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Actualités - OPINIONS

Lettre À un ministre - Faut-il attendre toujours Godot ?

L’homme abuse. La terre, mécontente, étouffe. Et pour calmer le déchaînement de ses éléments, on réplique par un coup médiatique d’une banalité effarante. Pour célébrer la Journée internationale de l’environnement, le ministre se prête au jeu des caméras, en empruntant un autobus pour se rendre à son bureau. Ce n’est pas ce moyen de transport qui va nous assurer un cadre de vie écologique stable et sauver la petite planète libanaise de la sécheresse, de la désertification, de la pollution et des odeurs. Le problème de l’environnement est crucial pour notre avenir. Il concerne la santé de la population et la conservation de nos ressources naturelles, très fragiles. Le début d’une solution est pourtant là, place de l’Étoile, à l’Assemblée, où repose depuis des années un code écologique tout prêt pour sauver ce qui reste encore de ce pays grand comme un mouchoir de poche. Ce projet de loi a un CV : élaboré par des spécialistes et des juristes, il a été approuvé par la Banque mondiale. Il définit le cadre juridique destiné à la mise en œuvre d’une politique nationale pour prévenir ou réprimer toute forme de dégradation, de pollution et de nuisance. Il comprend 102 articles sur la protection de l’ environnement ainsi que sur la gestion des ressources naturelles. Il a été adopté en Conseil de ministres en 1997. Il a dormi en 1998 dans les tiroirs des députés. Puis il a été soumis l’année d’après à la commission parlementaire de l’Agriculture, de l’Environnement et des municipalités. La commission de l’Administration et de la Justice a planché dessus en 2000. Depuis, il attend le feu vert des représentants du peuple. Le plan comporte des dispositions institutionnelles, administratives et techniques. Il se propose de réglementer presque tout ce qui peut avoir rapport à la qualité de vie : paysage, air, eaux, mer, sol et même odeurs. Le législateur propose d’instaurer le principe du «pollueur-payant» et d’interdire formellement toute activité entraînant des effets préjudiciables irréversibles sur les ressources naturelles ou historiques. Un texte qui veut sanctionner les vandales. Des dispositions si généreuses qu’elles semblent donquichotesques dans ce pays où les intérêts privés s’immiscent dans les affaires politiques. Mais l’État ne se targue-t-il pas d’avoir des biceps ? Doivent-ils servir uniquement à mettre notre terre à terre ? À vous d’exhumer le code en question, Monsieur le ministre. On ne peut plus attendre Godot. Ce pays est si petit qu’on est en train de le détruire à une vitesse déconcertante. Tenter de préserver ce qui reste, en vert et contre tous, serait-il une gageure impossible à tenir ?
L’homme abuse. La terre, mécontente, étouffe. Et pour calmer le déchaînement de ses éléments, on réplique par un coup médiatique d’une banalité effarante. Pour célébrer la Journée internationale de l’environnement, le ministre se prête au jeu des caméras, en empruntant un autobus pour se rendre à son bureau. Ce n’est pas ce moyen de transport qui va nous assurer...