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Actualités - CHRONOLOGIES

Rem Viakhirev, un dinosaure - de l’industrie gazière

Rem Viakhirev, écarté mercredi de la direction de Gazprom, a régné en patriarche sur le géant du gaz russe pendant une décennie, mais il était affaibli ces temps derniers par une série d’affaires compromettantes. Le Kremlin a décidé de le remplacer par un réformateur, le vice-ministre de l’Énergie Alexeï Miller, mais Viakhirev devrait partir en douceur, recevant en guise de consolation la présidence du conseil d’administration du groupe. Viakhirev, 66 ans, a été «un pionnier de l’industrie gazière, parti dans le Grand Nord à la recherche du flux bleu comme l’ont fait les chercheurs d’or», relève un de ses collaborateurs. Il a été «nourri au gaz» et a grimpé un à un les échelons sibériens, avant de se retrouver numéro deux du ministère soviétique du Gaz. En 1992, le petit homme bourru, diplômé ès explorations pétrolières et gazières de l’institut Kouïbychev, prend la tête de Gazprom : Viktor Tchernomyrdine lui cède son fauteuil pour devenir bientôt Premier ministre. Les deux hommes sont les «pères» du géant gazier qu’ils ont créé en 1989 sur les décombres du ministère du Gaz, puis qu’ils ont partiellement privatisé. Au sein de Gazprom, on le surnomme «le paternel». Il «fait régner une discipline de fer» et contrôle personnellement chaque décision, relève le mensuel économique Kariera. La première société russe, qui brasse 17 milliards de dollars par an, devient un «État dans l’État». Propriétaire d’un empire médiatique et bancaire, assurant des fonctions sociales que l’État a délaissées, l’influence du groupe sur les gouverneurs et les électeurs russes est considérable. Et si Gazprom ne paie pas toujours ses impôts, Viakhirev impose nombre de décisions au gouvernement. En contrepartie, «l’argent du monopole sauvera plusieurs fois le régime de Boris Eltsine», rappelle l’économiste Mikhaïl Deliaguine. Mais Vladimir Poutine arrive au Kremlin en mars 2000. Il veut reprendre le contrôle du géant russe, assure que l’heure de la «transparence» a sonné pour les entreprises et promet d’ouvrir le secteur gazier à la concurrence. Or Viakhirev considère Gazprom comme «son fief». Il n’accepte de jouer que «selon ses propres règles» et dirige le groupe «comme un seigneur féodal», souligne le politologue Iouri Korgouniouk. Parfait représentant de la vieille garde rouge industrielle, sa gestion est particulièrement opaque et contestée par les investisseurs. L’homme ressent en outre «comme une attaque personnelle» tous les projets de réforme, qu’il a toujours su repousser, note un de ses partenaires occidentaux. Le «jeune loup» libéral Boris Nemtsov, alors premier vice-Premier ministre, s’y était notamment cassé les dents en 1997. Mais la puissance de Viakhirev va s’éroder: en un an, une série de documents compromettants vont sortir, des dossiers ayant pour nom Itera ou Stroïtransgas, grâce auxquels des dirigeants du groupe se seraient fait des fortunes. Des actifs du groupe auraient été détournés, parfois rachetés pour quelques kopecks par des entreprises privées dont les actionnaires s’avèrent être des proches des dirigeants de Gazprom. Le nom de la fille de M. Viakhirev revient à plusieurs reprises. Ces accusations, balayées négligemment d’un revers de main par M. Viakhirev, étaient d’autant plus embarrassantes que l’empereur du gaz n’est pas parvenu à stopper la dégradation de l’industrie gazière et la chute de la production.
Rem Viakhirev, écarté mercredi de la direction de Gazprom, a régné en patriarche sur le géant du gaz russe pendant une décennie, mais il était affaibli ces temps derniers par une série d’affaires compromettantes. Le Kremlin a décidé de le remplacer par un réformateur, le vice-ministre de l’Énergie Alexeï Miller, mais Viakhirev devrait partir en douceur, recevant en...