Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

Un impératif : dépolitiser le débat

Pour vivre dans ce pays, il faut avoir le cœur bien accroché. Car le suspense y est roi. Il ne se passe pas de semaine sans que l’imagination libanaise ensoleillée n’invente un nouveau sujet d’attente anxieuse. Ainsi, on attendait fébrilement hier de savoir ce que le déjeuner des trois présidents avec M. Abdel-Halim Khaddam a pu donner. Et s’il a su les réconcilier. Les résultats de ces agapes conviviales devraient apparaître à la suite d’une réunion Lahoud-Hariri prévue pour décider si le Parlement doit être convoqué en session extraordinaire. Faute de quoi, pas de budget ! L’enjeu est donc tellement important que la publication du décret de convocation paraît inéluctable. Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, certaines sources loyalistes informées reconnaissent que l’on songe, sinon à punir une Chambre qui s’est montrée très irrévérencieuse avec le régime, du moins a en réfréner les ardeurs contestatrices. Ces personnalités indiquent que la tendance est de renvoyer la reprise du débat parlementaire à la semaine prochaine. Le délai devant être mis à profit pour calmer les esprits. Pour que cessent les attaques contre ce qu’on appelle les services. Et que s’apaisent les remous autour des révélations fracassantes de M. Bassem el-Sabeh sur les écoutes téléphoniques. Comme sur les visées d’un pouvoir parallèle non civil. En d’autres termes, il s’agirait de dépolitiser le débat, pour le cantonner à la stricte discussion des chiffres du budget et de la stratégie économique du gouvernement. Ces sources avouent craindre qu’une relance accélérée ne soit marquée par la volonté de certains ministres et députés loyalistes de riposter aux détracteurs du régime comme des services. Ce qui attiserait une empoignade qui commence à avoir des effets redoutables au niveau de la rue. Mais les modérés soulignent qu’un report ne servirait pas à grand-chose s’il n’était mis à profit pour réaliser un nouveau consensus entre les trois présidents. Ils ajoutent que le président du Conseil, après une éventuelle entente avec le président de la République comme avec le président de la Chambre, parlerait seul au nom du gouvernement. Et ferait une déclaration finale apaisante, édulcorant le problème sans l’éluder. C’est le scénario qui semble le plus logique. Car les conflits entre les dirigeants bloquent les institutions et font du tort au pays en affaiblissant une unité intérieure dont il a besoin pour tenir le coup sur le plan économique. Il reste qu’aux termes de l’article 33 C (Constitution) le président de la République ne peut convoquer la Chambre en session extraordinaire qu’avec l’accord du président du Conseil. Si le chef de l’État ne souhaite pas une telle session, la Chambre peut lui forcer la main en présentant une demande votée à la majorité absolue. Mais d’une part, comment cette demande pourrait-elle se faire si la Chambre n’est pas réunie ? Et d’autre part, comment un tel bras de fer ne provoquerait-il pas une implosion politique dans le pays ? À noter enfin que le président de la République et le président du Conseil doivent également s’entendre sur la portée de la session envisagée. En effet, selon des sources informées, le président Lahoud voudrait qu’elle se limite au budget. Tandis que le président Hariri souhaiterait qu’elle lui donne l’occasion de faire voter plusieurs projets de lois appelés à amorcer le redressement économique.
Pour vivre dans ce pays, il faut avoir le cœur bien accroché. Car le suspense y est roi. Il ne se passe pas de semaine sans que l’imagination libanaise ensoleillée n’invente un nouveau sujet d’attente anxieuse. Ainsi, on attendait fébrilement hier de savoir ce que le déjeuner des trois présidents avec M. Abdel-Halim Khaddam a pu donner. Et s’il a su les réconcilier. Les...