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Actualités - CHRONOLOGIES

Parlement - La liste des espionnés dévoilée par Sabeh crée le scandale - Berry somme le gouvernement de s’expliquer - sur les écoutes avant l’adoption du budget

La sixième séance du débat budgétaire – une nocturne – fera date. Certainement. Pourquoi ? Pas à cause, à proprement parler, de Bassem el-Sabeh, qui a lâché un gros, très gros pavé dans la mare politique. Non. L’événement sera surtout les conséquences de son acte. Parce que le très haririen député de Baabda n’aura jamais, de son propre chef, décidé de lire en place publique sa liste des personnalités dont certaines communications téléphoniques ont été espionnées, écoutées, enregistrées. Et de créer le scandale, en mettant le doigt sur une des plus grosses plaies du Liban : ses services de renseignements. Qui l’a donc entraîné à le faire ? Le Premier ministre ? Rafic Hariri n’aurait pas pu ne pas prévoir ces conséquences-là. Mais qui d’autre lui aurait-il demandé de le faire ? Une tierce personne ? Et cette distribution des rôles, un jeu auquel s’amusent généralement beaucoup les élus de la troïka, n’a-t-il pas cette fois-là, à cause notamment des interventions de Omar Karamé, complètement échappé à ses instigateurs ? Ou bien, tout était programmé ? La grosse colère de Nabih Berry, sa mise en demeure adressée au chef du gouvernement, la sortie et la «déprime» de Rafic Hariri... Une déprime, selon son entourage, due à la bombe Sabeh. Une déprime, selon la majorité des parlementaires croisés par L’Orient-Le Jour, due à la question posée et reposée inlassablement par Omar Karamé à Bassem el-Sabeh : «Mais d’où as-tu donc pu avoir toutes ces informations ?» Sauf que, malgré toutes les apparences, il semblerait que l’axe Hariri-Berry, même si non exempt de soubresauts, serait en train de prendre de plus en plus de poids. Un axe dirigé contre ce que l’on pourrait résumer par la militarisation. Bassem el-Sabeh est le second à intervenir. Il reproche à Rafic Hariri de ne pas avoir écouté les nombreux conseils amicaux qui l’avaient exhorté à ne pas accepter la présidence du Conseil, il y a de cela sept mois. Dénonçant tous ceux qui parient sur l’effondrement du Liban comme sur l’installation d’un régime militaire que dirigeraient les SR. «Dont un des pontes aurait annoncé à un journaliste qu’un gouvernement de rechange est prêt, et qu’un état d’urgence pourrait régler tous les effondrements», a précisé Bassem el-Sabeh. Et s’en prenant, avec une virulence jamais déguisée, tant à ces SR qu’à tous les fantômes possibles et imaginables qui ont sévi «ces trois, même ces cinq dernières années», ainsi qu’à la pensée unique (sur la vision et l’analyse des relations libano-syriennes, des fermes de Chebaa, de l’espace du dialogue national, etc.), il dresse sa liste des espionnés, et l’hémicycle en prend un sacré coup. Parce que le sujet de chaque conversation écoutée a été donné en détail. Une liste longue, parmi laquelle on retrouve les noms de Sélim Hoss, Omar Karamé, Élias Hraoui, Nabih Berry, Issam Farès, Nassib Lahoud, Nayla Moawad et... «Élie Ferzli avec sa femme», conclut le bouillant député. «C’est la conversation la plus dangereuse», commente Nabih Berry. Et au moment où Omar Karamé interrompait à plusieurs reprises Bassem el-Sabeh pour lui demander de dévoiler ses sources, c’est-à-dire au moment où Michel Murr faisait son entrée dans l’hémicycle, le président de la Chambre intervient. «J’avais mis en garde contre tout cela. Les écoutes sont indispensables pour un pays soucieux de sa sécurité. Sauf qu’il y a écoutes et écoutes. Voilà pourquoi nous avions légiféré, il y a quelques mois. Sauf que n’importe quelle personne légèrement fortunée peut aujourd’hui espionner. Il faut régulariser cela». Hariri à Hraoui : «Personne n’est au-dessus des lois» Et à la fin du discours, applaudi par tout l’hémicycle, de Bassem el-Sabeh, Nabih Berry interpelle Rafic Hariri, qui souriait, grandement : «Je crois que tout cela fait plus pleurer que rire. Vous vous êtes engagés à amender la loi sur les écoutes si besoin était». Hariri : «Stop. J’avais demandé à parler, et vous n’aviez pas voulu que le gouvernement intervienne pendant le débat. Je rappelle que la loi stipule qu’aucune écoute ne peut être faite sans l’accord du Premier ministre. Et je déclare en ce lieu que j’ai refusé catégoriquement toute surveillance illégale contre qui que ce soit. Et si ce qui a été dit est vrai, eh bien c’est un crime». Berry, qui commence à sortir de ses gonds : «Mais qu’est-ce que tu me racontes ? Dis-moi plutôt ce que vous comptez faire». Husseini : «Où peut-on trouver ces dispositions pénales ?». Hariri : «Tout le monde s’imagine que ces informations viennent de moi. Ce n’est pas vrai. Je les ai écoutées comme vous». Berry : «Je crois qu’il faudra enquêter avec Bassem el-Sabeh». Hariri : «C’est possible». Berry : «J’ai l’impression que l’on va mettre la main sur la victime et non sur le criminel. Je pose une question : tout ceci tombant sous le coup de la loi, que compte faire le gouvernement ? Le gouvernement est responsable devant nous». Hariri : «Je ne peux pas y répondre pour l’instant, je pourrais le faire dans les prochains jours». Berry : «Avant l’approbation du budget !» Moawad : «Ceci demande une séance plénière pour débattre sur les écoutes». Berry : «Ni plénière ni privée. Je voudrais entendre une réponse claire de la part du gouvernement sur les mesures qu’il compte prendre». Et le coup de colère, à ce moment-là, d’un Rafic Hariri furieux à l’encontre d’un Khalil Hraoui plus que souriant, fera, elle aussi, date : «Celui qui ose mettre sous surveillance le téléphone du Premier ministre n’a pas à rire. S’il y a des gens qui s’imaginent qu’ils sont au-dessus de la loi, eh bien ils ne le sont pas». Et il est sorti. Un mot, en conclusion, sur les autres intervenants : Atef Majdalani, qui a parlé santé, Michel Murr, qui s’est limité aux chiffres, Akram Chehayeb, qui a évoqué l’UL, ainsi que Kassem Hachem et Sélim Saadé.
La sixième séance du débat budgétaire – une nocturne – fera date. Certainement. Pourquoi ? Pas à cause, à proprement parler, de Bassem el-Sabeh, qui a lâché un gros, très gros pavé dans la mare politique. Non. L’événement sera surtout les conséquences de son acte. Parce que le très haririen député de Baabda n’aura jamais, de son propre chef, décidé de lire en...