bref, 61 articles ont été approuvés, la quasi-majorité d’entre eux à la vitesse de la lumière. Il en reste 14. Et le vote. Qui, répétons-le, ne réservera – à moins d’un réel tremblement de terre – aucune surprise. La poursuite du débat et le vote sont prévus aujourd’hui, dès 10h30. Et ensuite ? «Ensuite ? Advienne que pourra. Le Liban aura au moins un budget», sourit, un peu jaune, une source parlementaire...
Questions : Que cachait donc la surprenante animosité de Nabih Berry et son espèce d’acharnement à l’encontre de Rafic Hariri, avant-hier ? Trop appuyés pour être vraiment sincères... Et pourquoi Misbah Ahdab, pourtant très haririen, a-t-il asséné, toujours avant-hier, au gouvernement ses quatre vérités ? Réponses : Elles ont été données hier. Toujours place de...