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Actualités - CHRONOLOGIES

Communautés - Jean-Yves Calvez, Giorgio Filibeck et Bernard Porte invités par le mouvement « Justice et Amour » - La doctrine sociale, « trésor caché » de l’Église catholique

Il en était temps. «Trésor caché», méconnu, négligé , la doctrine sociale de l’Église méritait d’être bien présentée et mise en valeur. Le mouvement Justice et Amour, regroupant quelques grands noms de la vie religieuse au Liban, a décidé de passer à l’action. L’association qui s’est dévouée à la propagation de cette doctrine a organisé à Kaslik un colloque international sur ce thème, en présence de quelques figures majeures dans ce domaine comme celles du jésuite P. Jean-Yves Calvez, du Dr Giorgio Filibeck, du Conseil pontifical Justice et Paix et de M. Bernard Porte, qui est intervenu sur les «Semaines sociales de France, depuis le début du siècle». La doctrine sociale de l’Église est cette partie de l’enseignement de l’Église qui porte sur la sphère de la vie publique, la politique, l’activité économique. C’est presque la vie toute entière, puisque pratiquement la vie entière est relation. Aujourd’hui, cette doctrine sociale est amenée à réfléchir aussi bien sur l’environnement que sur les droits de l’homme et leur violation. Comme le dit encore Mgr Antoine-Nabil Andari, vicaire patriarcal maronite, dans son introduction au colloque, «l’enseignement social de l’Église se présente comme une confrontation permanente de toutes les réalités vécues dans la société, avec la lumière de l’Évangile, en vue d’établir plus de justice et de paix entre les hommes, selon la volonté et le dessein d’amour du Créateur». L’entreprise, une communauté Le colloque s’est ouvert sur une conférence du P. Calvez, qui a porté sur l’évolution et l’importance de l’enseignement social de l’Église au XXe siècle. Selon le P. Calvez, le XXe siècle a vu s’imposer, avec une clarté sans précédent, certains principes fondamentaux de cette doctrine sociale. «L’un des grands pas de l’enseignement social catholique, dit-il, fut la prise de conscience du fait que l’entreprise, simple société de capitaux ou de capitalistes jusque-là, est, fondamentalement, une association de personnes, une communauté». Vatican II en a déduit l’obligation d’une véritable cogestion touchant tout dans l’entreprise, ajoute Calvez, avant de noter que la réflexion se déplace aujourd’hui de la vie des entreprises, «vers les décisions du capital», les institutions financières et bancaires, ou encore les Bourses de valeurs, instances véritables où se prennent les décisions économiques et sociales. Autre «grand moment» du développement de la doctrine sociale, celui de l’accession à l’indépendance du tiers-monde et de la question du développement. Paul VI, avec son encyclique sur le développement des peuples, contribuera énormément à la diffusion de cet enseignement. «Par son appel, le pape lancera un grand nombre de jeunes sur les routes du tiers-monde, pour donner une année ou deux de leur vie à l’aide sur le terrain dans l’entreprise du développement». Paul VI, souligne le P. Calvez, a réussi à faire du développement une affaire de «réponse à la vocation de l’homme, à l’appel que Dieu lui adresse à croître, à jouer sa vie pour devenir plus homme et pour servir ses frères». Dans ce contexte, il fut amené à poser une grande règle sur la liberté des échanges. Cette règle ne pouvait, selon lui, «régir à elle seule les relations internationales», et ses avantages n’existent que lorsque les deux partenaires économiques sont d’égale puissance. C’est que, comme le dit en conclusion le P. Calvez, «nous ne devons pas voir les choses de cette manière déductive : il y a un enseignement social, puis le chrétien de bonne volonté essaie de s’y conformer. Il y a en fait d’abord le social même, avant l’enseignement social : le social au sens large de l’homme en relation avec Dieu». «Avec Jean-Paul II, ajoute le P. Calvez, l’Église redevient plus consciente de la dimension politique très importante de l’enseignement social de l’Église. Cet enseignement ne concerne pas que l’économique (…). Jean-Paul II a commencé par poser des affirmations très fortes sur les droits de l’homme, avec une priorité significative pour la liberté religieuse, protection du plus intime de l’homme. Des affirmations très remarquées aussi sur les droits des cultures, les droits des nations». La doctrine sociale au Liban L’une des originalités du colloque a été de mettre en évidence l’apport des Églises du Liban à la mise en œuvre de la doctrine sociale de l’Église. Les PP. Louis Khawand, Georges Baliki et des représentants du mouvement Justice et Amour, M. Michel Aouad et Sr Yolla Nasr ont tour à tour exposé la dimension sociale de l’enseignement des communautés dans les diverses églises locales, notamment l’Église maronite et l’Église grecque-catholique, l’assemblée des patriarches et évêques catholiques et le conseil des patriarches d’Orient. Le P. Louis Khawand évoquera la figure du patriarche Hoayek qui, durant la Première Guerre mondiale, «a ouvert toutes grandes les portes de Bkerké et Dimane aux pauvres et aux affamés», ainsi que celle d’autres patriarches qui n’ont pas hésité à donner de leurs personnes et de leurs biens pour aider des membres de leurs communautés. Sait-on que le patriarche Arida ira jusqu’à vendre sa croix pectorale pour le faire ? Plus fondamentalement, Mgr Samir Mazloum, président du mouvement Justice et Amour, a souligné que c’est le Concile libanais de 1736 qui a imposé dans la communauté chrétienne le principe de l’enseignement obligatoire et gratuit dans les écoles catholiques. Sur le plan économique, l’Église devait promouvoir le principe de l’association qui jouera un rôle primordial sur le plan du développement agricole. Le P. Georges Aboujaoudé, provincial des pères lazaristes en Orient, a critiqué l’application bancale du principe du «développement équilibré des régions, appliqué sélectivement aussi bien au niveau des régions qu’au niveau des castes sociales». M. Youssef Kamal el-Hajje réclamera pour sa part «une pastorale plus vigoureuse de l’Église dans la défense des droits de l’homme», tandis que M. Joseph Donato, fondateur de l’Office de développement social, parlera de l’expérience des années 1960-70. Avec M. Joseph Farah, ce sera le rôle de Caritas-Liban qui sera évoqué, tandis que Sr Antoinette Bassil, le Dr Georges Sfeir, M. Henri Cremona et M. Samir Abdel Malek apportaient chacun leur contribution à ce colloque de haut niveau, qui a constitué une première dans la vie de l’Église locale.
Il en était temps. «Trésor caché», méconnu, négligé , la doctrine sociale de l’Église méritait d’être bien présentée et mise en valeur. Le mouvement Justice et Amour, regroupant quelques grands noms de la vie religieuse au Liban, a décidé de passer à l’action. L’association qui s’est dévouée à la propagation de cette doctrine a organisé à Kaslik un...