Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINIONS

La disparition des télévisions francophones libanaises

Le début du troisième millénaire s’opère à Beyrouth sans chaînes de télévision francophones. En effet, le petit cercle des canaux libanais ne présente plus aujourd’hui de stations francophones. Les nostalgiques de la «C33» et du canal «Le Neuf» ne sont pas près de revoir leurs chouchous réapparaître sur le petit écran. Hormis les «Bonjour Bonsoir» traditionnels et l’éternel «Merci» que nos présentateurs et speakerines ont adoptés unanimement pour un usage obligé, il devient de plus en plus rare d’entendre une phrase, voire un mot, de français sur nos chaînes nationales. «Le public francophone n’est pas fictif», nous dit Najwa Abou el-Hosn, en charge – avant la fermeture de Télé-Liban – du journal télévisé français du «Neuf». «Une bonne part des Libanais aimerait suivre des programmes francophones, l’audimat dont le nombre tournait autour de 300 000 téléspectateurs témoignait bien de l’attrait que créait cette chaîne dans les années de sa diffusion», ajoute-t-elle. Une aide française était prévue pour rajeunir et renforcer le canal. Mais, très vite, le malheureux déclin de la chaîne mère «TL1» n’a fait qu’éloigner les projets de lifting que «Le Neuf» attendait tant. «Il ne s’agit pas seulement de pousser des cassettes dans les machines, nous voulions créer nos propres programmes, aller ver le téléspectateur francophone et même attirer l’attention du Libanais qui ne pratique pas le français», note Abou el-Hosn... Mais les obstacles financiers et le désintéressement involontaire de l’Était libanais ont eu raison des bonnes volontés. Née en septembre 1988, la «C33» a connu un impressionnant succès au début de la diffusion de ses programmes. Cependant, très vite, les nouveaux projets de loi sur l’audiovisuel ont mis un terme aux émissions de la chaîne. Les problèmes économiques forment aussi un obstacle important. Aujourd’hui, on ne songe plus à voir la C33 redémarrer. Du bon usage de la télévision Le remplaçant de ces canaux «suicidés» se paye à dix dollars le mois et habite toutes les maisons libanaises : le dish, le câble ou le satellite... (le terme change selon le vocabulaire de chacun). «La Cinquième», «TV5», «Canal plus», «France 2», «TF1» sont là pour vous servir. Désormais, on n’a plus besoin de chaînes nationales francophones, on a désormais à portée de main – et de télécommande – une poignée de chaînes françaises à la disposition de tous les francophones. Et vive le zapping pour admirer, à quelques secondes de décalage près, la dorure de la coiffure de Julien Lepers ou la manière de pêcher la carpe sur les bords du Rhin ! Le pathétique se confond avec le ridicule, et l’on oublie vite qu’on est libanais francophones et que rien ne nous représente sur le petit écran. Rien, mis à part la «NBN» soucieuse de nous offrir un petit programme, sponsorisé par une entreprise privée, et censé couvrir les événements de cette laborieuse année de la francophonie. Et une année, c’est vite passé. Rien non plus à part les journaux télévisés en langue française de la «Future». L’intérêt des responsables des canaux de télévision au Liban est désormais de plaire à un public qui ne réside pas seulement sur le territoire libanais mais aussi sur une superficie qui s’étend jusque la péninsule arabique, de la Syrie à Dubaï, en passant par l’Arabie séoudite. Même le Yémen n’échappe pas à l’expansionnisme de ces chaînes «satellitaires». Et vendre des programmes francophones à un tel public n’est pas une tâche aisée. Dans les mille et une nuits de l’épopée satellitaire libanaise, tout le problème est là : le marché télévisuel est de plus en plus ciblé vers les pays arabes. Et l’on se dirige vers les gains faciles, matériellement plus attrayants. La véritable richesse pourtant se fait par le biais du métissage. Il est temps que le paysage télévisuel libanais prenne en compte d’autres données. L’objet du débat est à reconsidérer. La télévision est le premier moyen de propagande. Bien gérées, les grilles du petit écran cassent les intérêts personnels et préservent le droit des minorités.
Le début du troisième millénaire s’opère à Beyrouth sans chaînes de télévision francophones. En effet, le petit cercle des canaux libanais ne présente plus aujourd’hui de stations francophones. Les nostalgiques de la «C33» et du canal «Le Neuf» ne sont pas près de revoir leurs chouchous réapparaître sur le petit écran. Hormis les «Bonjour Bonsoir» traditionnels...