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Actualités - ANALYSES

Multiples spéculations sur la portée du dialogue initié par le régime

À tout seigneur tout honneur. Le président Émile Lahoud monopolise la vedette, sur la scène politique, par le large mouvement de dialogue qu’il entreprend ces derniers temps. Mais les avis sur la portée d’une telle initiative sont partagés. – Les irréductibles contempteurs du régime affirment ne pas en prendre les démarches au sérieux. Ils n’en attendent rien, disent-ils, et jugent qu’il s’agit là d’une simple opération médiatique de diversion, pour gagner du temps. Comment justifier un tel scepticisme ? «Simplement, répond l’un de ces opposants, par le fait qu’en pratique une opération portes ouvertes à tous ne mène absolument à rien. Le mieux est l’ennemi du bien, et à trop converser avec des horizons aussi disparates, on perd forcément le Nord. Autrement dit, les avis recueillis de la sorte se brouillent et s’annulent les uns les autres. Et le régime reste, en définitive, avec ses idées propres, qui sont connues. On est donc loin, sur le plan concret, de la mission de catalyseur et de rassembleur dont parlent ses thuriféraires.» Alors, pas de dialogue ? «Mais si, rétorque cette personnalité, à cette nuance près que l’approche doit être efficace. Baabda doit aller en profondeur avec les principales tendances représentatives de l’opinion. Sans éparpiller ses efforts, pour effectuer une vraie synthèse, dans des délais raisonnables». – Mais selon un modéré, de telles exigences sont «contradictoires. L’opposition n’a cessé de réclamer, à cor et à cri, une intervention du régime dans le sens d’un dialogue généralisé. Et quand il y souscrit, on le lui reproche ! On prétend aujourd’hui qu’il doit procéder à une sélection de ses interlocuteurs. Comment le pourrait-il, sur quelles bases le ferait-il et quelles seraient les réactions de ceux qui ne seraient pas inscrits sur sa liste de réception ? Oublie-t-on , en outre, que la présidence est tenue, par sa fonction même, d’entendre tout le monde ou personne ? Le chef de l’État ne peut, en tant qu’arbitre ou médiateur, fermer sa porte à aucun demandeur d’audience politiquement qualifié». – Un autre politicien, qui se veut pragmatique, soutient de son côté que «ce tourbillon de concertations n’a pas lieu d’être. Le président n’a pas besoin de recueillir des avis qu’il connaît déjà parfaitement. Il dispose en effet de documents de travail multiples qui lui ont été remis ainsi que des prises de position publiques des différents pôles concernés. Pour tout dire, il sait au millimètre près jusqu’où les uns et les autres lui demandent d’aller dans le seul parcours qui soit vraiment en jeu : le dialogue avec les Syriens. Le chef de l’État dispose de toutes les données, de tous les éléments, pour voir ce qu’on peut ou non réclamer. Il connaît mieux que personne aussi bien le degré de tension intérieure provoqué par le malaise relationnel avec Damas que les impératifs de solidarité avec la Syrie dans la grave situation régionale actuelle. M. Lahoud est le seul interlocuteur officiel que les Syriens acceptent de reconnaître. Et ils ont bien raison en définitive. Car, saisi du manifeste des évêques maronites, de la proclamation de Kornet Chehwane, du communiqué de Dar el-Fatwa, du document du Forum démocratique, il sait très exactement ce qu’il faut négocier». – Une option qu’un loyaliste juge pour sa part «un peu trop précipitée et catégorique. L’heure n’est pas encore aux négociations avec les Syriens. Il faut d’abord apaiser les tensions locales, arrondir les angles, souder les rangs intérieurs. M. Lahoud ne peut pas être le porte-parole d’un pays politiquement divisé. Le dialogue qu’il entreprend a pour but la détente et l’entente, bien plus que la collecte d’avis qui, effectivement, sont déjà connus. Il est également exact que le régime a adopté des décisions dont il ne compte pas dévier. Tant en ce qui concerne la présence syrienne que le non-envoi de l’armée au Sud. Il souhaite donc, lui aussi, faire comprendre son point de vue, sinon le faire admettre par tous. Ceci, dans un souci de promouvoir une unité nationale indispensable en ces heures de danger régional pressant. Sans compter que la lutte contre la récession économique n’est pas possible en ordre dispersé».
À tout seigneur tout honneur. Le président Émile Lahoud monopolise la vedette, sur la scène politique, par le large mouvement de dialogue qu’il entreprend ces derniers temps. Mais les avis sur la portée d’une telle initiative sont partagés. – Les irréductibles contempteurs du régime affirment ne pas en prendre les démarches au sérieux. Ils n’en attendent rien,...