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Actualités - CHRONOLOGIES

CORRESPONDANCE - Les mises en scène picturales de Delia Brown pour créer un faux-réel

WASHINGTON-Irène Mosalli Il y a les salons littéraires, les salons où l’on cause et les salons où Delia Brown reçoit ses invités dans la seule intention de les intégrer dans ses peintures. C’est-à-dire qu’elle met elle-même en scène ses modèles pour réaliser des scènes du quotidien. Pas n’importe lequel, celui placé sous le signe du luxe et de la volupté. Pour obtenir ce faux- réel, elle va encore plus loin. Après avoir placé ses personnages dans un décor, également de sa propre conception, elle fait appel à un photographe qui les saisira dans une attitude donnée. Et, c’est à partir de ces photos qu’elle réalisera ses tableaux qui se veulent un miroir de la culture contemporaine argentée. Tout récemment, elle en était à sa deuxième exposition new-yorkaise. Initialement artiste de rap, elle trempe ses pinceaux dans une contestation tout en glamour de la superficialité du mode de vie des «Rich and Famous». Elle connaît bien cette caste qu’elle côtoie à Los Angeles où elle est installée. Un concept qui donne des aquarelles qui sont des scènes d’existence faites de réceptions, de farniente autour de la piscine, de «tea parties» et autres rencontres du genre. Dans ces compositions, tout ce monde superbement vêtu de tenues haut de gamme se prélasse dans un cadre super luxueux et sirote immanquablement du Moët et Chandon. Ultime désinvolture, entre chaque gorgée, on puise dans de vulgaires sacs de chips et de tortillas. Les séances devant la télé et les «pyjamas parties» ne donnent jamais dans le débraillé : quoi que fasse cette assistance, elle reste dans la note du nec plus ultra. La soutenable légéreté de l’être «Ces images sont plus que du trompe-l’œil, dit l’artiste. Elles sont du pur toc. Ici, le luxe et les privilèges sont fabriqués de toute pièce pour un temps éphémère. Je ne suis pas intéressée par la vérité du moment. Ce qui m’importe, c’est de poser une question : pourquoi est-il donné à certaines personnes, et pas à d’autres, la possibilité d’expérimenter la facilité et l’opulence ?». À son tour, elle suscite l’interrogation suivante : est-elle l’équivalente moderne de Mary Cassatt (peintre des intérieurs heureux du XIXe siècle) ou des ordonnatrices de bacchanales ? En fait, les nombreux objets qu’elle utilise avec soin et qu’elle place avec recherche sont là pour leur signification emblématique, autant que pour créer un cadre. Elle opte notamment pour des tapis, des verres, de la porcelaine, des meubles et des garde-robes provenant de chez les griffes les plus prestigieuses. Autre détail important, le peintre se met toujours dans ses toiles aux côtés de ses invités-modèles. Non pas pour se faire voir, mais pour faire partie intégrante de ce monde interlope. Peut-être parce qu’il n’est pas le sien mais sûrement pour mieux absorber ses fantaisies et ses lubies, avant de leur donner formes et couleurs. Son intention aussi est de créer un sentiment parallèle d’admiration – rejet devant ces spectacles si séduisants et si exclusifs. D’où les titres de ces expositions, «What, are you jealous ?», «Tableaux vivants» et «Suite life». Autant d’images qui ont pour cadre des manoirs et autres résidences fastueuses de Malibu. Une fois ses toiles achevées, le décor est démonté et évacué et l’artiste et les modèles reprennent le chemin d’un quotidien beaucoup moins «glamourous». On ne peut pas dire cependant que tout est vanité, car restent ces peintures-évasion, répondant à la soutenable légèreté de l’être…
WASHINGTON-Irène Mosalli Il y a les salons littéraires, les salons où l’on cause et les salons où Delia Brown reçoit ses invités dans la seule intention de les intégrer dans ses peintures. C’est-à-dire qu’elle met elle-même en scène ses modèles pour réaliser des scènes du quotidien. Pas n’importe lequel, celui placé sous le signe du luxe et de la volupté. Pour...