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Actualités - CHRONOLOGIES

Liban-France - Réunion politique positive avec Jospin - Visite réussie du président Lahoud, malgré certains désaccords

Au deuxième et dernier jour de la visite d’État en France du président Émile Lahoud, trois éléments ont confirmé hier la nette réussite de ce voyage malgré certains points de désaccord, et montré dans les faits à quel point ce déplacement était nécessaire pour remettre les pendules à l’heure entre Paris et Beyrouth. Le premier de ces trois éléments est la teneur de la principale réunion politique de la journée. Celle qui a groupé trente minutes durant, en fin de matinée à Matignon, le chef de l’État libanais et le Premier ministre Lionel Jospin. Étaient également présents, du côté libanais, le vice-président du Conseil, M. Issam Farès, le ministre des Affaires étrangères, M. Mahmoud Hammoud, et le directeur des affaires politiques au palais Bustros, M. Naji Abi Assi. Aux côtés du Premier ministre français, se trouvaient le ministre de la Coopération et de la Francophonie, M. Charles Josselin, l’ambassadeur de France au Liban, M. Philippe Lecourtier, et le directeur de la section Moyen-Orient du ministère des Affaires étrangères, M. Yves Aubin de la Messauzière. Après un préambule fait de mots de bienvenue et de phrases protocolaires de circonstance, M. Jospin a réaffirmé le soutien de la France au Liban dans ses efforts visant à réaffirmer sa présence et à rétablir sa situation économique. Le président a reçu l’assurance que la France se sentait «une responsabilité particulière vis-à-vis du Liban», a affirmé M. Josselin. Entre les deux hommes, le couvant est bien passé, a-t-on indiqué à Paris. Rappelant que la France s’est toujours interdit la moindre immixtion dans les affaires intérieures libanaises, le chef du gouvernement français a estimé que seule l’autorité libanaise doit prendre les options adéquates pour le relèvement du pays. Évoquant le sommet francophone de Beyrouth, M. Jospin s’est félicité des préparatifs et a ajouté, sur un autre registre, que l’Europe doit jouer un rôle principal dans la réactivation du processus de paix au Moyen-Orient, où la situation est, a-t-il dit, explosive. Après avoir rappelé les progrès réalisés par le Liban dans le domaine du respect des droits de l’homme, de l’arrêt de la violence et du renforcement de la démocratie, M. Jospin a indiqué que la France en est rassurée et qu’elle suit de près ces progrès. Appel à l’Europe Il a souligné le rôle prépondérant du président Lahoud dans le rétablissement de la situation au Liban, notamment par le renforcement de l’unité des diverses composantes du peuple libanais et le relèvement de l’économie. Après avoir remercié son hôte pour son accueil et ses propos, le président libanais a rappelé la difficulté de la situation dans le pays et dans la région, situation qui s’est aggravée, a-t-il dit, depuis l’arrivée au pouvoir d’Ariel Sharon. Il devait ensuite développer les arguments du Liban en relation avec le conflit libano-israélien, dans le contexte du blocage du processus de paix dans l’ensemble de la région. Le président Lahoud a ensuite lancé un appel à l’Europe pour qu’elle joue un rôle plus grand dans la recherche d’une solution dans la zone, expliquant au passage les raisons pour lesquelles l’armée n’a pas été déployée en masse à la frontière et insistant pour qu’un règlement juste et équitable intervienne à cet égard. Reprenant la parole, le chef du gouvernement français a refait l’historique du dialogue israélo-palestinien, rappelant les positions de chacune des deux parties et souhaitant que des bases soient trouvées pour que le processus de paix avance et que la paix soit réalisée. La France agit à tous les niveaux, a ajouté le Premier ministre, qui a rappelé que Paris multiplie ses contacts avec diverses parties concernées par la crise du Moyen-Orient, notamment avec MM. Sharon, Arafat, le roi Abdallah de Jordanie qui se trouvaient en France récemment, le président Lahoud lui-même et le président Bachar el-Assad, attendu sur les rives de la Seine fin juillet. Il a par ailleurs estimé que le projet de règlement jordano-égyptien et le rapport Mitchell pourraient constituer une plate-forme de négociations, souhaitant parallèlement que la politique de la nouvelle Administration américaine se clarifie et que le rôle européen s’accentue. Il a enfin réaffirmé le soutien de la France au Liban et l’aide qu’il apporte à notre pays dans divers domaines. Au cours du déjeuner qui a suivi cette réunion, le président Lahoud et son hôte ont poursuivi la discussion et le chef du gouvernement français a souligné les progrès réalisés par le Liban dans divers domaines, notamment celui du respect des libertés fondamentales. Au sujet de la prochaine visite à Paris du président Assad évoquée par M. Jospin, le président libanais a rappelé la similitude des positions du Liban et de la Syrie et souligné l’aide apportée par Damas au Liban, notamment pour le rétablissement de l’ordre dans le pays et la réunification de l’armée. Le chef du gouvernement français a enfin souhaité l’intensification de la coopération franco-libanaise, notamment dans le domaine des échanges commerciaux et de l’économie en général. Le deuxième élément illustrant le succès de la visite du président Lahoud est le soutien massif des Libanais de France qui, ignorant les appels des mouvements d’opposition pour le boycott des réceptions organisées dans le cadre du voyage présidentiel, se sont rendus en masse aussi bien à la réception de la mairie de Paris qu’à celle du Pré Catelan. À l’Hôtel de Ville ils étaient plus de mille et à la réception du soir ils étaient environ deux mille qui ont tous réservé le meilleur accueil au président de la République. La troisième expression de la réussite du voyage était en fait la teneur du discours du maire de Paris (lire par ailleurs), qui n’a pas manqué d’exprimer l’estime de la France et du peuple français à l’égard du Liban, de réaffirmer la confiance de la France en l’avenir du Liban et appelant les Libanais de Paris à considérer la capitale française comme étant leur ville puisqu’ils en sont une des composantes. Le mot du président Lahoud, en réponse à l’allocution du maire de Paris, a confirmé l’intensité des relations franco-libanaises et rétabli le climat de confiance et de sérénité qui a toujours caractérisé ces relations et qui avait connu durant ces dernières années certaines turbulences. Mais le bon déroulement de cette visite n’a pas dissipé certains désaccords concernant le déploiement de la troupe au Sud et le statut des hameaux de Chebaa.
Au deuxième et dernier jour de la visite d’État en France du président Émile Lahoud, trois éléments ont confirmé hier la nette réussite de ce voyage malgré certains points de désaccord, et montré dans les faits à quel point ce déplacement était nécessaire pour remettre les pendules à l’heure entre Paris et Beyrouth. Le premier de ces trois éléments est la teneur...