Liban-avant-tout

Un titre-slogan dit de lutte, très répandu. Dans ma moitié. De rue. Un pamphlet abrégé. Qui offre l’avantage, appréciable, de n’être pas censurable. Mais qui est au fond parfaitement discutable. Parce que Liban-avant-tout, quoi ? Avant l’individu, nombril de l’univers, tel qu’au jour le jour il s’avilit et s’abolit ? Avant la vie telle qu’en elle-même la mort l’embellit ? Avant le pain quotidien, avant le saint chrême ? Avant Kuneitra, avant Ispahan, avant Jérusalem ? Cernés et concernés, j’étouffe chez toi, tu étouffes chez moi, sous les vérités premières qui s’alternent. Comme un convoi de wagons-citernes. Arabité, libanité, solidarité anti-israélienne, souveraineté antisyrienne... Tant et plus de balivernes. Des étendards flamboyants, j’en ai soupé, toi aussi, et ça ne nourrit pas son homme. D’aujourd’hui ou de naguère, ni avant, ni pendant, ni après la guerre. Allons, ensemble, droit au but. Ou au rebut. De crise. En avant toute, le Liban avant tout a besoin de devises. Pas d’une devise. À soi, aussi simple, aussi belle qu’elle soit.