Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

Commémoration - Canonisation à Rome dimanche prochain - Rafqa de Himlaya, modèle et intercesseur

L’Église maronite vit désormais au rythme des préparatifs de la canonisation de le bienheureuse Rafqa de Himlaya, qui doit être célébrée à Rome dimanche 10 juin, par le pape Jean-Paul II. Précédant le patriarche Sfeir, qui doit se rendre le 8 juin à Rome, son vicaire, Mgr Roland Aboujaoudé, président de la commission épiscopale des communications spéciales de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques du Liban (APECL), a pris l’avion hier, pour Rome, accompagné du père Abdo Bou Kasm, directeur du Centre catholique d’information (CCI). Parallèlement, des cérémonies religieuses sont prévues au Liban, pour marquer cet événement. Le père Boulos Sfeir, ancien doyen de la faculté de théologie de l’Université Saint-Esprit Kaslik, a préparé un condensé biographique de la vie de la sainte décédée en 1914, à l’âge de 81 ans, et dont les dernières 23 années furent une longue désarticulation progressive du corps. Ces souffrances furent vécues comme autant de moments de communion à la passion du Christ, dans le cadre d’une spiritualité de communion bien attestée dans l’histoire de la sainteté et dont saint Paul avait donné le premier exemple en déclarant : «Je complète en mon corps ce qui manque aux souffrances du Christ, pour son corps qui est l’Église». Née à Himlaya en 1832, Rafqa perd sa mère à l’âge de 7 ans, au cours de la tourmente des événements de 1840-42. Boutroussiyé (Pierrette), de son nom de baptême, s’oriente dès cet âge vers la vie consacrée. À 27 ans, elle réalise son rêve et entre comme postulante dans une congrégation aujourd’hui disparue, celle des mariamettes. Trois ans plus tard, elle prononce ses vœux monastiques. Elle est affectée à l’enseignement. En 1871, à la suite de la fusion de deux ordres monastiques, Boutroussiyé choisit d’entrer chez les moniales de l’Ordre libanais maronite, au couvent de Mar Semaan el-Karn où elle passe trois nouvelles années de noviciat, avant de prononcer ses vœux solennels et de prendre le prénom de Rafqa comme nom de religion. Elle y demeurera 26 ans avant de quitter le couvent en 1897, avec cinq autres moniales, pour fonder une nouvelle communauté monastique au couvent Saint-Joseph, à Jrebta (Batroun), où elle décède le 23 mars 1914. Le dimanche du Rosaire 1885 La demande de la grâce de souffrir en union avec le Christ, point central de la vie et de la spiritualité de Rafqa, date du dimanche du Rosaire de 1885. On en doit le récit à la mère supérieure du couvent, qui le lui demande. «C’était la fête du Rosaire, le premier dimanche d’octobre 1885, rapporte Rafqa. Les moniales voulurent faire une promenade dans les environs du monastère de saint Siméon. Moi, je n’y suis pas allée. Je suis entrée à l’église. Voyant que ma santé était toujours bonne et que je n’avais jamais été malade, je me suis adressée à Dieu en ces paroles : “Mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonnée ? Pourquoi vous éloignez-vous de moi ? Pourquoi vous ne me visitez pas en me donnant la grâce d’endurer des souffrances pour vous témoigner mon amour et participer à votre rédemption du genre humain ? Auriez-vous oublié votre servante ?”». Rafqa a 53 ans au moment où elle formule cette audacieuse prière. On connaît donc très précisément le jour où ces souffrances extraordinaires, et en partie inexpliquées, commencèrent. Elles dureront du premier dimanche d’octobre 1885 au 23 mars 1914, c’est-à-dire 29 ans. L’extraordinaire passion commence le soir même du dimanche du Rosaire par une atroce migraine qui rayonnait vers les globes oculaires. Quelques semaines plus tard, la douleur atteint les yeux. Constatant que l’œil droit est rouge et exorbité et que l’œil gauche est enflammé et troublé, la mère supérieure envoie Rafqa chez un ophtalmologue de Tripoli. Sonde, ponctions auriculaires. Le sang jaillit des oreilles, mais Rafqa ne perd pas un calme surnaturel qui commence à marquer sa conduite. «Maa alamak ya Yassouh». Trois jours plus tard, la plaie s’enflamme, le pus en coule, abondant. Au bout d’un mois, elle rentre au couvent, mais elle ne connaît pas le repos. Ses douleurs s’aggravent de jour en jour. Après ce premier échec, la mère supérieure décide de faire appel à un autre médecin, Youssef effendi Ragi. Celui-ci ausculte Rafqa et constate : «La douleur dont cette moniale souffre des yeux est indescriptible. Le nerf optique est atteint. Sa guérison est impossible». Sur ordre de la mère supérieure, Rafqa est alors envoyée pour hospitalisation à Beyrouth. En chemin, à Byblos, l’un des épisodes les plus dramatiques de son épreuve se produit. Le père Étienne de Bentael lui conseille de se faire ausculter par un médecin américain de passage. Rafqa refuse l’anesthésie locale de l’œil droit, gravement malade, que le praticien veut ausculter. Et avec quoi ? Un bistouri effilé comme un hameçon. Dans un faux mouvement, l’œil est entièrement arraché, sort de son orbite et tombe, encore palpitant, devant Rafqa, qui ne bronche pas. Le sang coule abondamment, mais Rafqa reste tranquille, surnaturelle. «Avez-vous payé au médecin ses honoraires ?», demande-t-elle au père Étienne de Bentael, après le départ du praticien. Dans la nuit, elle ne connaît pas une seconde de repos. Une douleur brûlante, envahissante, l’empêche de dormir. Désarticulée Transférée au couvent Saint-Joseph de Jrebta, le 3 novembre 1897, avec 5 autres moniales, Rafqa avait perdu l’œil droit, et de l’œil gauche, elle ne voyait presque plus. Deux ans plus tard, ce fut la cécité complète. Trois fois par semaine, elle saignait du nez à la suite de très fortes migraines. Lorsqu’on lui demandait : «D’où vient ce sang, dans ce corps devenu tout sec ?», elle répondait : «Dans ma tête, il y a un réservoir de sang, et c’est la cause de mes douleurs». Sa supérieure, mère Ursula Doumit, donna ce témoignage véridique sur ses douleurs atroces causées par sa défiguration : «Peu de temps après notre arrivée au couvent Saint-Joseph de Jrebta, Rafqa se mit à éprouver une douleur indescriptible dans les orteils, jusqu’à ne plus pouvoir se tenir sur ses pieds. Le mal gagnait aussi ses genoux et toutes ses articulations. Son corps devenait de plus en plus maigre et faible. Elle se disloquait sans aucune cause extérieure, gardant le lit. Plusieurs foyers d’inflammation caractérisés par la tuméfaction se déclarèrent. «La hanche droite se déboîta. L’os sorti de sa cavité, recula et se perdit dans son corps. Sa jambe droite se raidit dans toute sa longueur. Elle ne put plus ni la remuer ni la plier. Il en fut de même de la rotule de son genou droit. Bientôt la hanche de sa jambe gauche se déboîta aussi, perça la peau et sortit. Son pied gauche était tordu et tourné vers cette jambe à l’inverse de son pied droit. Si un pied touchait l’autre, il y adhérait très fortement et lorsqu’on les séparait, la peau de l’un d’eux s’enlevait». La mère supérieure Ursula Doumit ajoute : «Une fois, en lui changeant son linge, je saisis son pied droit par les doigts et sa jambe tourna entre mes mains à volonté. Tantôt je retournais les doigts à l’inverse de leur position naturelle, tantôt je plaçais le talon en avant ou à gauche, comme je voulais. Cette jambe était semblable à un roseau entre mes mains; je la tournais et retournais à ma guise et Rafqa était inerte et incapable du moindre mouvement pendant que je tenais sa jambe, la tournant et retournant à droite et à gauche. Soudain, Rafqa sourit et me dit : “Voulez-vous me mettre de nouveaux boulons et remettre chaque membre à sa place et changer la créature de Dieu ?”». Ainsi les douleurs s’aggravaient. La clavicule de son épaule droite avait percé la peau, faisait à l’intérieur une saillie d’environ trois centimètres, s’enfonçant dans le cou. La clavicule gauche était encore disloquée. Une grande cavité s’était ouverte sous son omoplate gauche. Ses mains étaient trop maigres. Son corps devint aride et sec comme un morceau de bois et très léger. Sa peau devint mince. En somme, un squelette à peu près décharné et tous ses membres désarticulés. Aucun membre n’était sain, sauf les articulations de ses mains, dont elle se servait pour tricoter des bas de laine. Seule, elle était incapable de bouger, de se tourner d’un côté ou de l’autre. Elle demeura sept ans couchée dans son lit de douleur et uniquement sur son côté droit. Son épaule ne touchant pas le matelas. Sa tête posée sur son oreiller. En la canonisant en ce début du XXIe siècle, l’Église nous la propose comme modèle et intercesseur. Sainte Rafqa est, d’ores et déjà, patronne des malades, des affligés et des souffrants.
L’Église maronite vit désormais au rythme des préparatifs de la canonisation de le bienheureuse Rafqa de Himlaya, qui doit être célébrée à Rome dimanche 10 juin, par le pape Jean-Paul II. Précédant le patriarche Sfeir, qui doit se rendre le 8 juin à Rome, son vicaire, Mgr Roland Aboujaoudé, président de la commission épiscopale des communications spéciales de...