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Actualités - CHRONOLOGIES

Vie politique - Abdel-Halim Khaddam a réconcilié les trois présidents - Lahoud recevra demain Hariri et Berry

La question de l’ouverture d’une session extraordinaire de la Chambre sera examinée demain matin, au cours d’un entretien entre le président Émile Lahoud et le chef du gouvernement Rafic Hariri. C’est l’épilogue de la crise provoquée par les vifs débats et échanges qui s’étaient produits à l’Assemblée, la semaine dernière, à l’occasion du débat budgétaire. Le chef de l’État s’était considéré personnellement attaqué, au cours des trois jours de débats, par ses deux principaux partenaires au sein du pouvoir. M. Berry avait lancé plusieurs pointes en direction de M. Lahoud, sans toutefois le nommer. Pour sa part, M. Bassem el-Sabeh, ancien ministre de l’Information de M. Rafic Hariri, avait critiqué l’interventionnisme des officiers gravitant dans l’entourage de M. Lahoud. Il avait également dénoncé les écoutes téléphoniques illicites effectuées par les services de sécurité contre les hommes politiques, y compris le chef du gouvernement et le président de l’Assemblée, et avait mis en garde contre un «projet politique» animé par les militaires. Se sentant directement visé par ces critiques et pour marquer son mécontentement, M. Lahoud avait décidé de ne pas donner son aval à l’ouverture d’une session parlementaire extraordinaire afin de faire adopter le projet de budget de 2001. Le chef de l’État avait même refusé de répondre aux coups de fil de MM. Berry et Hariri, qui voulaient le saluer à son retour de Paris. Le chef de l’État tiendra demain sa réunion de coordination hebdomadaire avec le président de l’Assemblée et abordera avec M. Berry le même sujet. « Délais appropriés » Les sources de la présidence ont précisé hier que «le président de la République n’est pas hostile à l’ouverture d’une session extraordinaire mais souhaite que l’ouverture de cette session se fasse selon les règles constitutionnelles, après consultation avec le chef du gouvernement et dans les délais appropriés». Selon une source informée, la séance extraordinaire de la Chambre sera fixée à mardi prochain, soit une semaine après la date avancée par le président de l’Assemblée. Pour sauver la face , les sources citées ont assuré que «ces dispositions ont été décidées avant la réunion à Baabda avec le vice-président syrien Abdel-Halim Khaddam, qui n’est concerné en rien par cette question». Par ailleurs, il apparaissait clairement hier soir qu’il existait un accord entre les trois présidents pour que les débats qui ont marqué la journée d’hier soient tenus secrets, encore que les entretiens aient été, semble-t-il, «en profondeur». Ces entretiens avaient consisté en une série de trois réunions, en présence du vice-président syrien, la première à Koraytem, la seconde à Aïn el-Tineh et la troisième à Baabda. À sa sortie de l’hôpital, et après s’être rendu au domicile de M. Omar Karamé (voir par ailleurs), le vice-président syrien s’était en effet dirigé vers Beyrouth, où il s’est d’abord rendu au domicile de M. Rafic Hariri. Avec ce dernier, M. Khaddam devait avoir un tête-à-tête de 40 minutes, après une réunion de concertation élargie en présence, côté syrien, de M. Jihad Khaddam, fils du vice-président syrien, et côté libanais, des députés MM. Mohsen Dalloul, Bassem es-Sabeh et Walid Eido. À l’issue de cette première réunion, M. Khaddam s’était dirigé, sans faire de commentaires, à la résidence de M. Nabih Berry, avec lequel il avait eu un tête-à-tête de 75 minutes. À 13h30, les deux hommes avaient été rejoints par le chef du gouvernement et le chef des services de renseignements syriens au Liban, le brigadier Ghazi Kanaan. Direction Baabda Les quatre hommes avaient ensuite pris la direction de Baabda, où ils devaient déjeuner à la table du président Émile Lahoud, avant de s’enfermer pour une longue séance de franche explication, deux heures trente durant, au bureau du chef de l’État. Cette séance, conclue par un échange de baisers d’adieu, devait se prolonger pour les quatre hôtes de Baabda. C’est en effet comme ils étaient venus, en une seule voiture, que les quatre hommes sont repartis, et c’est M. Rafic Hariri qui a reconduit M. Khaddam à Masnaa, à la frontière libano-syrienne. Des entretiens de l’après-midi à Baabda, peu de choses ont filtré. Selon un communiqué de la présidence, ces entretiens ont consisté en «un tour d’horizon des questions régionales, en particulier après les obstacles dressés par Israël face au processus de paix, l’escalade de la violence à laquelle Israël procède dans les territoires israéliens occupés et les menaces israéliennes proférées contre le Liban et la Syrie». «Les avis, conclut la source présidentielle, étaient concordants au sujet de la nécessité de renforcer la cohésion du front interne face aux défis et aux échéances à venir». Pour sa part, M. Hariri a qualifié de «sincères, franches et positives» les délibérations de Baabda , ajoutant que «tout le monde en est sorti soulagé». Quant à M. Berry, il s’est félicité de la «franchise» des débats. Selon une source bien informée, les débats de Baabda ont été marqués par l’intervention très franche du président Lahoud, qui a dénoncé, à travers les débats qui se sont produits à la Chambre, une campagne en règle destinée à ruiner son image publique et à saper le crédit que la visite d’État en France a pu lui valoir, aux yeux des Libanais. MM. Berry et Hariri se seraient défendus énergiquement d’avoir orchestré ces débats, soulignant qu’il n’était pas en leur pouvoir de museler les députés, et invitant le chef de l’État a tendre une oreille attentive à ce qui se dit. De son côté, M. Khaddam se serait fait fort de rappeler aux trois présidents qu’ils représentent le somme de la pyramide du pouvoir, et que leurs positions et la raison d’État doivent prévaloir sur leurs intérêts personnels.
La question de l’ouverture d’une session extraordinaire de la Chambre sera examinée demain matin, au cours d’un entretien entre le président Émile Lahoud et le chef du gouvernement Rafic Hariri. C’est l’épilogue de la crise provoquée par les vifs débats et échanges qui s’étaient produits à l’Assemblée, la semaine dernière, à l’occasion du débat...