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Actualités - ANALYSES

L’entente entre les présidents, une affaire de personnes

C’est un fait constant : ce ne sont pas les textes institutionnels mais la bonne volonté mutuelle, pour ne pas dire la sympathie réciproque, qui tissent l’entente entre les présidents. Le regretté Takieddine Solh, homme d’expérience s’il en fut, résumait cette réalité par cette formule : l’accord entre le chef de l’État et le président du Conseil est le fruit de l’âme, pas de l’écrit. C’est ce que souligne à son tour un ancien ministre. Qui déplore que l’âme des dirigeants reste obstinément tournée vers la défense d’acquis particuliers plutôt que de l’intérêt national bien compris. Dès lors, à son avis, il est un peu vain de reprocher les failles aux accords de Taëf, encore qu’ils fussent mal fabriqués en ce qui concerne les équilibres. Selon cette personnalité, le mal vient surtout du manque de confiance, et partant d’harmonie, entre les pôles concernés. Et de rappeler que le pays avait connu des périodes de bonne stabilité quand ses responsables s’entendaient entre eux. Ce fut le cas durant la coopération Béchara el-Khoury-Riad Solh, la situation débouchant sur une révolution blanche quand ils ont commencé à se disputer. Et le régime a été renversé, malgré le pouvoir quasi absolu qu’il détenait et malgré la Chambre qu’il avait fait élire par la triche. De même, ajoute ce vétéran, les choses ont commencé à se gâter sous Chamoun quand il s’est brouillé avec Yafi au sujet du nassérisme. Et il y eut de nouveau une révolution, rouge cette fois. Chehab pour sa part avait su accorder ses violons, sous son mandat, avec tous les chefs de gouvernement qu’il désignait, notamment avec Karamé. Ce fut donc un sexennat tranquille. L’ère Hélou a été plus agitée, à cause de la présence palestinienne et le pays a été privé de gouvernement pendant plusieurs mois, avant la signature de la convention du Caire. Enfin, il y eut la guerre domestique en 75, après l’échec de deux tentatives ministérielles d’Amine el Hafez et de Noureddine Rifaï. À travers ce bref historique, la personnalité citée veut souligner l’importance cruciale de la qualité des relations entre les présidents. Elle rappelle que dans ce pays, le consensus a toujours été une règle indispensable, la preuve étant qu’aucun chef de l’État n’a jamais songé à appliquer à la lettre l’ancienne Constitution. Qui lui donnait le droit régalien de nommer tout seul un gouvernement dans son ensemble, puis d’en désigner le Premier ministre. La pratique suivie était tout à fait différente : le président de la République procédait, par esprit de consensus, à des consultations parlementaires préalables puis nommait un président du Conseil qui formait lui-même, en accord avec lui, le gouvernement. Cependant, il existe une autre certitude : des textes bien faits peuvent canaliser sainement les relations entre les pouvoirs. Et entre leurs détenteurs. L’élément personnel, subjectif ou intéressé, resterait certes toujours important. Mais ne serait plus aussi incontrôlé ni aussi décisif. C’est ce que soulignait, entre autres révisionnistes, le président Hraoui quand il réclamait la refonte de la Constitution pour clarifier les prérogatives respectives des pouvoirs. Et mieux conditionner leurs rapports. En favorisant de la sorte leur harmonie, nécessaire pour la bonne marche de l’État comme du pays.
C’est un fait constant : ce ne sont pas les textes institutionnels mais la bonne volonté mutuelle, pour ne pas dire la sympathie réciproque, qui tissent l’entente entre les présidents. Le regretté Takieddine Solh, homme d’expérience s’il en fut, résumait cette réalité par cette formule : l’accord entre le chef de l’État et le président du Conseil est le fruit de...