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Actualités - ANALYSES

Gouvernement - Les ingérences des services laissent craindre l’avènement d’un État policier - Un régime militaire conduirait le pays à la catastrophe

Va-t-on vers une militarisation du régime dans le pays ? C’est ce que laissent craindre les propos que le député Bassem el-Sabeh a tenus la semaine dernière devant ses collègues de l’Assemblée. Certes, les ingérences des fameux «services» dans la vie politique ne sont pas nouvelles, et tout le monde se souvient encore de l’éclat du Premier ministre Rafic Hariri qui, lors du débat d’investiture, s’était promis de mettre un terme définitif aux abus enregistrés notamment au niveau de l’écoute téléphonique. Mais, apparemment, M. Hariri demeure impuissant à régler le problème. Pis encore, à en croire M. Sabeh, l’un des responsables de ces services aurait confié à des journalistes que l’état d’urgence et le recours à un cabinet de militaires seraient une solution à envisager en vue de sortir le Liban de l’ornière. Du reste, le député n’est pas le seul à tirer la sonnette d’alarme. En effet, dans son document publié il y a environ trois semaines, la Tribune démocratique avait mis en garde contre «la transformation du Liban en un État policier foulant au pied la démocratie et les droits de l’homme dans le pays». Et de lancer dans ce sens un appel au respect des libertés publiques consacrées par la Constitution. En tout état de cause, le conflit opposant aujourd’hui la classe politique aux services de sécurité provoque l’inquiétude des Libanais qui se soucient de leur vie au quotidien et de l’avenir de leur nation. Ils savent en effet que les réserves de la Banque centrale ne sont pas inépuisables et qu’il y a risque qu’elle ne soit plus en mesure de soutenir la livre. La catastrophe sociale serait alors inéluctable et la proclamation de l’état d’urgence ne ferait qu’aggraver encore plus la crise. Car la faim fait fi de toutes les barrières confessionnelles ou autres, et les Libanais finiront par s’unir contre le pouvoir. Même si à la faveur de l’état d’urgence, les manifestations étaient interdites, personne, en revanche, ne pourrait empêcher le peuple d’observer une grève ouverte dont les conséquences sont toujours imprévisibles. Mais il y a pire encore : si un cabinet de militaires venait au pouvoir, il est évident que les capitaux dans le pays seraient aussitôt transférés à l’étranger, donnant ainsi le coup de grâce à l’économie nationale. Or, il n’est pas nécessaire d’être expert financier ou économique pour savoir que la BDL ne peut à elle seule assumer le soutien à la livre et que le facteur confiance est essentiel dans ce cadre. Dans un tel contexte de crise, un changement de gouvernement serait une erreur fatale, selon une source bien informée. En effet, le cabinet Hariri doit pouvoir appliquer jusqu’au bout sa politique de redressement économique et nul n’a encore le droit de lui demander des comptes. La même source estime que ceux qui s’emploient à provoquer la chute du gouvernement actuel craignent pour leurs privilèges. Rien ne saurait les dévier de leur stratégie, même pas un éventuel effondrement du pays. Or c’est aujourd’hui que leurs intérêts sont le plus menacés dans la mesure où le gouvernement compte entreprendre au plus vite le train de privatisations tout en continuant à licencier les employés surnuméraires. Certes, de l’avis de tous les experts financiers et économiques, le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé mène depuis sept ans une politique très sage qui a permis à la livre de conserver sa stabilité. Mais cet atout reste insuffisant. De fait, selon le ministre des Finances Fouad Siniora, il faut à tout prix éviter au pays des tensions qui seraient préjudiciables à son avenir économique. D’où, estime-t-il, la nécessité de promouvoir le dialogue. Si d’aucuns parmi les Libanais sont persuadés que le gouvernement Hariri est arrivé trop tard pour juguler la crise économique et financière, d’autres prônent en revanche un effort de solidarité entre toutes les factions politiques et économiques du pays de manière à épauler le pouvoir dans sa tentative de régler la crise.
Va-t-on vers une militarisation du régime dans le pays ? C’est ce que laissent craindre les propos que le député Bassem el-Sabeh a tenus la semaine dernière devant ses collègues de l’Assemblée. Certes, les ingérences des fameux «services» dans la vie politique ne sont pas nouvelles, et tout le monde se souvient encore de l’éclat du Premier ministre Rafic Hariri qui,...