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Actualités - CHRONOLOGIES

FRANCOPHONIE - Grande journée libanaise hier à Paris - Salamé : Le Liban contre une dérive vers la « pensée unique »

Grande journée de la francophonie hier à Paris avec le Liban en vedette du fait qu’il est le pays hôte du IXe sommet de l’OIF prévu en octobre prochain à Beyrouth. Deux événements ont marqué cette journée, à savoir une conférence de presse donnée au Cape (Centre d’accueil de la presse étrangère) par M. Ghassan Salamé, ministre de la Culture chargé des préparatifs du sommet et le coup d’envoi du Xe Festival francophonie métissée organisé par le Centre Wallonie-Bruxelles de Paris et dont le thème, cette année, est «L’exception libanaise». La conférence de presse de M. Salamé a été suivie par une soixantaine de journalistes français et étrangers qui n’ont pas manqué de poser de pertinentes questions aussi bien sur le sommet lui-même que sur le dialogue des cultures qui en est le thème. Sur le nombre des chefs d’État qui se rendront personnellement au Liban en octobre prochain – dont cinq seulement auraient jusqu’ici confirmé leur présence, selon des milieux libano-français bien informés –, le ministre libanais a affirmé que les décisions importantes ne seront prises qu’au cours des dernières semaines précédant la conférence. «Ce sommet est important pour le Liban à plus d’un titre», a ajouté M. Salamé, qui a ajouté que ces assises francophones en terre libanaise permettront à notre pays de se repositionner sur la scène internationale grâce, notamment, à la présence au sein de la francophonie à la fois de membres du G7 tels que le Canada et la France, de membres de l’UE ainsi que de pays d’Asie, d’Amérique, d’Afrique et des Caraïbes qui représentent ensemble le tiers de la planète. Soulignant la présence de pas moins de 29 pays africains, le ministre a estimé que «c’est là une occasion sans précédent pour les Libanais de la diaspora de faire connaître leur pays et de renforcer les relations avec le continent africain». Abordant le thème du sommet, le ministre a estimé que «si l’absence de dialogue peut mener à la violence et à la guerre, établir le dialogue et le maintenir est un défi au quotidien ; il s’agit d’une lutte avec soi-même puisque celui qui accepte de dialoguer prend le risque de se laisser transformer par ce processus. Les Libanais ont une contribution intéressante à apporter sur ce thème, et d’abord pour eux-mêmes, afin qu’ils réfléchissent à leur guerre et à leur avenir». «Il nous faut également relativiser l’approche en termes de “choc des cultures ou des civilisations”. Les cultures ne sont pas des acteurs du système international, ce sont des viviers où les acteurs puisent des éléments de représentations et de valeurs pour établir ou rompre le dialogue», a ajouté le ministre. À la veille de la tenue de la IIIe conférence ministérielle de la francophonie sur la culture (Cotonou, Bénin, 14 et 15 juin 2001), M. Salamé a estimé que la préservation de la diversité culturelle et l’accès des cultures locales à la scène internationale impliquent une démarche volontariste et supposent la mise à disposition de moyens financiers. «La culture arabe et les cultures francophones ne doivent pas considérer que leur positionnement commun dans le monde face à une culture jugée dominante doit se faire en concurrence l’une avec l’autre, mais au contraire, en complémentarité, en solidarité. S’il y a une culture dominante, il faut que les cultures qui se considèrent comme menacées se solidarisent et n’entrent pas elles-mêmes en compétition», a dit M. Salamé, qui a affirmé que le sommet francophone doit poser de façon concrète et financière le problème de la défense de «la diversité culturelle» et éviter une dérive vers «la pensée unique». «Nous sommes fiers de notre appartenance à la culture arabe et nous considérons qu’elle peut, avec la francophonie, ensemble, tenter d’arrêter la dérive vers la pensée unique». Et d’enchaîner : «Il ne s’agit pas de rester au niveau des affirmations, du refus d’une éventuelle culture unique. Il s’agit en réalité, en termes pratiques et financiers, de favoriser l’universalisation des “petites cultures” ou des “cultures menacées”, en faisant que les chants africains et les chants arabes, que la peinture naïve des villages de Haute Égypte s’introduisent dans la culture universelle». Concernant la logistique de préparation du sommet, le ministre a indiqué qu’une structure ad hoc interministérielle a été mise en place. «L’organisation d’un tel événement est un véritable défi, mais à ce stade je suis confiant dans l’état d’avancement, qu’il s’agisse de la construction de nouveaux locaux tel le centre de presse et la nouvelle aile de l’aéroport de Beyrouth, de la formation des centaines de bénévoles sur lesquels s’appuiera l’accompagnement des invités ou encore les aménagements sécuritaires». Il a aussi affirmé que le sommet de Beyrouth sera une «opération multilatérale». «La France, a-t-il fait valoir, doit accepter le fait qu’avoir été l’initiateur de ce mouvement francophone ne lui donne pas le droit de le considérer comme une simple extension de son rayonnement diplomatique et culturel dans le monde. Le pays hôte (le Liban) droit rappeler à sa propre population que la francophonie n’est pas un simple alibi pour parler encore une fois des relations libano-françaises». À ce propos, M. Salamé a tenu à remercier les gouvernements de la France, du Canada, du Canada-Québec et la communauté française de Belgique pour leurs contributions et leur appui. Quelque 3 000 personnes, délégations officielles et journalistes, sont attendues à Beyrouth à l’occasion de ce sommet. Le Liban a tenu à associer l’ensemble de la population à ce grand événement, en organisant, dès le mois de février, une année de la francophonie dans tout le pays, avec un grand nombre de manifestations culturelles et artistiques. «Nous avons veillé à ce que tous les Libanais, francophones ou non, toutes communautés et confessions confondues, soient impliqués dans la préparation de ce sommet. Les Libanais, tout en étant fiers d’être arabes, ont toujours été ouverts aux autres langues. Le français est pour eux un choix historique qui n’est pas lié aux vicissitudes politiques, puisqu’il est arrivé au Liban bien avant la colonisation». En soirée, le ministre libanais de la Culture était l’invité d’honneur de la soirée d’ouverture du Xe Festival francophonie métissée organisé par le Centre Wallonie-Bruxelles de Paris, dans les locaux du centre, rue St-Honoré. Il y avait là, outre les animateurs de cette association, des personnalités françaises et étrangères dont M. Charles Josselin, ministre français délégué à la coopération et à la francophonie, des représentants des gouvernements belge et canadien, l’administrateur général de l’AIF, M. Roger Dehaybe, l’ambassadeur du Liban auprès de l’Unesco, M. Antoine Gemha, et plus de quatre cents invités. Les organisateurs la soirée, les ministres Josselin et Salamé, les responsables des instances de la francophonie et le représentant du gouvernement belge ont prononcé des allocutions soulignant l’importance du sommet de Beyrouth et expliquant sa signification pour les pays participants aux niveaux culturel, politique et humain. Une exposition d’œuvres de neuf plasticiens de la jeune génération libanaise et un concert de jazz oriental du groupe Charbel Rouhana ont eu lieu hier, et l’exception libanaise se manifestera dans les prochains jours par des tables rondes, des concerts et des représentations théâtrales, des récitals de poésie et des projections de films sur divers thèmes libanais, avec la participation de cinquante artistes et intellectuels spécialement venus de Beyrouth pour la circonstance, et qui se veulent, à quelques mois du IXe sommet de la francophonie, les témoins du Liban vivant et présent sur la scène mondiale.
Grande journée de la francophonie hier à Paris avec le Liban en vedette du fait qu’il est le pays hôte du IXe sommet de l’OIF prévu en octobre prochain à Beyrouth. Deux événements ont marqué cette journée, à savoir une conférence de presse donnée au Cape (Centre d’accueil de la presse étrangère) par M. Ghassan Salamé, ministre de la Culture chargé des préparatifs...